Montréal,  18 déc. 1999 - 7 jan. 2000
Numéro 52
 
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NOUVELLES BRÈVES
 
 
L'INSECTARIUM EN FOLIE
 
 
          Le gouvernement fédéral a renversé des années de complaisance suicidaire vis-à-vis du mouvement séparatiste québécois en déposant ces derniers jours un projet de loi définissant les conditions de clarté qu’il exigera pour accepter de négocier après un référendum sur la séparation où le OUI l'aurait emporté. La loi définit certaines balises et forcera le gouvernement à tenir des consultations auprès des autres provinces pour déterminer si la question ainsi que le résultat ont été suffisamment clairs. Seule une question portant sur la séparation – et non une vague et trompeuse référence à une « souveraineté-association » – sera jugée claire. Sans spécifier de niveau, la loi laisse aussi entendre que 50%+1 ne sera pas jugé suffisant pour briser le pays. 
 
 
          De plus, précise-t-elle en conformité avec le jugement de la Cour suprême sur le droit du Québec à la sécession rendu l’année dernière (voir DE L’UTILITÉ MORALE DES CONTRAINTES LÉGALES, le QL no 19), la négociation devra aborder certains sujets, « notamment la répartition de l'actif et du passif, toute modification des frontières de la province, les droits, intérêts et revendications territoriales des peuples autochtones du Canada et la protection des droits des minorités ». 
  
          La stratégie de la trappe à homards ne sera donc désormais plus possible. On ne pourra plus faire croire à des centaines de milliers d’électeurs que le Québec restera plus ou moins à l’intérieur du Canada après une victoire du OUI, ni que le processus de démantèlement du pays se fera dans l’harmonie et la bonne humeur, le reste du Canada répondant positivement à toutes les exigences du gouvernement québécois. Et si le Canada est divisible, le Québec l’est aussi.  
  
Frénésie hystérique 
 
          Chose certaine, le projet de loi fédéral a eu l’effet d’un coup de pied sur un nid de fourmis. C’est la panique la plus totale au sein de la clique politique québécoise qui voit sa stratégie de tromperie compromise, et on a pu voir tout ce petit monde insectoïde se précipiter frénétiquement dans tous les sens ces derniers jours en poussant des cris hystériques. Pour le premier ministre Lucien Bouchard, le projet de loi n'est rien de moins qu’une « agression sans précédent contre les droits et pouvoirs de l’Assemblée nationale (sic) ». Dans la succursale séparatiste à Ottawa, le chef bloquiste Gilles Duceppe a déclaré que « le gouvernement vise à freiner et à enfermer les aspirations légitimes du peuple du Québec dans une camisole de force » 
  
          Le ministre des Affaires intergouvernementales Joseph Facal a parlé de façon très subtile de « loi d'inspiration soviétique » et de « véritable carcan », ce qui en dit long sur son quotient intellectuel d’invertébré. Le leader du gouvernement, Jacques Brassard, a condamné cette « attaque frontale et brutale contre la démocratie québécoise ». Le chef « fédéraliste » de l’Opposition libérale, Jean Charest, est allé à la rescousse de ses amis péquistes et a défendu le droit de l’Assemblée provinciale de déterminer seule les conditions entourant un processus référendaire ainsi que la règle de 50%+1. Le ti-cul en chef de l’ADQ Mario Dumont a déploré, lui, « une attaque à la fierté et à la dignité des Québécois » 
  
          Comme des mouches fatigantes qui viennent continuellement nous bourdonner dans les oreilles, les chefs des mafias syndicales ont eux aussi ajouté leur buzz au bruit médiatique déplaisant provoqué par cette hystérie collective. Le parrain de la CSN Marc Laviolette a parlé de « crachat à la face de la démocratie ». La marraine de la CEQ a affirmé que « ce projet de loi bafoue les règles les plus élémentaires de la démocratie et de notre système parlementaire ». Faisant preuve de l’habituel respect pour la loi qui caractérise les mafiosi, Henri Massé de la FTQ a déclaré que « constitution ou pas, Cour suprême ou pas, projet de loi ou pas, quand les Québécois vont décider de se donner un pays, ils vont se le donner ». 
  
          Le bourdon menaçant de la Société St-Jean-Fasciste de Montréal, Guy Bouthillier, a lui aussi sorti son gros pic et a dénoncé l’ennemi sur une pleine page de publicité dans Le Devoir. Selon la SSJBM, l’adoption du projet de loi fera en sorte de « nier le droit le plus fondamental que possède le peuple québécois, celui de contrôler son destin national ». Vous pensiez que votre droit le plus fondamental était de contrôler votre destin individuel? Eh bien non, c’est plutôt celui de faire comme tout le monde dans la colonie.  
  
