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Montréal, 29 septembre 2001 / No 89 |
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par
Jean-Louis Caccomo
Il existe, dans l'opinion publique française, un fort courant de sympathie pour les idées et les mouvements |
Du coup, passés les premiers instants de stupeur, de choc et d'émotion,
ils commencent à être nombreux ceux qui, en France, sans trop
le dire explicitement, considèrent que ces attentats, qui ont frappé
au coeur de la L'épouvantail libéral Il est vrai que les absents ont souvent tort et les ténors de la politique savent que, pour remporter le plus grand nombre de voix, il est commode d'effrayer le plus grand nombre de personnes possible en agitant l'épouvantail libéral. De l'extrême droite à l'extrême gauche, c'est à qui récitera au mieux le refrain consacré de Le marché implique une mobilité socioprofessionnelle qui peut faire en sorte qu'un individu d'une classe modeste arrivera à des postes de responsabilité ou, à l'inverse, un bourgeois d'une famille établie tombera dans la déchéance. La droite conservatrice la plus réactionnaire a longtemps cautionné un ordre social fondé sur l'inégalité et la reproduction
De son côté, la gauche identifie le marché au principe marxiste de Le débat politique en France tourne donc essentiellement autour des positions des interventionnistes de droite et des interventionnistes de gauche; autant dire qu'un Berlusconi, un Reagan ou une Thatcher n'a aucune chance de faire carrière au pays de l'État-providence. Et si seuls les plus lucides avaient compris que le libéralisme n'avait pas la faveur d'une extrême droite viscéralement nationaliste et farouchement conservatrice, le plus grand nombre aura compris dorénavant que le libéralisme n'a pas beaucoup de place au sein de la droite plus modérée non plus et qu'il y a sans doute plus d'espoir de changements à attendre d'une gauche durablement installée au pouvoir et contrainte de composer avec la réalité des forces du marché. L'héritage du catholicisme La tradition catholique n'a pas non plus arrangé les choses en comparaison de l'influence de la religion protestante sur les mentalités anglo-saxonnes. L'Église catholique a toujours été critique vis-à-vis de l'argent, du commerce et du travail. Elle fut, d'un côté, la caution morale d'une droite franchement hostile au progrès économique et, de l'autre côté, le vecteur de développement d'un courant social fondé sur la charité et la solidarité. Pourquoi vouloir changer sa condition dans cette vie terrestre alors que le bonheur éternel viendra récompenser les plus modestes au paradis? D'autant que le travail des hommes allait nécessairement dépraver un état naturel considéré comme l'expression de la volonté divine. C'est peu dire que ce fatalisme religieux ne convient guère à l'esprit entrepreneurial des économies de marché. A contrario, dans la religion protestante, le travail agit comme l'instrument de la révélation et la réussite personnelle est interprétée comme le signe tangible de la prédestination: Notre société s'est, pendant des siècles, reproduite sur la base d'une organisation inégalitaire fondée sur l'appartenance héréditaire à des ordres: les nobles avaient de l'argent sans travailler et celui qui réussissait dans la société par son effort était considéré comme un roturier en quête d'anoblissement; le peuple travaillait sans aucune possibilité d'enrichissement, tant les impôts étaient lourds. Dans cette société d'Ancien Régime, la crainte légitime d'une confiscation était telle que les acteurs du développement économique devaient dissimuler leurs profits quand ils ne pouvaient cacher le produit de leur activité. Une partie de l'activité économique se développait en marge de la loi tellement l'espace des réglementations et des contraintes était imposant. L'arbitraire des administrations – vouées aux caprices de hauts fonctionnaires qui s'évertuaient à gagner la faveur du roi –, les entraves à l'accès au marché et une législation hostile au profit ont longtemps contraint les acteurs économiques à enfreindre la loi. D'une certaine façon, la France antilibérale d'aujourd'hui en est toujours à combattre ces démons d'Ancien Régime.
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