Montréal, le 14 août 1999 |
Numéro
43
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Bref, on se plante, se rentre dedans, s'endort au volant, se casse la
gueule. Si je voulais être cynique, je vous
ferais remarquer qu'au moment où
on aurait eu le plus besoin des infirmières dans les salles
d'urgences, celles-ci s'organisaient un gentil
pique-nique qui tourna évidemment
au vinaigre; mais comme j'ai promis à ma bonne conscience
d'essayer de voir la vie en technicolor cette
semaine, je m'abstiendrai d'ajouter
l'insulte à l'injure.
Tant pis. En fait, ma montée de lait hebdomadaire sonnerait à peu près comme suit: les routes québécoises sont devenues presque aussi dangereuses que les pistes cyclables de Rivière-des-Prairies, il faut donc faire quelque chose. Mais quoi? demanderez-vous. Mais quoi, bon sang de bonsoir. La route Les idées, ce n'est pas ce qui manque. Seulement, on ne peut pas dire que l'originalité en est époustouflante. La plupart des animateurs de lignes ouvertes semblent d'accord pour dire que 1) le monde, ils savent pas conduire (vous avez identifié la faute de français? Bravo! deux morceaux de robot!) et 2) les truckers, c'est des moyens cowboys. Comme si on ne le savait pas déjà. Comme si radoter les mêmes âneries allait faire disparaître le problème. Eh misère. D'autres, comme l'inimitable Chevrette, pensent à imposer des limites de vitesse (allôô?) aux camionneurs. D'autres encore, comme Réal-Jean Couture de Planète Québec, essaient de nous convaincre que si au moins la police faisait sa job et collait les contredanses appropriées aux délinquants de la route, tout irait bien madame la Marquise.
Pour faire une histoire courte, disons que toutes les propositions sur lesquelles j'ai négligemment fait tomber mes petits yeux ces derniers temps ont une chose en commun: elles ont toutes comme un petit quelque chose qui rappelle l'invocation à notre mère collective, la tétine étatique. C'est normal, il est grand temps que quelqu'un mette ses culottes et fasse en sorte que les routes redeviennent sécuritaires. Et qui d'autre que le gouvernement, dites-moi? À part les ministères, personne n'est capable de prendre ses responsabilités dans cette province. On est tous bien trop cons pour être prudents; vite, ça nous prend un organigramme! C'est drôle, je n'ai entendu personne parler de la prudence élémentaire qui devrait nous pousser à éviter les autoroutes encombrées de banlieusards en vacances, tous plus pressés les uns que les autres d'arriver là où ils vont afin de se dépêcher à se reposer. Tous tellement stressés d'être aussi relax, conduisant d'une main, pelotant les genoux de Myriam de l'autre et criant à tue-tête aux enfants d'arrêter de torturer le chien et de cesser de se vomir les uns sur les autres. Personne pour suggérer que peut-être, le meilleur moyen d'être en sécurité sur la route, c'est d'y briller par son absence. Ou bedon de se faire installer 14 autres paires de yeux ainsi qu'un système sophistiqué anti-chocs qui enverrait dans le décor tout véhicule qui passerait à moins de trois mètres de notre petite GM. Tout ce qu'on entend, ce sont des façons différentes de gaspiller de l'argent public à essayer de faire respecter des réglementations dont tout le monde se fout éperdument. Après ça, ils se demanderont pourquoi les budgets ne balancent jamais. Articles précédents de Brigitte Pellerin |
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