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Montréal, 11 novembre 2000 / No 71 |
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par
Pierre Lemieux
L’impôt est-il nécessaire? Si oui, quelles formes d’impôt doit-on préférer? Sous le titre de Théories contre l’impôt, un recueil de textes classiques publié aux Belles Lettres ouvre la boîte de Pandore(1). |
Positions
sur l'impôt
Malgré le titre de l’ouvrage, la plupart des auteurs qui y sont
réunis ne se prononcent pas contre l’impôt comme tel, mais
contre les impôts inefficaces, injustes ou spoliateurs. Ce biais
est représentatif de la pensée libérale classique,
pour laquelle l’impôt est nécessaire, quitte à respecter
certains critères d’efficacité et de justice.
Bastiat précise que,
À l’instar de Bastiat, Say déboulonne l’argument (hélas!
encore actuel) qui veut que les dépenses publiques financées
par l’impôt créent de l’emploi. En effet, l’impôt ne
crée rien puisque ce qui est dépensé par l’État
n’est plus dépensé par les contribuables. De plus,
S’ils s’accordent sur la nécessité d’impôts peu élevés,
les théoriciens libéraux s’entendent moins bien sur la forme
qu’ils doivent prendre. Say est favorable à l’impôt progressif
mais se retrouve en minorité devant Wilfredo Pareto (1848-1923),
Ludwig von Mises (1881-1973), Friedrich Hayek (1899-1992) et Milton Friedman
(1912-), qui défendent un impôt sur le revenu proportionnel.
Les taux progressifs, expliquent ces derniers, rapportent peu au trésor
public, permettent à la majorité d’exproprier une minorité,
et deviennent naturellement confiscatoires. Pareto l’avait déjà
prévu en 1899:
De vol à esclavage
On regrette que Théories contre l’impôt ne contienne
pas de textes contre l’impôt sur le revenu comme tel. On songe ici
à l’extraordinaire pamphlet de Frank Chodorov (1887-1966)(2)
ou, plus récemment, à la Lettre ouverte aux contribuables
de Jean-Claude Martinez(3).
Cela étant, Théories contre l’impôt présente
quelques textes plus radicaux, libertariens ou anarchistes individualistes,
qui remettent en question la nécessité et la légitimité
de tout impôt. Henry David Thoreau (1817-1862) refusait de payer
la capitation pour dénier son allégeance à l’État.
À l’instar de Herbert Spencer (1820-1903) et de Robert Nozick (1938-),
pour qui l’impôt s’assimile à l’esclavage, Murray Rothbard
(1926-1995) défie quiconque de
Ce qui nous amène à la question de fond qui est sous-jacente
à celle de l’impôt: l’État a-t-il un rôle légitime
à jouer? Pour les libéraux classiques, la réponse
est affirmative. Les libertariens les plus radicaux répondent par
la négative: comme Lysander Spooner (1080-1887) l’écrit dans
l’un des textes de Théories contre l’impôt, l’État
est
Les textes présentés dans Théories contre l’impôt
constituent une bonne introduction à ces questions essentielles
de la théorie économique et politique, de même qu’à
la question plus actuelle de la résistance fiscale. Spencer y voyait
Ces lectures suggèrent une autre question: Comment avons-nous pu
nous éloigner si loin de l’idée et de l’espoir de la liberté
individuelle que défendent, chacun à sa manière, les
auteurs de Théories contre l’impôt? Il y a un siècle
et demi, Proudhon voyait
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