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Montréal, 14 octobre 2000 / No 69 |
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L'éditorial de Martin Masse sur l'héritage de Trudeau me semble bien sévère et manque de nuances même si je partage quelques-uns de ses points de vue (voir L'HÉRITAGE EMPOISONNÉ DE PIERRE TRUDEAU, le QL, no 68). Impossible dans le cadre d'une lettre de tout commenter. Je retiens trois points seulement. Je suis d'accord avec l'interprétation de Masse sur l'attitude de Trudeau vis-à-vis des nationalistes québécois. Celle-ci trop rigide, trop émotionnelle surtout, a contribué à encourager et durcir le mouvement. Appartenant à la même génération et ayant aussi vécu comme lui dans un Québec dominé par une élite retardataire et archaïque, j'ai compris son point de vue sans approuver la méthode qui ne facilitait pas les négociations normales et continuelles en régime fédéral. J'en sais quelque chose ayant eu l'occasion de négocier plusieurs dossiers à titre de ministre des Affaires intergouvernementales et également de ministre de l'Éducation. |
Je suis d'accord aussi avec l'illogisme du gel des prix dans le contexte
économique du temps. C'était une mesure antilibérale
et bureaucratique. D'accord aussi pour ce qui est de la nocivité
des tendances centralisatrices, bien que tous les gouvernements fédéraux
que nous avons connus aient abusé du pouvoir de dépenser,
caractéristique discutable du système. Mais là où
je ne suis pas d'accord, c'est à propos des événements
d'octobre 70.
J'étais là et j'ai participé aux discussions. Je me permets donc d'en parler. Il ne faut pas juger de ces événements à posteriori en se disant, qu'après tout, les felquistes n'étaient pas nombreux et qu'il s'agissait d'un mouvement isolé. Il faut en toute honnêteté se situer au début de la crise au moment où tout était confus et où il a fallu prendre des décisions difficiles. Or, j'affirme qu'il n'y avait pas, dans les circonstances, d'autre solution que l'application de la loi sur les Mesures de guerre. Bien sûr, la réaction était disproportionnée mais rien dans notre arsenal juridique permettait alors de faire face à la situation en utilisant une législation mieux adaptée. L'ordre public était en danger, un ministre et un diplomate étranger avaient été kidnappés par les terroristes. La police mal préparée à faire face à ce genre de situation, inédite dans notre pays, n'arrivait plus à assumer sa mission et réclamait des renforts. Il n'y avait pas d'autres renforts possibles que l'appel à l'armée. Aussi, il était impossible de maintenir un suspect en prison assez longtemps pour diligenter une enquête satisfaisante. Et n'oublions pas la suite d'événements violents qui avaient marqué l'époque. C'est vrai qu'il y a eu des centaines d'arrestations non justifiées, ce qui est déplorable, chez des gens qui avaient flirté un peu légèrement avec les mouvements nationalistes. Mais où chercher sinon dans la mouvance nationaliste compte tenu des revendications du FLQ? Le gouvernement a pris la décision de faire appel à la loi des Mesures de guerre à contrecoeur en se basant sur les rapports de sa police. Tout cela pour dire que Trudeau a pris ses responsabilités et que les critiques de Masse me semblent excessives. En terminant, je dirais que si l'on peut avoir des réserves sur certaines politiques de Trudeau, il reste que cet homme par son talent et son style s'est révélé être un grand premier ministre. Il a marqué l'époque. François
Cloutier,
ancien
ministre québécois
de
l'Éducation et des Affaires intergouvernementales
(1970-76)
Monsieur Masse, Re: L'HÉRITAGE EMPOISONNÉ DE PIERRE TRUDEAU, le QL, no 68). Votre éditorial sent la haine à plein nez. Jean-Marie
Vanasse
Hull,
Québec
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