Tout ce beau monde s'affaire en vue de la grand-messe onusienne sur le
racisme qui a lieu du 31 août au 7 septembre à Durban, en
Afrique du Sud. Elle nourrira à nos frais pas moins de 3 000
représentants d'ONG qui, pour la plupart, profiteront de l'occasion
pour plaider sans surprise en faveur de l'instauration de la taxe Tobin,
ce serpent de mer dont la fonction inavouée n'est autre que de détruire
le capitalisme de l'intérieur, ruinant en même temps tout
espoir de développement des pays pauvres. C'est cela la «
réduction des inégalités »!
Le mieux qui puisse se produire lors de ces rencontres internationales
sous l'égide de l'ONU, c'est que les participants s'en tiennent
aux discours incantatoires.
Il faut le dire haut et fort: ces institutions mondiales sont par nature
une menace pour les libertés. Et la lutte contre le
racisme n'est qu'un prétexte pour renforcer ces institutions dont
l'essence consiste à répandre les valeurs du collectivisme.
Pire que cela, les conférences de l'ONU tentent d'imposer des objectifs
politiques à l'échelle planétaire en définissant
des pseudo-problèmes globaux: l'écologie, l'éducation,
la lutte contre la pauvreté, bref « la survie
de l'humanité »!
L'État
mondial en marche
L'État mondial est en marche et les libertés individuelles
sont en péril. On peut trouver dans les publications officielles
d'organisations internationales les premiers jalons théoriques d'un
contrôle des individus par un gouvernement mondial. Ainsi lit-on
dans le Rapport de la Commission sur la gouvernance globale publié
en 1995 et intitulé Our Global Neighborhood: «
L'heure de créer un forum global qui assure la direction
dans les domaines de l'économie, du social et de l'environnement
est maintenant arrivée – et même passée ».
Et Le Monde du 2 octobre 1998 d'interpréter une autre partie
de ce texte de référence: « […] faire
du FMI un véritable gouvernement du monde en transformant
le comité intérimaire, instance consultative, en un conseil
politique décisionnaire ».
On peut trouver cela risible, utopique, mais les valeurs du mondialisme
s'imposent d'abord dans les esprits, et ensuite se concrétisent
dans les institutions. Les conférences de l'ONU ou de l'UNESCO sont
les principaux organes de ce bourrage de crâne assimilable à
une vaste tentative de lavage de cerveau. Le problème est que ces
institutions internationales outrepassent leur rôle de gardien des
droits individuels à l'échelle mondiale et s'attribuent de
plus en plus les fonctions gouvernementales classiques: invention de droits
sociaux, réalisation de la « justice sociale
» c'est-à-dire de l'écrasement de l'individu
sous le poids d'un troupeau de moutons et de l'État son berger.
L'ONU et sa cohorte de bureaucrates alliés aux ONG porteuses des
valeurs collectivistes, mais aussi les chefs d'État et la classe
politique, toute cette clique de parasites planifie sous nos yeux la construction
de fait d'un État mondial.
La conférence sur le racisme et la mise en délibéré
de la question des « réparations de l'esclavagisme
» sont des moyens, pour la bureaucratie onusienne, de créer
les premières structures d'un État redistributeur par l'achat
d'une clientèle. Le clientélisme est le principe même
de la stabilité politique, et, a fortiori, de sa genèse.
Nous en avons quotidiennement le spectacle au niveau national. Les politiciens
achètent une clientèle d'électeurs en lui offrant
un droit, une subvention, une fiscalité particulière, etc.
Les groupes d'intérêts montent à l'assaut et obtiennent
chacun leurs privilèges, au détriment des autres.
Ainsi un État redistributeur peut naître et croître
jusqu'à ce que chacun vive aux dépens de tous les autres.
Un État mondial, pour exister, doit donc acheter l'adhésion
de nations, les autres payant l'addition. L'argument de la «
justice sociale » sert de paravent à ce
marchandage dont seul profite finalement une nomenklatura mondiale. Pour
que cet État mondial prenne forme il faut donc convaincre les nations
qu'elles ont intérêt à appuyer l'ONU dans son rôle
de garant d'une justice « universelle ». La discrimination
positive, qui sévit aux États-Unis, devient une norme éthique
internationale. Il faut favoriser un ou plusieurs groupes en raison des
préjudices de l'histoire. Et tout cela aux frais des innocents et
de ceux qui parviennent à gagner leur vie malgré la prédation
d'État.