          Dans cette même feuille de choux officielle de l’élite nationalo-gauchiste, le rédacteur en chef adjoint Michel Venne s’est fait aller les antennes de façon compulsive et a appelé toutes les abeilles ouvrières à défendre la ruche en écrivant que « ce projet de loi est une déclaration de guerre, une fin de non-recevoir ». Quant à l’infatigable termite séparatiste Gilles Rhéaume du Mouvement souverainiste du Québec, il prétend qu’Ottawa « s'en prend aux libertés politiques fondamentales en compliquant le libre exercice du droit à l'autodétermination du peuple québécois » et que sa démarche « contrevient à la Déclaration universelle des droits de l'homme ». Envoyez les casques bleus!  
 
Phototaxie négative 
 
          Les séparatistes ont de bonnes raisons de paniquer et de réagir de façon hystérique au projet de loi fédéral pour clarifier les conditions d’un futur référendum: c’est la seule chose à faire lorsque tout s’effondre et qu’on n’a aucune autre option pour relancer sa cause désespérée. Deux autres sondages démontrent en effet que contrairement à ce que tous les commentateurs bien-pensants n’arrêtent pas de nous répéter depuis des années, s’attaquer de front à l’hypocrisie séparatiste ne provoque pas nécessairement de flambée de ferveur nationaliste au sein de la population québécoise.  
  
          Selon les maisons Angus Reid et Ekos, l’appui à la souveraineté-association continue de diminuer, et se situe maintenant autour de 40% si l’on demande une question similaire à celle du référendum de 1995. Si l’on demande une question vraiment claire toutefois, comme « souhaitez-vous que le Québec devienne un pays indépendant séparé du Canada? », seulement 28% des Québécois se disent en faveur, contre 66% d’opposants.  
  
          Sur cette question de la clarté justement, une majorité de la population semble appuyer la démarche fédérale. En effet, 75% des anglophones du Québec, mais aussi 58% des francophones, estiment qu’une « majorité claire » devrait être supérieure à 50%+1. De toute évidence, nos dirigeants nationalo-étatistes sont complètement déconnectés lorsqu’ils tentent de nous faire croire que la démarche fédérale, qui exige simplement la clarté comme critère pour accepter de négocier la séparation après un OUI, est une attaque contre la nation québécoise et les pouvoirs de l’Assemblée provinciale. Même s'ils décampent comme des coquerelles lorsqu'on ouvre la lumière, la plupart des Québécois, eux, préfèrent la clarté. 
(Sources: La Presse, The Gazette, Presse canadienne) 
  
 


 
PATIENTS PATIENTS  
  
 
          Un hôpital de Plattsburgh dans l’État de New York, qui reçoit déjà des patients québécois pour des traitements contre le cancer à cause des listes d’attente trop longues, espère pouvoir vendre d’autres services médicaux aux malades de la province. Le Champlain Valley Physicians’ Hospital est un établissement privé à but non lucratif. Alors que les parkings à malades du Québec ne peuvent prendre une décision administrative sans demander la permission à douze bureaucrates du ministère de la Santé et de la Régie régionale, l’hôpital newyorkais a toute la flexibilité voulue pour transférer des médecins et infirmières d’un département à l’autre, en engager d’autres pour des périodes limitées, ou pour acheter de l’équipement neuf supplémentaire. Et au contraire des hôpitaux d’ici qui accumulent des dettes de centaines de millions de dollars, le Champlain s’attend à faire un surplus d’un million $ cette année.  
  
          Une autre différence majeure qui influe sur les systèmes de santé des deux côtés de la frontière, selon le directeur du marketing Michael Hildebran, est que les citoyens américains ne sont pas une bande de moutons passifs et indulgents, en contraste avec ceux du Québec. De façon plus diplomatique, M. Hildebran attribue cela à des différences culturelles: « Fortunately for you, perhaps, Canadians are much more patient. Culturally, I have been told, Canadians are more willing to wait. In the U.S., people are very impatient and they want care and they want it immediately, and if they wait longer than an hour, something awful has happened and I guess we’re not doing our job. » 
  
          S’il y a plus qu’une heure d’attente à Plattsburgh, c’est que quelqu’un dans cet hôpital n’a pas fait son travail. Les patients s’attendent à mieux et le font savoir. Que faut-il conclure de l’état du système – et de la mentalité des bénéficiaires – lorsque l’attente dure des heures, des jours, des semaines et des mois, dans tous les hôpitaux du Québec?  
(Source: The Gazette)
 
 
 
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