(ÉconoMédia, novembre 1999) |
par Martin Masse
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Le keynésianisme est discrédité comme théorie économique depuis les années 1970, quand ses théoriciens n'ont pu expliquer un phénomène qui aurait dû être impossible dans leur perspective, la stagflation. Malgré cela, certaines thèses keynésiennes ont tellement pénétré la conscience populaire qu'on les reconnaît aujourd'hui encore dans les politiques et les exposés économiques.
Les keynésiens ont toujours eu une fixation sur la gestion de la
demande et ont à toutes fins pratiques ignoré les mécanismes
comme l'innovation, l'entrepreneurship et les changements technologiques
qui agissent sur la production et l'offre de biens et services. Pour eux,
l'un des rôles essentiels du gouvernement est de veiller, en utilisant
les
Stagflation
La réalité n'a bien sûr pas suivi la théorie.
Sur le plan de la gestion monétaire, la tendance keynésienne
à constamment stimuler le plus possible l'économie en augmentant
la quantité de monnaie en circulation finit par créer tellement
de distorsions dans les décisions des acteurs économiques
qu'une récession s'avère en bout de ligne inévitable.
En effet, les investissements non rentables engendrés par le
La stagflation n'afflige heureusement plus notre économie. Les banques
centrales sont plus
pour combien de temps encore?
à éviter de ramener l'inflation. Mais le paradigme est essentiellement
resté le même. La presse financière spécule
constamment sur le niveau exact d'une hausse ou d'une baisse des taux d'intérêt
qui permettrait de stimuler un peu plus la croissance ou de prévenir
un retour de l'inflation. Les yeux et les oreilles sont constamment fixés
vers le président de la Fed Allan Greenspan. On ne parle plus de
fine-tuning, mais c'est encore ce modèle qui nous régit.
Ce sera le cas aussi longtemps que des banques centrales étatisées
contrôleront la monnaie et que celle-ci sera constituée de
simple papier dont la valeur dépend de la confiance qu'on lui accorde
plutôt que d'une correspondance avec une unité réelle
comme l'étalon-or.
Une loi folklorique
L'autre levier qu'est la politique fiscale permet lui aussi, selon la théorie
keynésienne, de stimuler la croissance en suscitant une augmentation
des dépenses des consommateurs ou, inversement, de prévenir
une surchauffe en réduisant leur pouvoir d'achat. Cette
Ainsi, pour défendre son projet de
Cette affirmation est manifestement illogique. D'abord, parce qu'il n'y
a aucune différence entre de l'argent qui s'en va dans les poches
des démunis et de l'argent qui s'en va dans les poches des entreprises
et ultimement dans celles de leurs propriétaires et investisseurs.
Ces derniers ne le cachent tout de même pas sous leur matelas! Ils
le dépenseront ou le réinvestiront d'une manière ou
d'une autre. Ensuite parce que la simple redistribution d'un pouvoir d'achat
par le gouvernement ne peut logiquement engendrer une croissance nette.
Ces montants que
Le plus troublant, c'est lorsqu'un organisme supposément sérieux comme l'OCDE recommande au Congrès américain, comme il l'a fait ces derniers jours dans son rapport sur l'état de l'économie mondiale, de ne pas approuver de réductions d'impôts parce que cela risquerait de surchauffer une économie déjà en forte croissance et de créer une pression inflationniste. La logique est pourtant tout aussi claire: en quoi des dépenses de citoyens consommateurs peuvent-elles être plus inflationnistes que des dépenses, avec le même argent, de bureaucrates? Cet argument énoncé à plusieurs reprises autant par des politiciens que des commentateurs au cours des derniers mois ne tient pas debout, mais il a toutefois l'avantage de justifier des taxes et impôts élevés pour ceux qui croient encore aux bienfaits de l'interventionnisme.
Bref, on a beau dire que le keynésianisme est mort comme théorie économique crédible, son influence continue de se faire sentir dans nos institutions, chez nos dirigeants, dans la presse financière comme au sein de la population en général.