|
Montréal, 5 février 2000 / No 55 |
|
|
par
Brigitte Pellerin
Les scandales! Mon doux, les scandales! Des politiciens qu'on accuse de dépenser les sous du public sans compter, et sans penser. Des millions de beaux dollars – de NOS dollars à nous les citoyens – sont garrochés par les fenêtres, sans qu'on puisse y faire quoi que ce soit. Au secours, on nous écorche vivants, ou quoi? |
L'argent
des autres
On pourrait penser que le début de l'année a été difficile pour les politiciens qui conduisent au centre, ou légèrement à la gauche du centre. L'ancien chancelier allemand Helmut Kohl se fait taper sur les doigts pour avoir accepté des pots-de-vin; feu Mitterrand qu'on soupçonne d'avoir participé à l'achat de faveurs allemandes grâce aux francs chèrement gagnés par les cousins; et le parti de Jean Chrétien qui donne des millions en subventions sans même demander des comptes aux entreprises qui reçoivent le gros lot. Personne en Allemagne ne sait trop quoi faire de Kohl. Lui demande-t-on de démissionner de son poste de député? Le met-on à la porte du parti? Attention, on parle du père de l'unité allemande, chancelier de 1982 à 1998... on ne C'est vrai, on ne peut plus faire confiance à personne de nos jours.
Et puis un coup rendus sur le site de Libé, vous pourrez continuer à y lire que France 2 soupçonne l'ancien président Mitterrand d'avoir fait verser à son Jean, Jane, Pierre, Brian... De retour au pays, on apprend il y a deux semaines que les libéraux fédéraux auraient distribué, au bas mot, un milliard de dollars en subventions sans trop se préoccuper de contrôler comment l'argent allait être dépensé. Le département des Ressources humaines, celui qui Et comme par hasard, on réalise du même coup qu'une proportion anormalement élevée de l'argent est allée dans les comtés de Jean Chrétien et Jane Stewart, la ministre concernée. Oh, coïncidence? Je sais, c'est facile de dire: Sans vouloir taper sur la tête de Brian Mulroney (de toutes manières, on sait bien que les Conservateurs ne sont pas tellement plus à droite que les Libéraux), il faudrait tout de même se rappeler que le gaspillage, la corruption et les conflits d'intérêts ne sont pas l'apanage exclusif des gens de la go-gauche. En fait, droite, gauche, ça ne change pas grand-chose. Le problème, c'est quand on donne le pouvoir à des gens et qu'on ne s'occupe pas de les tenir en laisse. La cause d'un tel gaspillage de fonds publics, c'est qu'on accepte que le gouvernement – quel qu'il soit – s'implique dans pratiquement tous les aspects de notre vie. Quand on ouvre notre portefeuille à ceux qui pensent savoir mieux que nous ce qui est bon pour nous, il ne faut pas se surprendre que nos sous soient dépensés n'importe comment. On donne notre argent à des gens qu'on ne connaît même pas; et après, on est tout étonnés qu'ils l'aient accepté et se soient enfuis sans demander leur reste. Peut-être qu'on court après notre malheur et qu'on n'a que ce qu'on mérite.
|
<< retour au sommaire |
|