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Montréal, 3 mars 2001 / No 78 |
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par
Brigitte Pellerin
On dirait qu'il faut toujours aller au bout du monde pour Mautadite chanceuse, vous dites? Ouais, bon. Ça reste à voir. D'abord, les Bahamas (surtout si on oublie le soleil pour une minute) ce n'est pas exactement un endroit de rêve. Ensuite, il y a les requins. J'en ai vu plusieurs, dont cinq requin-tigres qui devaient bien faire entre 6 et 8 pieds de long. Oui, c'est impressionnant. Mais il y a pire: je me suis littéralement fait bouffer toute crue par |
M'enfin. Ça doit être le prix à payer pour s'éviter
la pluie verglaçante.
Sauf que moi, la plage, ça ne me suffit pas. Quand je voyage, j'essaie autant que possible de me mêler aux couleurs locales en allant fouiner dans les cafés et bistros ordinaires pour voir comment les gens de la place vivent leur vinaigrette. Et c'est ici que mon récit se gâte. Spectacle désolant Les Bahamas, c'est un paquet d'îles (autour de 700, pour une population totale d'environ
Un peu à l'écart de la zone touristique, c'est la désolation.
Enfin, c'est l'impression que j'ai eue. D'abord, tout le monde conduit
du mauvais côté de la route. Ensuite, la route.... ahhh, quelle
vision. Des
Renversée, étais-je. De quoi réveiller le démon socialiste qui sommeille quelque part dans les bas-fonds de mon âme. Où il est le problème? Vous savez ce qui m'a sauvée de la grande descente aux enfers? C'est de réaliser que les Bahamiens (ou est-ce Bahaméens?), quand on se met à les regarder comme il faut, ont l'air relativement heureux. Ils sont gentils et souriants. Ils disent bonjour à tout le monde, blanc ou noir, et ils ne semblent jamais s'enfarger dans les distinctions de classes. C'est vrai, les Bahamas ne sont pas Cuba. Les gens sont libres et ils votent démocratiquement pour le gouvernement de leur choix. Et ils ont l'air aussi satisfaits de leur système que les Canadiens le sont du leur. C'est-à-dire pas tant que ça, mais juste assez pour rester. Alors, je vous le demande: il est où, le problème? J'y ai songé. Je ne suis pas certaine d'être parvenue à une conclusion satisfaisante, mais je vous la garroche tout de même – vous me direz ce que vous en pensez. Je pense que le problème, c'est moi. C'est la difficulté que j'ai à imaginer qu'on puisse être heureux de vivre sur une île où le café au lait n'a pas encore été inventé. C'est le réflexe que j'ai eu de me dire qu'il fallait que quelqu'un fasse quelque chose pour Je pense que le problème, c'est que j'ai (dans un moment de faiblesse) superposé ma vision du Je suis revenue au pays et j'ai pris deux aspirines. J'attends que ça passe.
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