« La discrimination positive, qui sévit aux États-Unis,
devient une norme éthique internationale. Il faut favoriser un ou
plusieurs groupes en raison des préjudices de l'histoire. Et tout
cela aux frais des innocents et de ceux qui parviennent à gagner
leur vie malgré la prédation d'État. » |
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L'État mondial sera totalitaire ou ne sera pas. En effet, on peut
sans exagération qualifier de totalitaire le contrôle par
le haut des fins individuelles. Les institutions internationales et le
pouvoir politique fixent les objectifs globaux et laissent la liberté
des moyens aux individus. Ainsi l'illusion de la liberté demeure,
sauf pour ceux qui s'aventurent aux rivages de l'interdit en se donnant
des objectifs incompatibles avec ceux du pouvoir (comme résister
au vol légal qu'est l'impôt par exemple, ou porter une arme
de poing comme un dernier rempart de la dignité individuelle). La
mise en question des objectifs « sociaux »: l'antiracisme,
la lutte contre l'effet de serre, la solidarité officielle, relève
donc du « crimepensée » et le déchaînement
médiatique aura vite fait de réduire au silence de l'infamie
le libre penseur.
Le vol camouflé en « justice sociale »,
tel est le grand art de tous ceux qui se préoccupent de «
l'intérêt général ».
En soi, l'existence de l'ONU est une oeuvre d'art. Et les mille subterfuges
employés pour justifier l'existence de cette nébuleuse de
parasites sont fondés sur les techniques visant à en appeler
à l'émotion plutôt qu'à la raison des individus.
D'où l'éclosion quotidienne d'une multitude de causes «
humanitaires ». Par exemple la question des «
réparations » pour l'esclavagisme.
À
qui profiteront les réparations?
Certains voudraient bien qu'à la conférence soit discutée
l'indemnisation « des États ouest africains d'où
sont partis les esclaves à destinations des Amériques jusqu'au
XIXe siècle » (Le Monde, 30 juillet 2001).
Ainsi, « la communauté internationale »
se préoccupe de l'Afrique, des pauvres, des exclus, des esclaves
du passé, des opprimés du présent et de l'avenir.
Big Brother pense à tout.
Si on réfléchit au lieu de s'émouvoir, on peut se
demander à qui tout cela profite. Certainement pas aux esclaves
qui sont morts depuis longtemps, ni à leurs descendants qui peuvent
prospérer aux États-Unis ou au Canada. Les réparations
profiteront en premier lieu « aux États ouest
africains » c'est-à-dire aux hommes au pouvoir
et à leurs comptes en banque numérotés; ensuite, ces
discussions mêmes avortées serviront à convaincre l'opinion
publique de la nécessité de fixer des objectifs au niveau
de la planète, premiers jalons d'une gestion collectiviste de toute
l'activité humaine et d'une « révolution
culturelle » qui doit conduire à un État
mondial.
« Une réparation » pour esclavagisme,
qu'est-ce d'autre qu'une mesure coercitive d'un État redistributeur?
Les États africains concernés voudraient bien avoir un retour
sur investissement et profiter du prétexte moral pour détourner
des biens qu'ils n'ont pas créés. Et pourtant, quand on voit
comment ils traitent leurs propres « citoyens »
on peut avoir quelques doutes quant à la sincérité
de leur appel à la justice. Finalement, l'appât du gain n'est
pas l'apanage des capitalistes.
Mais le plus cocasse est peut-être de voir inscrits à l'ordre
du jour deux points (racisme et réparations de l'esclavagisme) susceptibles
de faire jouer aux mêmes États les rôles successifs
de victime et d'accusé. Les guerres ethniques africaines ont fait
beaucoup de victimes, la plupart innocentes méritant réparation,
sans que l'Occident ou l'esclavagisme en soient la cause première.
Heureusement, l'administration Bush résiste à la mise en
place d'un vaste système « d'objectifs sociaux
» à l'échelle mondiale. Le protocole de Kyoto
et les diverses conférences onusiennes sont les marchepieds du contrôle
politique des individus et de leur soumission aux principes du socialisme.
Mais « une politique de la chaise vide pourrait également
refroidir les relations avec l'Afrique du Sud de l'après-apartheid,
pour qui cette conférence revêt une forte valeur politique
et symbolique, » lit-on dans l'article du Monde.
Ce n'est pas avec des symboles que les Sud-Africains et les Africains en
général s'en sortiront!
Alors permettez-moi, tout à fait symboliquement, de me lever et
de laisser ma chaise… vide!
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