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Montréal, 4 août 2001 / No 86 |
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par
Yvon Dionne
La lutte contre la pauvreté s'annonce comme un des principaux thèmes des prochaines élections provinciales, et même fédérales. Le gouvernement du Québec nous promet En fait, tout le gaspillage gouvernemental, s'il était éliminé, permettrait d'enrichir tout le monde! Sur le portail du gouvernement du Québec on compte pas moins de 274 ministères, organismes, associations, sociétés d'État. De ce côté, il n'y a pas encore d'amaigrissement. Qu'en est-il des citoyens, eux dont les droits sont définis et limités par l'État? |
D'abord,
bien définir la pauvreté
Périodiquement, l'agence fédérale de statistiques (Statistique Canada) nous révèle qu'il y a toujours plus de gens sous le seuil de faible revenu. Ces seuils de faible revenu ( Autrement dit, la question est de savoir: si on est pauvre, est-ce parce qu'il y en a qui sont plus riches que nous, ou est-ce parce qu'on ne peut pas se nourrir et se loger convenablement? Évidemment, certains groupes d'activistes sociaux ont intérêt à présenter les choses pires qu'elles ne sont en réalité et adoptent même des seuils plus élevés que ceux de Statistique Canada. Tout ce qui va mal est mis au débit du capitalisme et de la mondialisation. C'est pas compliqué comme raisonnement. La pauvreté, monétairement parlant, ne peut être définie que par un niveau de revenus jugé insuffisant pour l'achat des biens de première nécessité. Jusqu'à tout récemment, Statistique Canada s'est refusé à adopter cette approche arguant que la composition du Statistique Canada contribue à la confusion La petite polémique sur cette question (il est quand même important de savoir de quoi on parle) a franchi une nouvelle étape au cours des deux derniers mois. Le 22 juin, un analyste de StatCan (Andrew Heisz) rendait publique une comparaison des seuils de faible revenu entre les familles urbaines et rurales. Il n'en fallait pas plus pour que la Presse canadienne envoie une dépêche à tous ses abonnés qui se sont empressés de titrer:
Cette Un autre point à mentionner est que le groupe le plus important de personnes à faible revenu est constitué des jeunes de moins de 18 ans. Il fallait d'ailleurs s'y attendre, puisqu'une telle situation est parfaitement normale. Leur nombre était, en 1998, deux fois plus élevé que le groupe des Le taux de pauvreté est tout au plus de 8% La dernière étude du professeur Christopher Sarlo a probablement donné le coup de grâce à la confusion générée par les seuils de faibles revenus de Statistique Canada. L'Institut Fraser a rendu publique le 23 juillet la troisième mise à jour en moins de dix ans des travaux de Sarlo constate que la baisse la plus prononcée du taux de pauvreté s'est faite avant la hausse phénoménale des dépenses sociales. Ce seul constat met en doute l'efficacité des programmes sociaux (les premiers bénéficiaires de ces programmes ne sont pas ceux qui sont dans le besoin mais plutôt leurs administrateurs, qui sont les premiers profiteurs de l'État). Qui plus est, la grande majorité de ceux qui sont réputés pauvres possèdent des biens de consommation qui n'existaient pas en 1951, comme un téléviseur couleur, un magnétoscope, etc. Lorsqu'il est calculé à partir des données sur la consommation des ménages, le taux de pauvreté est inférieur à 6%. Sarlo établit à quelque Pas plus d'inégalité qu'il y a 50 ans Évidemment, ce n'est sûrement pas marrant d'être dans le 20% des gens qui reçoivent 4% des revenus, d'être un jeune en chômage avec de beaux diplômes, de perdre son emploi et de voir ses espoirs s'évanouir, de devoir rester à la maison pour s'occuper des marmots quand le géniteur à pris la fuite, mais il est quand même important de poser les bons diagnostics si on veut dégager les bonnes solutions. À ce titre, l'analyse de Ce qu'il regrette, c'est l'absence de données fiables qui proviennent pourtant de Statistique Canada et qui servent à cet organisme pour ses publications sur les faibles revenus... Keynes revisité Je mentionnais Keynes au début car ses théories inspirent encore certaines élites nationalo-socialistes et ceux qui se donnent pour objectif (irréaliste) d'une pauvreté zéro. Keynes est le prophète des croyants dans l'intervention étatique. Il croyait que le développement économique, sans intervention de l'État, ne pouvait se traduire dans un régime de libre entreprise que par un accroissement de l'écart entre les revenus et la consommation, entre l'épargne et l'investissement, d'où une hausse du chômage et de la pauvreté. Plus une société s'enrichit, disait Keynes, plus l'écart s'élargit entre les revenus et la consommation. Sa théorie revient à dire, quand on inverse les termes, que plus on est pauvre moins il y a de chômage (voir:
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