Montréal, le 7 novembre 1998
Numéro 24
 
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COUP D'OEIL SUR L'ACTUALITÉ
 
 
  
     Un autre chiffre pour faire s'étouffer ceux qui prétendent que l'État a été « démantelé » au Québec avec les quelques récentes coupures: selon l'économiste Carlos Leitao de la Banque royale du Canada, les dépenses du gouvernement provincial comptent pour 26.7% du PIB de la province, contre 17.7% seulement en Ontario.  
  
 
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     C'est maintenant officiel: le gouvernement fédéral américain a enregistré un surplus de 70 milliards de dollars pour l'année fiscale 1998. Le Trésor n'avait pas équilibré ses revenus et dépenses depuis 1969.  
 
  
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     Avec l'obtention de 48% des voix au premier tour et le désistement de ses principaux adversaires, Joe Clark est à toutes fins pratiques redevenu chef du Parti progressiste conservateur, quinze ans après avoir été délogé de ce poste par Brian Mulroney. Il a de nouveau condamné la proposition de Preston Manning d’unifier les forces de droite canadiennes contre le Parti libéral de Jean Chrétien. Une conférence sur ce projet d'« Alternative unie » doit avoir lieu en février prochain. Selon M. Clark, ce projet – auquel le premier ministre conservateur albertain Ralph Klein a donné son appui – n'est qu'une création du Parti réformiste qui n’ira nulle part.  
   
  
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     Winnipeg est devenu la première grande ville canadienne à élire un maire ouvertement homosexuel, Glen Murray. Malgré les menaces d'enfer et de damnation de la part de preachers fondamentalistes locaux, l'orientation sexuelle de M. Murray n'a pas été un facteur important dans la campagne.  
 
  
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     L'Union des Municipalités du Québec a publié un sondage sur l'opinion des maires de la province à l'égard des gestes posés par le gouvernement péquiste dans le milieu municipal au cours de son dernier mandat. Près des deux-tiers des répondants sont insatisfaits du gouvernement et pour plus de la moitié, cette insatisfaction découle de ce que Québec est perçu comme trop interventionniste. « Quand on considère les dérapages nombreux en matière de fiscalité, le carcan administratif imposé par une bureaucratie tâtillonne et une lourde réglementation, il n'est pas étonnant de constater que les maires en ont soupé de la façon avec laquelle le gouvernement actuel et ceux qui l'ont précédé traitent les municipalités et qu'ils souhaitent que Québec revoit ses façons de faire avec nous. » a expliqué le président de l'UMQ, Mario Laframboise.  
  
 
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     Le syndicaliste Michel Chartrand, 81 ans, fera la lutte au premier ministre Lucien Bouchard dans son comté de Jonquière comme candidat indépendant. M. Chartrand, qui s'est surtout fait connaître par son discours anticapitaliste démagogique et son langage coloré, est membre du RAP, le Rassemblement pour une alternative politique. Ce groupe d'extrême gauche a toutefois décidé de ne pas se transformer en parti politique au printemps dernier. En 1958, Michel Chartrand portait les couleurs du Parti socialiste démocratique dans le même comté. Il dit devenir furieux quand le premier ministre parle de déficit zéro car selon lui, « c’est une absurdité, un programme pour les financiers de Wall Street ». 
 
 
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     Statistique Canada a annoncé que le nombre d'homicides au pays a diminué de 9% de 1996 à 1997 pour atteindre son plus bas niveau depuis 1969. La même tendance à la baisse s'observe partout en Amérique du Nord. 581 personnes ont été victimes de meurtres, dans la très grande majorité des cas aux mains de personnes qu'elles connaissaient. Seulement 13% des victimes ont été tuées par des étrangers. La ministre de la Justice Anne McLellan a déclaré que son projet controversé d'enregistrement des armes à feu, dont le but premier est supposément de réduire le nombre d'homicides, gardait malgré tout son utilité. 
 
