|
Montréal, 10 novembre 2001 / No 92 |
|
par
François Morin
Vous le savez, la métropole connaît une crise du logement de grande envergure. Saviez-vous que nous connaissons une autre crise toute aussi importante au Québec? Une crise qui tue des gens chaque année mais que personne n'a pensé dénoncer. Il s'agit de la crise de l'automobile. Chaque année au Québec, il meurt plus de pauvres sur les routes que de riches. |
Discrimination
automobile
Il y a quelques semaines, j'ai eu une discussion des plus intéressantes avec un policier de Québec. Nous jasions accident et sa grande expérience en la matière a fait naître en moi un million de questions. Ce policier a vu au cours de sa carrière plusieurs accidents des plus anodins aux plus graves. Je lui ai candidement demandé de me raconter quelques-unes de ses histoires vécues. Il m'a entre autres parlé de cette fois où une Volvo dernier cri et une autre voiture (je tairai la marque) sont entrées en collision frontale. Le passager de la voiture inférieure est mort sur le coup alors que celui de la Volvo s'en est tiré avec de graves blessures mais sain et sauf. Mon interlocuteur m'expliquait comment les voitures Volvo étaient faites pour résister aux chocs d'une collision. Sans vraiment tout comprendre son explication, j'ai tiré les conclusions suivantes: la Volvo possède plusieurs coussins gonflables, dont certains sont latéraux. Cette voiture a également été spécialement conçue pour protéger au maximum les passagers. Sa carrosserie est plutôt solide et lors d'un impact, le Comment une société comme la nôtre peut-elle permettre que certaines personnes soient plus en sécurité sur les routes que d'autres? Pourquoi les règles de construction ne sont-elles pas resserrées pour assurer une protection égale à tous? Encore une fois, l'efficacité des mesures gouvernementales fait défaut. Les mesures laxistes de nos gouvernements laissent de pauvres gens mourir à bord de voitures non sécuritaires alors que les plus fortunés se paient des forteresses sur roues. Il faut immédiatement remédier à la situation et ajuster la réglementation. Nous devrions nous baser sur Volvo et les autres compagnies soucieuses de la sécurité de leurs clients et imposer leurs normes à l'industrie. Nous devons agir sans délai car chaque jour qui passe, des gens meurent sur nos routes. J'ai pris mon courage à deux mains et j'ai discuté du sujet avec un concessionnaire de la dite marque inférieure. Je lui fait part de mon inquiétude quant à la sécurité de ses voitures. Il m'a gentiment expliqué que pour approcher Volvo en qualité et sécurité, il faudrait augmenter le prix de la voiture d'au moins Pour lui, certaines personnes préfèrent avoir des voitures moins sécuritaires que de ne pas en avoir… quelle honte! N'ayant pas d'oreille attentive auprès des concessionnaires, je me tourne donc vers le gouvernement pour l'implorer d'établir des règles plus sévères en matière de construction automobile. Si le prix des voitures monte suite à ces mesures, qu'on instaure un programme de voiture à moyen modique, un système qui pourrait être basé sur celui des HLM. Nous devons nous assurer que tous ont une protection égale sur nos routes. Je vous le demande, qu'est-ce que l'argent lorsque des vies sont en jeu? Soyons progressifs et allons de l'avant avec un tel programme. Crise du logement La crise du logement bat son plein à Montréal, plus de
Le coupable n'étant pas le constructeur, je me suis retourné vers mon propriétaire. Je suis persuadé que la crise lui est bénéfique, ça lui permet de monter le prix de ses logements. Ce sont eux les véritables responsables de la crise. C'est contre eux que nous devons agir sans ménagement. Une réglementation plus serrée qui vise à protéger les droits des locataires est nécessaire pour enrayer le problème du logement. Tout comme le constructeur, mon propriétaire n'était pas d'accord avec mon analyse de la crise. Soyez sans crainte, je ne suis pas tombé dans le panneau. Il m'a expliqué qu'une crise du logement devrait normalement attirer les