Montréal, 25 sept. – 8 oct. 1999 |
Numéro
46
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Les travailleurs qui sont 1) excellents, 2) bilingues et, 3) mobiles n'ont
absolument pas besoin de payer des cotisations syndicales pour se faire
imposer des échelles de salaires qui font en sorte que les vieux
croûtons qui sèchent sur leur chaise gagnent plus cher qu'eux.
Et quant à la soi-disant protection contre les licenciements abusifs,
parlez-en aux jeunes qui ont dû sauter because c'est l'ancienneté
qui mène dans la baraque...
Et pour ce qui est de la protection des emplois, sachez qu'à force d'imposer des contraintes aux employeurs, ceux-ci finissent par sacrer leur camp à Toronto, ou par cesser d'embaucher. Et devinez à qui ça nuit? C'est, grosso modo, ce que certains syndicats britanniques sont en train de réaliser. Namely, que les jeunes ne sont pas du tout, mais alors là pas pantoute, intéressés à se syndiquer. Dans ce pays où seulement 3 travailleurs sur 10 sont syndiqués, et où les syndicats ne sont présents que dans la moitié des entreprises, il est urgent que les syndicats s'auto-examinent et, surtout, changent leur image. Simple problème d'image? C'est bien simple, le syndicalisme n'attire plus de nouveaux employés. À part les vieillissants travailleurs manuels – des hommes, pour la plupart – le syndicalisme laisse la plupart des cotisants potentiels, surtout les jeunes, complètement froids. Pourquoi? Parce qu'aujourd'hui, les syndicats sont
C'est fou comme tout ça sonne familier à mes petites oreilles! C'est bien normal: rien ne ressemble plus à un syndicat qu'un autre syndicat. Ce qui expliquerait peut-être pourquoi la nouvelle présidente de la CEQ me rappelle étrangement Lorraine – mais je divague. Tout ça juste au moment où l'État (qui jouit d'un monopole sur la production des services tels la santé et l'éducation) rencontre à huis clos la bande des chefs syndicaux (qui jouissent d'un monopole sur les jobs de ceux qui fournissent les services gouvernementaux) pour décider, entre eux, de la meilleure façon de nous sucer au maximum tout en nous laissant l'impression qu'on est toujours vaguement en vie. Pendant ce temps en France, le gouvernement est aux prises avec sa part de problèmes syndicaux. C'est le Hibou Ébahi, a.k.a. Lionel Jospin (ben quoi, on a bien Belette Vibrante), qui blablatait l'autre jour, sur les ondes de France 2, à propos de la compagnie Michelin qui a décidé tout récemment de licencier quelque 7500 travailleurs. Imaginez-vous donc que ça chiâle. Et comme d'habitude en France, les travailleurs se tournent vers le gouvernement et l'implorent de faire Allôôô? Lucien, vous entendez? En attendant le changement Ensemble, ça fait trois pays (so to speak) gouvernés par des sociaux-démocrates qui tentent de remettre un peu d'ordre dans le tiroir Pourrir, si, si. Évidemment, l'histoire de Michelin est loin d'être terminée. Tout comme celle, d'ailleurs, des agriculteurs français qui réclament toujours plus de protection contre les géants multinationaux (lire: américains). Ne rêvons pas en couleurs, le gouvernement Jospin n'a pas encore dit son dernier mot. Nous autres non plus, on n'a pas fini. Les syndicats menacent de foutre le bordel un peu partout (comme si ça n'allait pas déjà assez mal) en essayant de nous convaincre que c'est dans Pêêêrdon? Tout ce qu'on sait, c'est qu'ils mettent la pagaille dans les hôpitaux, mettent les adoles en rogne en leur coupant leurs sorties extra-curriculaires, prennent des risques inconsidérés avec la santé et la vie du bon monde ordinaire, tout en nous coûtant, collectivement, une jolie fortune. Et ils font ça pour qui? Sûrement pas pour les jeunes, leurs futurs Peut-être que Landry avait un point, finalement. Il y a de l'espoir pour les anti-monopoles-syndicaux de ma race: les vieux travailleurs fatigués, ils vont bien finir un jour par disparaître... Articles précédents de Brigitte Pellerin |
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