 
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     Malgré la campagne de dénigrement unanime des parlotteux médiatiques, Pierre Bourque a été réélu à la mairie de Montréal avec 45% des votes, suivi de Jacques Duchesneau avec 27%, Michel Prescott, 14% et Jean Doré, 10%. M. Bourque dirigera également un conseil municipal majoritaire, ayant fait élire 39 de ses candidats au poste de conseiller sur une possibilité de 51.  
 
 
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     Les électeurs de cinq États américains ont approuvé, lors de référendums tenus en même temps que les élections de mi-mandat, diverses mesures visant à permettre l'utilisation de la marijuana à des fins médicales.  
  
  
  
  
 
  
 
 
NOUVELLES BRÈVES 
 
 
 
  PÈRE NOËL, PÈRE NOËL,
APPORTE DES BÉBELLES
 
 
          La campagne électorale provinciale se déroule de façon prévisible du côté du Parti québécois, une annonce de distribution de cadeaux n'attendant pas l'autre. Ces derniers jours, on a ainsi appris que Lucien Bouchard récompensera ses bons soldats chez les parasites culturels si son gouvernement est réélu. Les artistes québécois de la chanson, du cinéma et du théâtre se verront en effet octroyer 37 milllions $ de plus, au cours des prochaines années, par le biais de programmes de « soutien » à la production et d’« aide » à des organismes culturels. 
 
          Un gouvernement du Parti québécois versera également 95 millions $ aux régions du Québec (traduction: prendra 95 millions $ aux citoyens des régions du Québec pour le leur redonner ensuite en leur faisant croire que c'est grâce à la compassion et la solidarité péquistes) par le biais de diverses mesures de « soutien au développement régional ». Bouchard a aussi annoncé la constitution d'un Fonds de diversification économique doté d’une enveloppe de 50 millions $ sur quatre ans. Un fonds qui s'ajoutera aux dizaines d'autres qui aident à maintenir le chômage au-dessus des 10%.  
  
          Le premier ministre a enfin a annoncé qu’il étendrait le programme de garderies étatisées à 5$ à tous les enfants de moins de cinq ans, « une annonce immédiatement accueillie avec enthousiasme par les parents et le milieu », nous dit la Presse canadienne. « C’est le programme de garderies le plus généreux en Amérique du Nord », a-t-il déclaré, s’engageant du même coup à geler les frais de garderie à 5$ durant toute la durée d’un prochain mandat. Ho ho ho! Les séances de déballage de cadeaux se poursuivent, rappelons-le, jusqu'au 30 novembre. 
  
  
 


 
 
 
BUREAUX, CONSEILS, COMMISSIONS...
 
 
          Le chef de l'ADQ, Mario Dumont, a fait la promesse la plus pertinente de la campagne jusqu'ici lors d'une trève dans sa lutte pour l'équité intergénérationnelle et la libération du prolétariat jeunesse. Il souhaite l'abolition de 61 organismes gouvernementaux, ce qui permettrait d'économiser 500 millions $ chaque année.   
  
          Parmi les candidats au couperet, M. Dumont mentionne les ministères de la Métropole, de la Famille et des Régions, ainsi que des dizaines de commissions, de conseils et autres bureaux qui ne font que brasser de la paperasse inutile et entretiennent à grands frais des milliers de parasites amis du régime: le Conseil des communautés culturelles, la Commission de protection de la langue française, le Conseil supérieur de l'éducation, le Conseil du statut de la femme, la Société d'habitation du Québec, le Fonds de lutte contre la pauvreté, le Conseil de la santé et du bien-être, le Conseil permanent de la jeunesse, le Bureau des examinateurs en tuyauterie, le Comité d'évaluation des technologies de la santé, le Comité sur le civisme, l'Office de la sécurité du revenu des chasseurs et piégeurs cris, etc. L'abolition de ces organismes entraînerait l'élimination de 8000 postes de fonctionnaires. 
(La Presse, PC) 
  
