Montréal, 11 novembre 2000  /  No 71
 
 
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Yvon Dionne est retraité. Économiste de formation, il a travaillé à la Banque du Canada puis pour le gouvernement du Québec. On peut lire ses textes sur sa page personnelle.
 
OPINION
  
L'ÉCOLE PUBLIQUE, 
EST-CE RÉELLEMENT VOTRE CHOIX?
 
par Yvon Dionne
  
  
          En septembre, les quatre commissions scolaires de la région Chaudière-Appalaches (région pour une bonne part rurale), dont la commission scolaire de la Côte-du-Sud, lançaient une campagne publicitaire visant à mousser l'image de l'école publique sous le thème « L'école publique, c'est mon choix » 
  
          Un directeur général, payé à même nos impôts et contributions de toutes sortes, osait déclarer à cette occasion (l'esprit critique rendu sans doute au niveau des talons): « L'école publique représente plus que jamais un choix logique, un choix de vie ». Un « choix de vie »? C'est fort. Peut-être pensait-il à tous les « drop out » de l'école publique...
 
« Improductive et démobilisante » 
 
          Où est le problème? À bien y penser, avez-vous réellement le choix en tant que parents d'envoyer vos enfants dans telle ou telle école? Sauf exception, il n'y a aucune concurrence vis-à-vis ou intra muros à l'école publique dans la région desservie par la Commission scolaire de la Côte-du-Sud (Montmagny-L'Islet). 
  
          D'ailleurs, pas besoin de chercher de midi à quatorze heures car c'est le ministre de l'Éducation lui-même, François Legault en personne, qui jugeait « improductive et démobilisante » une étude conjointe de l'Institut économique de Montréal et de l'Institut Fraser comparant les écoles secondaires du Québec entre elles. L'étude, intitulée Bulletin des écoles secondaires du Québec, Édition 2000, a été réalisée par Richard Marceau (professeur à l'ÉNAP) et Peter Cowley (chercheur à l'Institut Fraser) et est disponible en ligne à l'adresse suivante: http://www.iedm.org/ecoles/bulletintro_fr.html. Elle a fait l'objet d'un résumé dans la revue L'actualité 
  
          Or j'écoutais, le 30 octobre à l'émission Liza qui passe sur l'heure du midi à la télé de Radio-Canada, une discussion sur le « Palmarès » de la revue L'actualité; les critiques de cette comparaison disaient en substance que si des écoles ont une mauvaise cote (généralement des écoles publiques), c'est parce qu'elles n'ont pas suffisamment de « bons élèves » et qu'elles manquent d'« argent », de « moyens ». Le mode de fonctionnement du régime public n'aurait rien à se reprocher. C'est la même réponse que l'on nous sert dans le domaine de la santé « publique »: s'il y a des listes d'attente et que l'on vous traite comme un numéro, c'est qu'il y a trop de « mauvais malades » et pas assez d'« argent ». 
  
  
     « Si vous ne pouvez pas comparer, comment pouvez-vous choisir le meilleur produit au moindre coût ? L'école publique, comme la santé publique d'ailleurs, est réellement dans un cul-de-sac si elle en est rendue à refuser non seulement la concurrence, mais la simple comparaison. » 
 
 
          Si vous ne pouvez pas comparer, comment pouvez-vous choisir le meilleur produit au moindre coût? L'école publique, comme la santé publique d'ailleurs, est réellement dans un cul-de-sac si elle en est rendue à refuser non seulement la concurrence, mais la simple comparaison. 
  
          Une autre émission télévisée (Droit de parole à Télé-Québec) présentée le 3 novembre nous demandait si nous faisions encore confiance à l'école publique. À cette occasion, un « intervenant » du réseau public suggérait au gouvernement, le plus sérieusement du monde, qu'il remette au réseau public les économies réalisées avec le réseau privé (en effet, il en coûterait quelque 2400 $ moins cher, par élève, dans le réseau privé subventionné par rapport au réseau public); les défenseurs du réseau public expliquent cette différence par le trop grand nombre d'handicapés, etc., dans le réseau public (apparemment qu'il n'y aurait pas que les élèves qui soient handicapés...).  
  
          Avez-vous bien compris le « raisonnement » de cet « intervenant » (je mets ce dernier mot entre guillemets car il est un mot passe-partout dont l'usage a été généralisé par les étatistes)? Si moi j'étais payé par le gouvernement (donc par vous-même, via les impôts) pour vous offrir un produit que vous achetez d'un concurrent, parce qu'il vous coûte via les impôts 2400 $ moins cher et qu'il est de meilleure qualité, et que je vous demande, en plus de ce que vous avez déjà payé, de me payer la différence de prix parce que j'ai eu des problèmes de production, vous me diriez d'aller au diable n'est-ce pas? Et vous auriez raison. 
 
 
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