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Montréal, 15 septembre 2001 / No 88 |
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par
Marc Grunert
La conférence de Durban devait plancher sur le principe d'une réparation de l'esclavagisme. Le prétexte de l'assimilation du sionisme à du racisme a permis aux Américains de claquer la porte de la conférence. On ne peut que s'en réjouir car cette |
Comme l'indique le journal Le Monde du 30 août, le fond de
l'affaire est la bataille philosophique relative à la La révolution du droit s'étend en effet jusqu'aux institutions mondiales. La discrimination positive devient la norme du droit positif et apparaît comme l'arme fatale d'un État mondial redistributeur, pour lequel les droits individuels n'existeront plus que comme sous-produits des faux droits collectifs, des Fidèle à la méthode de Pascal Salin, je vais tenter de mettre un peu d'ordre dans les concepts. Or on peut repérer une relation logique, systématique, entre une certaine conception de la démocratie, le Dans un ouvrage de référence et de facture hégélienne, Multiculturalisme, Charles Taylor, philosophe canadien, décrit de manière remarquable les fondements théoriques de
Avec Hegel, l'individu n'est plus que le sous produit d'une Histoire dont la substance n'est autre qu'un Esprit absolu qui se concrétise par un processus dialectique. Les individus sont ravalés au rang de fragments de cette Raison incarnée dans l'Histoire divinisée. Leur substance est historique. La La discrimination positive n'est que la traduction de cette conception hégélienne de l'individu historique, incomplet, défini par son histoire et celle de ses ancêtres. Un préjudice causé à ses ancêtres devient le motif d'un droit de Soit dit en passant, il ne faudrait pas confondre Le danger est grand cependant, outre l'insulte à l'égalité devant le droit chère aux libéraux. D'abord les individus n'existent plus qu'en tant qu'ils appartiennent à un groupe social. Ensuite, la discrimination positive conduit logiquement à l'expropriation d'un ou plusieurs groupes au profit d'un autre. Les décisions sont prises par une clique de politiciens auxquels les électeurs ont signé un chèque en blanc et qui cèdent aux groupes de pression familiers du terrorisme intellectuel, et manipulant les consciences par la guerre des mots (le politiquement correct). La tyrannie des minorités majoritaires (eh oui!, à cause du processus de marchandage) sera redoutable. Cette philosophie de la discrimination positive est aussi un bon argument pour étendre le pouvoir de l'État mondial, dont le moteur est la politique de redistribution des biens et des droits. Comme cela était prévisible, les politiciens, toujours soucieux d'adopter les idées des clientèles les plus influentes, après avoir accepté le principe de la taxe Tobin, sont désormais prêts à faire leur révolution culturelle. La discrimination positive, ça marche, donc elle est juste, pour paraphraser le relativiste Feyerabend:
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