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Montréal, 28 avril 2001 / No 82 |
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par
Pierre Desrochers
Le travail des enfants dans les économies sous-développées est l'argument massue contre la libéralisation du commerce. S'il est facile, comme le démontre la campagne du Mouvement mondial pour les enfants, de rallier le support de tout un chacun pour une cause aussi noble que le droit des enfants à la |
Une
constante à travers l'histoire
L'une des choses qui m'a toujours frappé dans le discours des opposants au travail des enfants, c'est qu'ils semblent s'imaginer que les pauvres petits mèneraient une vie idyllique à la campagne si leurs parents avaient eu le bon sens de ne pas migrer vers les bidonvilles. L'ennui, c'est que le travail des enfants a toujours été généralisé en milieu rural et que, là comme ailleurs, certains parents et employeurs y ont un comportement répréhensible.
Quoi qu'il en soit, l'alternative à l'assemblage d'espadrilles ou
la confection de ballons de soccer n'est pas l'école publique, mais
la manipulation du fumier, le ramassage du bois et le transport de l'eau,
des occupations qui sont le plus souvent non rémunérées.
Le travail en usine par contre est garant d'un salaire régulier
qui hausse de façon notable le niveau de vie familial.
Comme je n'ai aucune raison de croire que les parents pauvres des économies
sous-développées n'aiment pas leurs enfants, il me semble
logique de croire que l'exode rural et le travail dans des entreprises
exportatrices sont la conséquence d'actions de gens voulant offrir
les meilleures conditions de vie possibles à leurs enfants.
Nombre de bien-pensants se croient toutefois plus intelligents et mieux intentionnés que les parents de ces enfants (du moins pour ceux qui en ont) et n'ont de cesse de vouloir les libérer du fardeau de l'oppression capitaliste. C'est ainsi qu'en 1993, certains fabricants de vêtements bengalis qui vendaient l'essentiel de leur production à Wal-Mart furent mis au banc des accusés parce qu'ils employaient des enfants dans leurs usines. Le sénateur démocrate Tom Harkin mit alors en branle l'appareil législatif américain pour bannir l'importation de vêtements de tous les pays où l'on emploie de la main-d'oeuvre juvénile. Les entreprises du Bangladesh ne tardèrent évidemment pas à mettre tous ces enfants à la porte – plus de 30 000. Les petits ne retournèrent toutefois pas à l'école, car comme le constatèrent des observateurs d'Oxfam – que l'on ne peut certes pas accuser d'être un agent du capital international – ces enfants durent dans le meilleur des cas accepter des emplois moins rémunérateurs et plus dangereux, tandis que plusieurs autres se retrouvèrent à la rue où la majorité vit de la prostitution.
Le même scénario se répète d'ailleurs à
chaque fois que l'on veut interdire le travail des enfants dans les économies
sous-développées, ce qui a amené les porte-parole
de bastions du socialisme tels qu'Oxfam, l'Unicef, Save the Children et
l'économiste gauchiste Paul
Krugman à ne plus prendre position contre le travail des enfants,
bien qu'ils souhaitent évidemment de nouvelles réglementations
gouvernementales pour prévenir les abus. Ce ne sont toutefois pas
de nouvelles réglementations qui leur assureront un meilleur niveau
de vie, mais une demande accrue pour leurs produits.
La meilleure façon d'utiliser votre argent pour améliorer
le sort des enfants du Tiers-Monde, chers lecteurs, n'est pas d'engraisser
encore une fois la bureaucratie onusienne et l'industrie de la pauvreté
internationale, mais bien plutôt d'acheter le plus grand nombre possible
de produits manufacturés en provenance d'économies sous-développées.
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