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Montréal, 8 juillet 2000 / No 64 |
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par
Yvon Dionne
Qu'est-ce qui ne va dans notre régime démocratique? Pourquoi sommes-nous si nombreux à être déçus de la politique et des politiciens? Nos députés et ministres souhaitent une hausse de salaire; ils parlent même d'équité salariale avec les cadres de la fonction publique qui sont sans doute trop bien payés pour faire ce qu'ils font: justifier les politiques gouvernementales. Certes, les politiciens sont mal payés mais ils ne sont pas redevables autrement que par la perte de ce salaire pour les conséquences négatives et coûteuses de leurs législations. Comment donc les rémunérer selon leur performance (car après tout c'est ce qu'ils veulent pour nous tous)? |
L'application du cadre d'analyse économique aux problèmes
des choix publics permet d'apporter plusieurs éléments de
réponse. C'est ce que font les économistes Michel Boucher
(Ph.D. London School of Economics) et Filip Palda (Ph.D. Université
de Chicago) dans un livre intitulé Ici, le peuple gouverne
(Éditions Varia, 2000). Les auteurs s'inspirent de l'analyse des
choix publics; les recherches de l'école du Qui gouverne? Je suis obligé de résumer donc, forcément, de simplifier. Qu'est-ce que la démocratie? En théorie, c'est un régime politique où les citoyens gouvernent. Mais en pratique ils gouvernent de plus en plus indirectement via des représentants qui les consultent une fois tous les quatre ans (sur un programme souvent imprécis) et dans un climat politique où les groupes d'intérêts ont le poids réel sur les décisions politiques. Les politiciens sont à la recherche de votes et sont donc avant tout intéressés par les résultats à court terme. La démocratie se situe entre l'anarchie et la dictature. S'il n'y a pas de recette magique ou unique, il y a par contre des moyens éprouvés permettant de montrer aux politiciens qu'ils ne doivent pas prétendre être les meilleurs juges de la L'information est à la base de tout choix éclairé. Or en politique, l'information est monopolisée par les groupes de pression et par le gouvernement, dont les partis politiques et la fonction publique. Les politiciens eux-mêmes dépendent d'une bureaucratie bien établie. Il est donc difficile pour le citoyen de distinguer objectivement le vrai du faux de toutes ces prétentions à la vérité. Outre l'impact à la hausse sur les dépenses gouvernementales, le coût des diverses mesures (fiscales ou budgétaires bénéficiant directement à tel ou tel groupe) est réparti sur l'ensemble des citoyens; d'autres avantages aux groupes de pression sont régulièrement consentis par les législations et la réglementation gouvernementale, affectant les prix payés par les consommateurs. Les bénéfices consentis sont très visibles alors que le coût sur l'ensemble l'est beaucoup moins et est le plus souvent escamoté par les politiciens. Le gouvernement justifie par exemple l'octroi de subventions par la création d'emplois, sauf qu'il camoufle les pertes d'emplois créées par l'argent soutiré des contribuables. Ces temps-ci, d'innombrables sangsues veulent accaparer leur part de nouvelles dépenses gouvernementales parce que le gouvernement dégage, pour l'instant du moins, un surplus. Pour favoriser la croissance économique, il importe plutôt de diminuer la part de l'État dans l'économie. Des solutions Les auteurs proposent des solutions: 1) Encourager la démocratie directe via, entre autres, le recours à des référendums. Les politiciens n'aiment pas les référendums parce que ceux-ci les obligent à partager le pouvoir. La raison officielle qu'ils donnent est une demi-vérité: le coût d'un référendum. C'est la réponse toute faite donnée par Lucien Bouchard à un projet de loi du Parti de l'Action démocratique de Mario Dumont permettant aux citoyens, selon certaines conditions, d'initier des référendums. 2) Améliorer la démocratie représentative en instaurant plus de concurrence en politique (entre autre l'intervention directe des citoyens lors d'une campagne électorale et une représentation qui ne favorise pas le bipartisme), en n'éliminant pas la compétition entre gouvernements (sous prétexte d'harmonisation) et en décentralisant les pouvoirs; un État central fort à Québec et à Ottawa ne peut que restreindre la liberté de choix.
3) Abolir les subventions aux partis politiques et éliminer les limites aux dépenses électorales; les règles actuelles au Québec favorisent les deux partis en place, donc le statu quo. 4) La razzia sur les biens qui appartiennent à tous, donc à personne, et sur les dépenses gouvernementales, est illustrée en économie par la 5) Pour ce qui est de la fonction publique, le Éduquer au lieu de réglementer Certes, comme le disent les auteurs, des règlements sont nécessaires; plusieurs règlements sont d'ailleurs des règles de conduite indiscutables. Mais j'ajoute que nous sommes en train de créer une société de gens qui se demandent d'abord s'il y a un règlement quelconque pour telle action ou entreprise au lieu de se servir de leur jugement. Si aucune voiture de patrouille n'est en vue, la plupart ne respectent pas les limites de vitesse... Si ce n'est pas prohibé ou surveillé, est-ce nécessairement une action justifiée? Dans la plupart des cas, au lieu de réglementer il serait préférable d'éduquer. C'est une façon de procéder qui donnerait de meilleurs résultats à long terme car nous aurions une population où la grande majorité (pas tous sans doute) agiraient comme des gens responsables au lieu de continuellement attendre que l'État (c'est-à-dire les bureaucrates, les politiciens et les groupes qu'ils représentent) agisse à leur place. Quand la grande majorité aura appris à se passer de l'État pour résoudre ses problèmes, nous pourrons alors dire que nous vivons en démocratie. Comment obtenir des résultats puisque le pouvoir actuel ne peut pas, instinctivement, se délester de ses pouvoirs? La solution est simple. La résolution 13 en Californie est un exemple. D'autres méthodes ont été utilisées par Gandhi et par le mouvement de révolte anticommuniste dans l'ex-Tchécoslovaquie: ignorer les politiciens et créer un pouvoir parallèle!
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