 
 


 
 
 
CONSEIL SUPÉRIEUR
DU LAVAGE DE CERVEAU
  
  
          La Conseil supérieur de l'éducation – l'un des repaires de pousseux de crayons que Mario Dumont propose d'abolir – a justement dévoilé il y a quelques jours son rapport annuel sur l’état et les besoins de l’éducation, intitulé cette année « Éduquer à la citoyenneté ». La meilleure façon de justifier son existence étant bien sûr de trouver des situations qui évoluent et de proposer de nouveaux programmes qui nous permettront d'y faire face, on apprend dans ce document d'une centaine de pages que, surprise, surprise, « l’école a toujours joué un rôle important dans la formation du citoyen, mais comme les exigences de la citoyenneté ont changé, les attentes à l’endroit du système éducatif ont elles aussi évolué ». 
  
          Qu'est-ce qui a tant changé? Ben voyons, le démantèlement de l'État et la montée du néolibéralisme, c'est évident! Selon le Conseil, le nouvel ordre mondial économique et politique place donc cette éducation à la citoyenneté dans un contexte différent d’il y a plusieurs années. « La pleine citoyenneté ne peut plus être considérée sans référence aux problèmes de pauvreté, de chômage et d’exclusion qui marquent fondamentalement le rapport qu’entretiennent les individus les uns avec les autres et avec l’État ». Les chartes protègent davantage les droits, certes, mais il y a moins de ressources qu’avant pour en garantir l’application et l’État se retire de plusieurs champs qu’il occupait auparavant, note le Conseil.  
  
          L'organisme plaide donc pour que l’éducation à la citoyenneté se fasse du primaire à l’université, « une sorte de formation continue ». La conscience de citoyenneté inclut-elle, pour le Conseil, les notions de liberté et de responsabilité individuelles, d'entrepreneurship, d'indépendance par rapport aux manipulations des pouvoirs publics? Évidemment pas. On propose au contraire d'instituer des projets qui apprennent aux jeunes « la solidarité internationale, l’entraide ou la protection de l’environnement ». L’éducation à la citoyenneté relève aussi des instances municipales, syndicales, politiques et sociales. Bref, des institutions étatiques et de ceux qui dépendent directement du pouvoir coercitif de l'État pour leur existence. Derrière ces concepts de bien-pensants, le Conseil propose donc carrément d'embrigader les jeunes et de leur laver le cerveau « du primaire à l'université » avec de la propagande collectiviste, pour qu'ils acceptent comme adultes de se faire mener le bout du nez sans protester parce que c'est leur devoir de citoyens. La guillotine, ça presse! 
(Presse canadienne) 

  



 
 
 
LIBERTÉ SURVEILLÉE
  
  
          Il ne faudra pas compter sur la soi-disant Charte des droits et libertés et sur les tribunaux canadiens pour protéger la véritable liberté dans ce pays. Cette semaine, la Cour suprême du Canada a en effet rejeté les allégations de deux entreprises des Territoires du Nord-Ouest qui estimaient que leurs droits, tels que reconnus par la Charte, étaient violés par l’Office canadien de commercialisation des oeufs qui les empêchait d’exporter leurs oeufs. Cet office, comme d'autres organismes similaires dans les secteurs du blé, du lait, du porc ou du poulet, est une bureaucratie du genre néo-soviétique typiquement canadienne dont le but est de gérer des quotas et de réglementer la production et la commercialisation d'un produit agricole. Une licence et un quota fédéraux sont nécessaires à la production et au commerce interprovincial des oeufs.  

