Montréal, 10 juin 2000  /  No 63
 
 
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LES PRIX BÉQUILLE
  
     Les Prix Béquille sont décernés aux pleurnichards qui ont fait parler d'eux en quémandant et/ou en obtenant une aide de l'État, une protection ou une reconnaissance spéciale, des subventions, des entraves à la compétition, etc. En bref, à ces pauvres éclopés incapables de se tenir sur leurs deux jambes qui pullulent dans notre société distincte.
 
 
LA BÉQUILLE D'OR  
au chroniqueur économique de La Presse, Claude Picher, qui se fait le porte-voix du président de l'Assemblée provinciale Jean-Pierre Charbonneau en suggérant qu'on augmente le salaire des députés. Ce dernier souhaiterait que lui et ses petites camarades obtiennent une hausse de salaire de 7%, en plus de celle de 9% qu'ils obtiendront au cours des trois prochaines années comme tous les employés du secteur public. Un député québécois gagne 60 860 $ par année, et se voit octroyer une allocation exempte d'impôt de 12 000 $. Pas beaucoup comparé à un vice-président de grande compagnie? Peut-être. Sauf que les grandes compagnies créent de la richesse, elles. Picher reprend le même sempiternel argument selon lequel la vie de politicien, ce n'est pas jojo, ils travaillent sept jours par semaine, ils se font entarter, et si on veut attirer des candidats de qualité, le salaire doit aller avec les responsabilités. « Moins les salaires des élus seront intéressants, plus ils rebuteront les gens compétents de faire le saut en politique. » Mais pourquoi voudrait-on donc attirer des politiciens compétents selon la définition courante, c'est-à-dire des politiciens qui s'imaginent pouvoir concevoir de nouveaux beaux programmes complexes pour résoudre tous nos problèmes, se retrouver dans les 53 000 pages de la loi sur l'impôt, connaître tous les types de subvention auxquelles sont éligibles les fermes laitières de son comté, maîtriser les 28 projets de réforme majeure des services gouvernementaux sur lesquels il doivent voter à chaque session parlementaire, se retrouver dans les méandres de la bureaucratie provinciale? On devrait au contraire couper leur salaire de 90% et les forcer à faire autre chose dans la vie, comme les parlementaires d'il y a cent ans. Peut-être se décideront-ils alors à cesser de vouloir gérer nos vie dans les moindres détails. Dans un État minimal, les députés n'auront besoin de se réunir que quelques jours par année, ce qui sera amplement suffisant pour prendre les décisions nécessaires à la sauvegarde de l'ordre et de la liberté... 
  
  
LA BÉQUILLE D'ARGENT
aux 25 000 citoyens canadiens qui, apprend-on, avait dénoncé « le comportement fiscal inacceptable » de certains contribuables au 31 mars 1999. Tous les régimes oppressifs s'appuient sur des espions, collaborateurs et délateurs, et le banditisme légal qu'est le régime fiscal ne fait pas autrement. Ces mouchards qui ont contacté l'Agence des douanes et du revenu du Canada, loin de promouvoir la justice et l'honnêteté et d'aider à lutter contre la fraude, font au contraire en sorte de la maintenir: celle, à une échelle gigantesque, que commet le gouvernement à l'encontre de la population; mais aussi celle des millions de contribuables qui n'ont d'autres choix que de contourner les règles et tourner les coins ronds pour conserver ce qu'ils ont gagné, considérant les taux d'imposition et de taxation exorbitant auxquels ils sont soumis. Le gouvernement canadien n'offre pas de récompense pour ces renseignements, ce qui n'empêche pas de plus en plus de Canadiens de collaborer. Selon le personnel des Enquêtes spéciales de l'Agence, la « qualité » des dénonciations s'améliorerait même chaque année, de sorte qu'elles sont devenues un élément important de détection de la « fraude ». Il faut croire que c'est un phénomène humain inévitable, toute société comprend sa part de vermine et de salopards... 
(Source: La Presse) 
  
  
LA BÉQUILLE DE BRONZE
à Bernard Landry, le deux de pique illettré économique qui gère les finances du Québec. Pressé par l'Opposition et par des groupes de citoyens de baisser ses taxes faramineuses sur l'essence pour soulager un peu le porte-monnaie des automobilistes, le ministre a déclaré que cela n'aurait aucun effet sur les prix à la pompe. En effet, selon lui, les pétrolières en profiteraient pour hausser les prix et faire davantage de profits au lieu de refiler la réduction aux consommateurs. Hein!?! La concurrence, l'offre et la demande, les guerres de prix, ça n'existe donc pas? Si on suit la « logique » du ministre, les taxes – qui comptent pour environ 50% du prix du litre – n'ont qu'une influence marginale sur le prix à la pompe. Les détaillants d'essence ne sont pas sujets aux mêmes lois économiques que tout le monde et peuvent se permettre de vendre aux prix qu'ils veulent, question de faire toujours plus de profits. Mais pourquoi alors se contentent-ils de nous imposer un prix de 85 cents le litre ces jours-ci, s'ils peuvent faire toujours plus de profit à leur guise? Pourquoi pas 1 $ le litre, 2 $, 10 $, 100 $? En fait, le ministre fait peut-être l'idiot pour éviter de défendre trop ouvertement la véritable raison de son refus de baisses ses taxes: ils veut notre argent, tout simplement. Mais il s'est tout de même laissé échapper. « On baisse les impôts, on remet de l'argent dans la santé, dans l'éducation, dans l'économie. Alors si on en met partout, faut bien le prendre quelque part », a-t-il par ailleurs rappelé. Tu l'as dit.  
(Source: Presse canadienne) 
 
 


 
 
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