Elle contient en outre tout un volet « citoyen »,
une liste de prescriptions utile à toute personne aspirant à
devenir un « bon citoyen » et ayant
intérêt à le rester en raison du chantage permanent
qu'un État écologiste ne manquera pas d'exercer. Nous en
trouvons un exemple sur le site du quotidien Le Monde, dans un article
de l'AFP titré: « De simples gestes quotidiens
pour lutter contre l'effet de serre », et daté
du 17 juillet.
Lorsqu'on connaît la propension des écologistes à user
de la coercition étatique on se dit que ces simples gestes risquent
rapidement de devenir de simples obligations. Les écologistes sont
des visionnaires qui, pour sauver la planète, ne craignent pas de
nous faire vivre dans un enfer orwellien.
De
gestes à obligations
On nous dit qu'il n' y a pas deux visions de l'écologie, de droite
et de gauche. En effet, il suffit d'écouter Chirac reprendre à
son compte toutes les idées des verts pour s'en persuader. En revanche,
il y a une vision étatiste et une vision libérale de l'écologie.
S'agissant de cette dernière, précisons qu'il n'existe pas
une politique écologique spécifique; les questions écologiques
ne sont qu'un cas particulier auquel s'applique la méthode libérale
générale: définition précise des droits de
propriété individuels, marché libre des droits.
La propriété privée est un meilleur rempart contre
la dégradation de la planète que le collectivisme (Pascal
Salin analyse la question écologique dans Liberalisme;
il considère l'écologisme comme une menace pour l'environnement).
Les étatistes, quant à eux, s'appuient sur un «
savoir » pour imposer des contraintes censées résoudre
les problèmes. Si ce savoir centralisé est défaillant,
comme c'est le cas s'agissant de l'effet de serre, la contrainte sera non
seulement injuste mais nuisible.
Un des principes de l'idéologie écologiste se résume
par « small is beautiful
». L'autarcie comme principe d'économie, c'est un peu
court mais c'est l'idéal de l'écologie de gauche, le retour
à une économie féodale. Or le gauchisme a pris pied
dans le gouvernement, puisque tous les ministres verts sont hostiles au
libre-échange, au capitalisme et à l'économie de marché
(ils veulent tellement la « réguler » que
parler d'une économie de « marché »
deviendrait un abus de langage).
La corrélation entre écologisme fondamentaliste et protectionnisme
est un fait idéologique, pas scientifique. On peut en trouver une
démonstration dans l'oeuvre de l'économiste américain
feu Julian Simon, L'homme notre dernière chance (PUF, Libre
échange, 1985).
« Ce mouvement écologiste ne vise finalement rien d'autre
qu'à se substituer au marxisme comme "alternative" du capitalisme.
L'idéologie est différente mais les moyens sont identiques.
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Cette corrélation donne lieu à des recommandations complètement
loufoques, comiques au possible. « Le transport des
kiwis provenant du maraîcher implanté dans un rayon de 25km
rejette un millier de fois moins de gaz à effet de serre que ceux
transportés par avion de Nouvelle-Zélande »,
écrivent le Réseau Action Climat (RAC-F) et trois autres
réseaux écologistes français dans une brochure de
vulgarisation. Conclusion: « En achetant les bons kiwis
et par une multitude d'autres gestes de la vie quotidienne M. Dupont et
Mme Smith peuvent lutter contre le réchauffement planétaire
».
Autre exemple de ces gestes « citoyens »: «
Renoncer à la climatisation évite jusqu'à 20%
de surconsommation de carburant », ou bien encore mieux:
« Une couche de givre dans le congélateur de
3mm provoque ainsi 30% de surconsommation de courant »,
la conclusion est évidente: si les individus sont de mauvaise volonté,
l'État se chargera d'entrer dans votre congélateur (si on
pouvait l'y enfermer et jeter l'appareil à la poubelle, pourquoi
pas?).
Destructeur
de tout
Comme aime à le répéter Pierre Lemieux: «
quand l'État met le pied dans la porte, on entend bientôt
les bruits de botte dans le salon ». Saviez-vous qu'«
une chasse d'eau qui fuit représente 250 m3 d'eau perdus
en un an, soit sept kilos de gaz à effet de serre »?
Ou bien qu'« un diplomate russe spécialisé
dans les questions d'environnement, Vitaly Martsarski, s'était amusé
à calculer en 1992, dans la revue New Scientist, le coût
énergétique du repassage: 15 milliards de kw/h par an pour
730 millions d'habitants nord-américains, ouest-européens
et australiens, soit la moitié de la consommation d'électricité
de la Grèce en 1990 »? Tous ces pseudo-faits
n'ont aucun sens. Ils ne prouvent rien mais sont un vulgaire bourrage de
crâne et relèvent des techniques les plus usées de
la propagande.
Ce mouvement écologiste ne vise finalement rien d'autre qu'à
se substituer au marxisme comme « alternative »
du capitalisme. L'idéologie est différente mais les moyens
sont identiques: coercition étatique, distinction entre les bons
citoyens qui obéissent à l'idéologie et les mauvais
citoyens mis au ban de la société. Tous les ingrédients
d'une dictature douce sont là. L'État est entré dans
les lieux privés ouverts au public (entreprises, restaurants, magasins
etc...), il s'apprête désormais à entrer dans votre
salon, à envahir votre cuisine et à violer votre intimité
là où vous n'alliez que seul jusqu'à présent.
Il vous tiendra aussi la main pour faire votre marché et vous empêcher
d'acheter des kiwis de Nouvelle-Zélande. Mais le plus simple serait
peut-être d'interdire d'importer ces kiwis-qui-aggravent-l'effet-de-serre,
ou de surtaxer les importations puisqu'« un trajet de
1 600 km entraîne le rejet de 150 kg de gaz carbonique
par avion contre 3 kg seulement par le train » et que,
chaque année, « 16 000 avions relâchent
dans l'atmosphère quelque 600 millions de tonnes de CO2,
soit autant que la Grande-Bretagne pour l'ensemble de ses transports
». On va aussi taxer les billets d'avions, instaurer la taxe
Tobin, et l'augmenter chaque année davantage. Après avoir
accusé le capitalisme d'être le fossoyeur de l'humanité,
les écologistes s'apprêtent désormais à finir
le travail. Car on peut dire à propos de l'écologisme ce
que Mises disait au sujet du socialisme.
Le socialisme n'est pas en réalité ce qu'il prétend
être. Il n'est pas le pionnier qui fraie les voies à un avenir
meilleur et plus beau; il est le destructeur de tout ce qu'ont péniblement
créé des siècles de civilisation.
Il ne construit pas, il démolit. S'il venait à triompher,
on devrait lui donner le nom de destructionisme, car son essence est la
destruction. (L.v. Mises, Le socialisme)
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