                     Il s’agit d’un verdict d’une importance majeure car la Cour a ainsi refusé d’étendre la protection offerte par la Charte – qui protège les individus – aux entreprises. Deux tribunaux des Territoires avaient déjà rendu des jugements favorables aux entreprises Pineview Poultry Products et Northern Poultry, alléguant que l’Office canadien de commercialisation des oeufs violait leurs droits à la liberté d’association et à la liberté de travailler partout au pays. On doit donc en conclure que les gouvernements canadiens pourraient dorénavant faire main basse sur toute activité économique sans que les tribunaux puissent s'y opposer. Les individus, au Canada, sont théoriquement libres, dans la mesure où ils ne sont pas propriétaires, cadres, employés, gestionnaires, investisseurs, marchands, distributeurs, consultants, producteurs, etc. Bref, ils sont libres de ne rien faire ou de se conformer aux diktats des politiciens et des bureaucrates.  
(Presse Canadienne) 
 
 
 



 
 
 
UNE GIFLE POUR LES RÉPUBLICAINS
  
  
          Les élections de mi-mandat aux États-Unis n'ont pratiquement rien changé au paysage politique mais ont tout de même constituté une giffle et une opportunité ratée pour le Parti républicain. Le parti du président perd normalement des plumes entre deux élections présidentielles, mais cette fois c'est le contraire qui s'est produit. Les républicains ont vu leur majorité fondre de quelques sièges à la Chambre des représentants et n'ont fait aucun gain au Sénat, où ils gardent malgré tout un avantage de 55-45. Au niveau des États, ils ont subi plusieurs défaites spectaculaires, dont celle de la Californie, compensées en partie par d'autres gains. Trente et un États sur cinquante sont désormais gouvernés par des républicains. 
  
          Les politiciens républicains ont tout fait pour se tirer dans le pied au cours des derniers mois. Ils ont réussi à projeter une image d'intolérance en tenant notamment des propos antihomosexuels pour plaire aux fondamentalistes religieux. Ils ont choqué une bonne partie de leurs partisans en votant un budget rempli de hausses de dépenses et sans aucune baisse d'impôt quelques semaines avant le vote. Et ils ont préféré miser sur le scandale Lewinsky dont plus personne ne veut entendre parler au lieu de faire campagne sur des dossiers où ils sont plus crédibles. Newt Gingrinch, dont le leadership était contesté à la suite de cette mauvaise performance, a annoncé qu'il quittait son poste de speaker. 
  
          Le Parti libertarien a quant à lui fait bonne figure malgré son modeste statut de troisième parti. Environ deux millions d'électeurs auraient voté pour au moins un candidat libertarien. La plus belle victoire est venue chez nos voisins du Vermont, où un libertarien a été élu député à la chambre basse de l'État. Quelques autres candidats du parti l'ont emporté dans des postes moins importants à divers endroits. Les positions libertariennes continueront aussi à être défendues à Washington par le représentant Ron Paul. M. Paul, qui a déjà été candidat libertarien à la présidence, siège sous la bannière républicaine depuis quelques années et a été réélu au Texas.  
  
          Par ailleurs, la plus grande surprise de la soirée des élections a sans doute été la victoire, dans une lutte à trois, de Jesse « The Body » Ventura au poste de gouverneur du Minnesota. L'ex-lutteur professionnel, qui se présentait comme candidat du Parti réformiste de Ross Perot, a fait campagne avec une plate-forme électorale anti-establishment qui se rapproche sensiblement de celle des libertariens, proposant de réduire le rôle de l'État, les taxes, l'influence des groupes d'intérêt, appuyant le droit de porter des armes et la reconnaissance des conjoints homosexuels, et allant même jusqu'à suggérer la légalisation des drogues et de la prostitution. Cette position contraste avec celle de Ross Perot, dont le cheval de bataille était la lutte au libre-échange nord-américain. Reste à voir si The Body (qui préfère maintenant se faire appeler « The Mind ») pourra effectivement gouverner sans aucun appui dans les deux chambres de l'État et avec comme seule expérience d'avoir été maire d'une petite ville de banlieue. 
  
  
  

  
  
 
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