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Montréal, 13 mai 2000 / No 62 |
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par
Gilles Guénette
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Si ces poursuites ne sont en fait que des prétextes visant à
créer des précédents – personne n'est assez dupe pour
croire qu'elles vont mettre un terme à ce nouveau phénomène
planétaire qu'est l'échange de fichiers sur le net –, la
méthode utilisée par les plaignants pour arriver à
leurs fins en dit long sur leur incapacité de s'ajuster aux nouvelles
technologies qui ont transformé et continuent de transformer la
façon dont nous consommons de la musique.
Nouvelle réalité, vieux réflexes athena_metalchic_asks: What do you hope to accomplish with this lawsuit?Récemment trois membres de la formation heavy metal américaine Metallica – co-instigatrice de la poursuite intentée contre Napster – et quelques-uns de leurs fans ont participé à un chat sur le web. Ce petit extrait résume assez bien l'enjeu: on ne veut pas se faire piquer nos chansons et si on n'arrive pas à s'entendre avec les millions de C'est de cette façon que depuis quelques semaines, les membres de la formation Metallica, le batteur Lars Ulrich en tête, et la Recording Industry Association of America (RIAA) qui regroupe les cinq plus importantes étiquettes au monde dont Sony, Warner et Universal multiplient les interventions dans le but de mettre un terme à ce qu'ils qualifient de piratage de la musique sur le net.
Hier, la RIAA s'attaquait à la compagnie MP3.com; aujourd'hui, avec
l'aide de quelques rockers renommés, elle s'en prend à Napster
Inc.; demain... impossible de prédire quelle sera sa nouvelle cible.
À défaut d'être présente sur le web, et de profiter
pleinement de ce qu'il a à offrir comme possibilités, l'industrie
du disque tire de la patte et tente, de la seule façon qu'elle connaît
– c'est-à-dire, à coup de mises en garde, de poursuites et
d'appels à la réglementation – de protéger ses Au lieu de prendre le virage électronique et d'entrer sur l'inforoute, de vieux routiers comme Metallica et les grandes maisons de disques préfèrent revendiquer de nouvelles protections auprès des autorités gouvernementales et/ou faire appel aux mécanismes de protection des droits d'auteurs qui les ont aidé à se hisser et se maintenir là où ils sont aujourd'hui. Et surtout, faire comme si rien n'avait changé... Alors que tout a changé – ou est en voie de changer. Make it go away! À leur grand désespoir, internet n'est pas qu'une simple curiosité qui disparaîtra tôt ou tard de nos vies telle une mauvaise chanson. Le web est ici pour rester. Et les conditions d'affaire stables et prévisibles qui autrefois permettaient à des entités commerciales comme celles que représente la RIAA de contrôler leurs échanges sont disparues et ne se rematérialiseront pas d'elles-mêmes. S'il était relativement facile de surveiller les moindres déplacements d'un chargement de disques compacts, ça l'est beaucoup moins lorsqu'il s'agit de fichiers numérisés. Il est donc impératif que ces entreprises arrivent au 21e siècle et qu'elles élaborent de nouvelles façons de contrôler leurs échanges si elles veulent demeurer compétitives dans le monde de la nouvelle économie. La seule autre alternative à cela étant de poursuivre chaque internaute qui échange des fichiers MP3 ou chaque nouvelle compagnie qui voit le jour dans ce domaine... tout le temps – une solution qui même si elle était humainement possible, ne servirait au plus qu'à engraisser quelques centaines d'avocats et à repousser l'inévitable. Il y aura toujours plus d'utilisateurs qui utiliseront toujours plus de nouveaux logiciels leur permettant d'échanger toujours plus de fichiers en utilisant toujours plus de variétés de formats. Quand ces nouveaux formats voient le jour à toutes les semaines, que ceux qui les mettent au point sortent à peine de la crise d'adolescence (le président et fondateur de Napster Inc. n'a que 19 ans) et que ces mêmes cracks de l'informatique sont capables de craquer n'importe quel code de sécurité, les Sony, Warner ou Universal de ce monde se doivent de prendre la chose au sérieux et de s'adapter – ou périr. On
n'arrête pas le progrès
Peut-être que les consommateurs trouvent qu'ils n'en ont plus assez pour leur argent? Qu'ils souhaitent une baisse des prix du DC? Alors comme une grande part du prix de vente de ce disque compact va dans les coffres des maisons de disques, leur disparition serait peut-être la solution? Les mélomanes seraient sûrement moins tentés de se procurer des versions
Et si on se dirigeait vers un monde dans lequel les chansons et les pièces
musicales n'étaient que des accessoires de promotions pour la vente
de
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