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Montréal, 9 juin 2001 / No 84 |
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par
François Tremblay
La montée de l'anticapitalisme – l'opposition à la liberté dans les échanges, surtout entre citoyens de pays différents – doit certainement nous inquiéter. Cependant, l'antitechnologisme, qui fait partie de ce mouvement contre le progrès, devrait aussi nous inquiéter. Les deux sont évidemment inter-reliés: le commerce stimule l'avancée de nouvelles technologies, qui réciproquement rendent le commerce plus efficace et les produits plus appréciés. |
Personne, sauf les anarchistes les plus dérangés, ne mettrait
en doute le fait que la technologie a amélioré notre niveau
de vie de plusieurs ordres de grandeur. Les racines du mouvement ne résident
pas directement dans ce fait, mais plutôt concernent la désirabilité
des effets secondaires de ce niveau de vie. Les effets sur l'environnement,
la sécurité, et la liberté humaine (plus précisément
la plus grande liberté que quelques technologies nous donnent, comme
la cryptographie) sont les plus décriés.
Levée de boucliers La nouvelle guerre contre le clonage et les pratiques médicales basées sur la génétique est le premier retentissant coup de canon dans la lutte antitechnologiste. Presque tous les pays du monde ont joint la lutte, à part quelques îlots de liberté en Asie, en Amérique du Sud et en Afrique, qui se referment rapidement sous la pression des pays plus développés. La question des découvertes génétiques en général est beaucoup plus vaste que la simple question de copier la génétique d'un être humain, même si c'est le clonage qui a toute l'attention. Les implications se ramifient dans des domaines comme la fabrication d'organes, les traitements géniques et autres modifications génétiques, les aliments transgéniques, etc. L'information génétique d'un individu est contenu dans son ADN, et cette molécule est donc la clef du processus. Pour le clonage, le processus consiste à implanter un ovule dans la femme, ovule dont l'ADN a été préalablement substitué par la séquence à Au Canada, l'avant-projet de loi d'Allan Rock interdit le clonage humain, ainsi que la plupart des pratiques génétiques, sauf le clonage animal et le clonage de cellules humaines à des fins thérapeutiques. En mai, lors de la réunion annuelle de l'Organisation Mondiale de la Santé, le Canada s'est présenté comme pionnier dans la guerre contre le clonage, en proposant un accord interdisant ces pratiques génétiques. Aux États-Unis, cinq États ont déjà rendu le clonage illégal et un projet de loi américain rendrait illégaux le clonage et l'immigration de clones. L'entreprise raëlienne appelée Clonaid, qui entend offrir un service de clonage pour Si la guerre contre le clonage se poursuit de plus belle, ce qui semble être le cas, nous pouvons anticiper que ses résultats seront aussi peu convaincants que ceux de la guerre contre la pauvreté ou la guerre contre la drogue. Ou comme le disait sarcastiquement Harry Browne lors de sa dernière campagne électorale, rendre le clonage illégal résultera en quinze Bill Clinton et dix Al Gore dans les cinq prochaines années.
Plus que tout autre marché noir, un marché noir du clonage serait extrêmement dangereux, vu la complexité scientifique du processus. Si nous persistons dans cette voie, nous pourrions faire face à une crise médicale mondiale, non seulement par les barrières que cela créerait pour la médecine génétique, mais par les catastrophes possibles dues aux manipulations génétiques effectuées par des acteurs de marché noir. Assisterons-nous à une mafia de clones? L'état de nature Nous faisons face à un domaine complexe, et la tendance générale à simplifier le débat par des phrases creuses est regrettable. Bien sûr, les manipulations génétiques ne sont pas sans danger, même si elles sont faites dans la légalité – il serait obtus de penser autrement. Mais ceci est vrai de n'importe quelle technologie. Quiconque ayant vu son travail effacé par un L'opinion scientifique sur le sujet jusqu'à maintenant est simple: le clonage est encore une technique peu efficace, peu étudiée, qui pourrait encore être très dangereuse (le taux de succès n'a pas encore excédé 10%), et les détails moléculaires du processus ne sont pas encore bien compris. La solution à ces problèmes, cependant, n'est pas de le rendre illégal, mais plutôt d'encourager la recherche. Comme le but du mouvement antitechnologiste est de revenir à l'état de nature, ou du moins de s'en rapprocher, une telle alternative n'est pas envisageable. Oui, le clonage a des mauvais côtés, mais si on n'écoutait que les arguments des politiciens, on pourrait croire que les arguments contre le clonage sont tellement ridicules qu'il ne doit pas y avoir vraiment de mauvais côtés! Tandis que les moins éduqués d'entre nous évoquent des scénarios apocalyptiques d'armées de clones et de terribles mutations, les plus éduqués clament qu'il ne faut pas changer la nature humaine. Comme exemple de ce comportement, Allan Rock justifie ses lois comme protégeant Il y a certainement des questions philosophiques intéressantes dans la manipulation génétique. Qu'est-ce qu'un être humain? Devons-nous prendre le contrôle de notre propre évolution, et comment? Ce sont des questions profondes, mais d'évoquer constamment la nature humaine pour empêcher toute discussion est doctrinaire. Sur quoi se base-t-on pour rejeter le droit au clonage et autres techniques? À qui appartient l'ADN d'un individu? La question est fondamentale, tout autant que pour l'avortement – ce n'est pas un hasard que les deux sont liées à la reproduction. Si le corps de l'individu appartient à celui-ci, alors il n'y a aucune objection au clonage. Ce n'est qu'en partant de la fausse prémisse que les individus appartiennent à l'État, au-delà des droits et libertés auxquels nous sommes sujets, que nous pouvons trouver normal de débattre de questions comme les lois contre le clonage. Me nier ma liberté la plus fondamentale n'est pas une protection de ma |
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