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Montréal, 18 mars 2000 / No 58 |
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par
Yvon Dionne
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Exercice
de style
Sans doute que le ministre des Finances Bernard Landry, le 14 mars, a dû faire de nombreux efforts pour maximiser la portée politique du budget. La préparation d'un budget se prête d'ailleurs, à chaque année, à une parade de quêteux voulant accroître les bénéfices qu'ils reçoivent de l'État. Le crédit pour l'excédent budgétaire que le ministre peut redistribuer selon les choix politiques de son gouvernement revient réellement à la croissance économique et aux contribuables. Ses données préliminaires pour l'année qui s'est terminée le 31 mars ne comprennent pas le M. Landry alloue 75% des excédents budgétaires anticipés aux dépenses, y compris le remboursement des déficits accumulés des secteurs de l'enseignement et de la santé. Il récompense ainsi, du moins dans une certaine mesure, les établissements qui ont pu être mal gérés. Ce n'est pas en ajoutant continuellement de l'argent dans ces secteurs que l'on va réduire le coût par habitant des services publics, ce coût étant plus élevé au Québec qu'ailleurs sans que l'on obtienne ici des services d'une valeur réelle plus élevée. Au cours des deux prochaines années, les dépenses des opérations courantes augmenteront de plus du triple (
Quant aux baisses à l'impôt sur le revenu des particuliers, il n'y a rien là qui permet de pavoiser. Plusieurs mesures sont à retardement et le gouvernement va en reparler dans les deux années à venir. Les syndicats du secteur public sont heureux puisque ces baisses d'impôt valorisent les hausses salariales qu'ils viennent d'obtenir. Ce sont d'ailleurs les seuls gagnants à la fois du côté des revenus et des dépenses. Le ministre n'a même pas retenu l'application de l'indexation à compter de cette année. La non-indexation permet au gouvernement d'accroître automatiquement ses revenus même en l'absence de croissance réelle de l'économie. Le ministre se défend en disant que la baisse des taux étalée sur trois ans est supérieure à l'indexation. S'il faut parler de Un petit exemple d'interventionnisme fiscal: personne ne va s'opposer à l'octroi d'un crédit d'impôt pour favoriser l'entrée des PME dans le commerce électronique; l'objectif est louable. Mais une question se pose: est-ce que le retard du Québec dans ce domaine est dû à l'absence d'un tel crédit d'impôt par le passé? Réponse: non! Avec l'ajout à chaque année de nouvelles mesures fiscales pour soi-disant favoriser les investissements ou certaines autres dépenses, le régime fiscal du Québec est devenu un labyrinthe réservé aux experts. En somme, le parti voué à l'indépendance du Québec a surtout été celui de la dépendance des Québécois envers l'État. |
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