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Montréal, 17 février 2001 / No 77 |
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par
Yvon Dionne
Le vocabulaire du Newspeak (ou Novlangue) s'enrichit constamment, plus à vrai dire par le viol généralisé du sens des mots d'usage courant que par l'invention de nouveaux mots (le Newspeak de George Orwell, ou même le Doublespeak, étaient plus riches à cet égard). Malheureusement je ne peux pas (faute de temps et d'argent) créer un Office permanent de l'anti-Novlangue (l'OPAN), et encore moins de l'anti-étatisme; ce sera donc tout au plus une occupation occasionnelle... mais néanmoins efficace en termes de coûts/bénéfices d'autant plus que je vous l'offre gratuitement! |
Le
pillage de la «richesse collective»
Ceci dit, mes tripes font quelquefois des réactions naturelles qui en disent long (excusez ce langage disgracieux, pas politically correct pour 5 cennes mais tellement bien senti – appelons-les par euphémisme mes phéromones) non pas quand j'écoute les idiophones du ministère de l'Éducation... (c'est extrait du nouveau dictionnaire des instruments de musique du gouvernement), mais surtout lorsqu'on nous canonne les oreilles avec les Il s'agit de ces réinvestissements dans l'éducation, dans la santé, et généralement dans toutes les dépenses gouvernementales que les étatistes (et les futures vedettes étudiantes de l'étatisme, déjà recherchées par le PQ, les syndicats, Quand une entreprise parle de réinvestissement, c'est qu'elle décide de prendre une partie de ses bénéfices pour accroître sa production. Le sens dans la Novlangue, c'est plutôt de vous prendre un peu plus d'argent pour le dépenser à votre place même s'il n'y a pas d'amélioration de la qualité des individus dans les domaines de la santé et de l'éducation. Ces gens-là, sans même avoir appris à compter, nous demandent des centaines de millions de dollars comme si cet argent leur était dû! Il y a une semaine, le Parti de l'Action démocratique s'est joint à la cabale des culs de poule de la gauche et demandait au gouvernement du Parti québécois de respecter ses promesses à nos dépens en réinvestissant dans la santé et l'éducation. C'est quand même curieux pour un parti politique comme l'ADQ (ayant pour fondateur Jean Allaire) de demander à un gouvernement étatiste de respecter ses engagements. Personnellement, je serais plutôt heureux si ce gouvernement ne les respectait pas! Mais enfin! Même si les vues de Mario semblent insondables, vous m'excuserez mais je n'ai pu m'empêcher de faire de nouveau... des émissions de phéromones pour l'occasion (dont le point culminant a été atteint lors de la victoire, le 9 février, du ministre Legault avec les centaines de millions (non pas de phéromones, mais de $) qui, apparemment, s'étaient évaporés mais que François a retrouvés par la grâce pontificale de l'intervention de Lucien). Je me suis d'abord demandé si Mario n'ambitionnait pas d'être à la gauche du Parti québécois. Et puis je me suis dit que ce serait plutôt à Michel David, chroniqueur au Soleil, de se pencher sur ce cas de psychanalyse politique.
Pour revenir à nos moutons, nul doute que la santé et l'éducation peuvent être considérées comme des investissements, dans la mesure où un investissement est une consommation reportée à plus tard et qui donne un rendement, c'est-à-dire une compensation pour le report de la consommation dans le futur. C'est ce qu'on appelle un investissement... rentable: quand les fonds dépensés dans le présent sont orientés de telle façon qu'ils permettent une plus grande consommation dans l'avenir. Réinvestir dans l'individu Tant mieux si, comme moi, vous êtes plutôt autodidacte; alors votre réinvestissement est doublement rentable: 1) pour vous, parce qu'il ne vous a coûté qu'un effort, un seul, sans que vous ayez à payer un autre pour ses efforts à vous faire avaler ses connaissances; 2) pour les payeurs de taxes, au nom desquels d'ailleurs je vous envoie des remerciements pour ne pas être des esclaves quand vient le temps d'acquérir des connaissances! Vous n'êtes pas, comme la majorité des gens, des esclaves de l'enseignement: vous avez appris... à apprendre. Bravo! Car l'enseignement de base, apparemment, c'était ça qu'il devait vous apprendre. L'enseignement de base devait vous apprendre à apprendre, à progresser dans la vie en étant capables, de vous-mêmes, sans biberon pour les gens âgés (au contraire de la société de l'avenir de Michel Clair), à acquérir toutes les connaissances dont vous avez besoin (et croyez-moi, c'est un univers infini). Vous avez donc réussi. Félicitations! Plus besoin de la cote de François Legault (de toute façon, elle ne vaut pas grand-chose puisque votre passage serait assuré même si vous échouez). L'illusion de la gratuité étatique Le discours des étatistes part de cette fausse prémisse que l'argent est gratuit, qu'il n'a pas de coût. Évidemment, ce qui crée l'illusion de la gratuité c'est que ces fonds sont prélevés par l'État de façon impérative, et même coercitive, sans qu'il ait un intérêt à payer aux contribuables (et de toute façon il ne pourrait pas payer d'intérêt autrement qu'en prélevant plus d'impôt!). L'investissement dit public en santé et en éducation, principalement, est considéré comme une dépense courante où toute dépense est justifiée, où le besoin crée automatiquement la dépense.
Le seul critère a toujours été, selon la dynamique
même de la croissance des dépenses gouvernementales, la capacité
de l'économie à absorber les impôts, le gaspillage
et l'incurie! L'allocation des fonds ne peut pas se faire dans le sens
du meilleur rendement. Les décisions sont prises à la soviétique,
de façon bureaucratique. L'investissement public exige un acte de
foi dans le bon jugement des politiciens et des fonctionnaires, un acte
de foi qui s'est avéré très coûteux par le passé.
Que faire pour briser le fonctionnement de cette vis sans fin (i.e.
plus de dépenses gouvernementales conduisent à toujours plus
de dépenses gouvernementales)? La solution immédiate c'est,
bien sûr, de leur couper les fonds d'un ordre qui ramènerait
par exemple les dépenses gouvernementales de 45% à un maximum
de 30% du PIB d'ici 10 ans. Mais foncièrement, pour que les décisions
aient une certaine permanence, il est urgent de revoir les mécanismes
de fonctionnement des choix publics.
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