Montréal, 8 - 21 janv. 2000 |
Numéro
53
|
(page 7) |
page précédente
Vos réactions George Orwell Animal
Farm
|
par Brigitte Pellerin
Pas à dire, je ne saurai jamais comment bien choisir les gens avec qui m'associer. Les libertariens, même s'ils sont bien gentils, ne sont définitivement pas la bonne gang. Imaginez: ils sont cuits s'ils se font prendre à conduire en état d'ébriété, ils ne peuvent pas passer devant tout le monde à l'urgence, ils doivent respecter les limites de vitesse sur la 20, ils doivent payer leurs impôts, ils ne peuvent pas pincer les fesses d'une pitchounette sans se faire poursuivre, ils n'ont pas le droit de voler un blouson de cuir au magasin, et ils doivent attendre comme tout le monde aux douanes en revenant de Paris. Quoi? Vous dites? Ah, vous aussi? Eh ben, serions-nous tous dans la mauvaise gang? Le savez-vous, ce qui nous manque? Moi, si. Il nous manque le Pouvoir. Le vrai, celui avec un grand |
Faire partie de la bonne gang
Prenez quelqu'un comme Guy Chevrette. En politique active déjà à l'époque où j'avais encore mes dents de lait, ce gars-là s'est taillé une place enviable dans le ventre du Dragon. Il est indispensable. C'est qu'à force d'être dans les parages, on finit par se créer des liens voyez-vous. Et on devient incontournable, intouchable. Même chose pour Bouchard, Mulroney ou Chrétien; ces gens-là ne seront jamais dans le trouble (en tous cas, personne n'arrivera à le prouver). C'est comme ça quand on fait partie de la bonne gang. Et ne cherchez pas trop longtemps; c'est précisément de là que vient la signification du mot Les libertariens, eux (du moins ceux que je connais), tout comme les farouches individualistes et ceux qui se considèrent d'abord en tant qu'individus uniques plutôt que simples numéros dans un troupeau, n'ont pas cette Mais je parlais de Guy Chevrette. Ou plutôt de son fiston Charlot, qui vient de se faire frotter les oreilles par un juge à la retraite pour avoir fait une connerie (pardon, pour avoir posé des
Hon, vous aviez oublié l'affaire? C'est en novembre 1997 qu'on apprenait par les journaux que Ghislain Lebel, député du Bloc, était sur le point de recevoir la visite désagréable du fisc québécois pour avoir omis de faire une déclaration d'impôts en 1994 et, si ma mémoire est bonne, pour être dans le rouge côté paiements. Jusque-là, personne ne s'offusque. Mais là où ça dérape, c'est lorsque le chef de cabinet adjoint du premier ministre Bouchard téléphone au directeur de cabinet du chef du Bloc pour l'avertir... afin, dit-on, d'éviter Allôôô? Et demander au sieur Lebel de régler ses comptes, ça ne vous est pas passé par la tête? Évidemment, l'opposition libérale est sautée à pieds joints sur l'opportunité, réclamant à grands cris de vierge offensée (comme s'ils n'avaient jamais rien fait de croche...) la tenue d'une enquête. Enquête dont le rapport vient tout juste d'être rendu public. Après deux ans... pensez-vous que c'est assez long pour que tout le monde ait eu la chance d'oublier? Anyway. Toujours est-il que la commission commence par absoudre Lucien ainsi que le ministre du Revenu d'alors, mais puisqu'il faut bien blâmer quelqu'un, tape – mais pas trop fort – sur les doigts de deux adjoints, dont le fils de Chevrette. Est-ce qu'il y a quelqu'un qui va croire que les deux gugusses en question sont rongés par les remords? Que leur carrière est finie? Que jamais ils ne réussiront à se retrouver une job? Mais non, puisque leur Des fois je me demande ce que j'attends, toute seule dans mon coin. Mais à la réflexion, je me dis qu'il vaut peut-être mieux être dans une position où personne ne se sentira obligé de me défendre, mais où je n'aurai quand même pas à prendre une punition non méritée pour qu'un plus gros poisson que moi s'évite quelques éclaboussures. Articles précédents de Brigitte Pellerin |
sommaire |
|