propriétaires à construire plus d'immeubles. Il avait naturellement une explication à me donner, à savoir pourquoi ce n'était pas le cas. Attendez de voir comment l'esprit de ces gens fonctionne, aucune considération pour l'être humain si leur petit profit est touché. Raisonnement tordu des propriétaires Voici donc le raisonnement tordu des propriétaires. Les règles entourant le marché immobilier sont si sévères qu'elles découragent les propriétaires d'acheter de nouveaux immeubles. Ils ne peuvent en effet augmenter les loyers en période de crise, et le décret de la construction (pour satisfaire les syndicats) tout comme la lourde réglementation sur les normes de sécurité à suivre dans la construction des immeubles (matériaux à utiliser, etc.) augmentent le prix des bâtiments. De plus, il est pratiquement impossible de jeter à la rue un locataire à problèmes. Selon mon propriétaire, tout ces irritants viennent augmenter le prix de construction et gênent la bonne conduite de son entreprise. Il préfère donc investir ailleurs. Il semblerait aussi que si on construit des immeubles et que le taux d'inoccupation augmente, les propriétaires risquent de se retrouver avec des logements vides. Comme ils ne peuvent pas vraiment augmenter les prix en période de crise et qu'en période de surplus ils se retrouvent avec des logements vides, ils préfèrent ne rien faire. Encore le profit!!! Selon lui, si on laissait les prix monter et descendre selon ce que le marché commande, en période de crise, il se construirait plus rapidement des logements, les propriétaires flairant la bonne affaire. En période de surplus, les prix baisseraient. Toujours selon lui, il y aurait des propriétaires qui préféreraient en ce moment ne pas louer plutôt que de baisser leur prix. Apparemment, une fois baissés, on peut difficilement augmenter les prix alors on préfère attendre que de louer temporairement moins cher. Imaginez, c'est un aveu de l'esprit retord des capitalistes, préférer laisser les gens à la rue que de louer moins cher! Et ils mettent ça sur le dos de la réglementation en plus…. Faut le faire! Vous l'aurez remarqué, cette attitude est typique de notre société capitaliste. C'est une attaque à peine voilée contre le système gouvernemental qui serait la cause de cette crise. Moi je dis que si le gouvernement agit de façon responsable en mettant en place des lois qui protègent les citoyens, on ne peut lui en vouloir. Si les capitalistes ne peuvent régler le problème, on doit s'en remettre au gouvernement qui agira dans les meilleurs intérêts de tous, pas seulement des riches propriétaires. Nous devons immédiatement construire des HLM pour minimiser cette crise sans précédent. Qu'attendons-nous? Autres crises à découvrir J'ai longuement réfléchi sur ces deux problèmes et plusieurs autres situations me sont apparues tout aussi problématiques. La crise du logement ne peut être réglée que par une action concrète du gouvernement, de même que la crise automobile. Qu'en est-il des autres crises? C'est bien connu, une bonne alimentation signifie bien souvent une bonne santé. Nous devons immédiatement subventionner le secteur alimentaire pour permettre aux plus démunis d'avoir accès à des aliments de premier choix. Le filet mignon ce n'est pas que pour les riches! Connaissez-vous des riches travaillant de nuit? L'homme est fait pour vivre de jour. Passons une loi pour interdire le travail de nuit. Il en va de la qualité de vie de nos citoyens. La pollution automobile cause l'effet de serre. Les riches possèdent des voitures plus grosses et donc plus polluantes. Passons une loi pour limiter la grosseur des voitures. Nous n'avons pas à subir la pollution de ces gens sans considération pour autrui. Nous aimons tous aller voir un bon spectacle mais le prix des billets est souvent hors de portée du citoyen moyen. Nous devrions subventionner ce secteur du développement culturel. Tout comme l'alimentation, le sport est la clé d'une longue vie en santé. Vous savez quel est le coût d'une sortie en famille au Mont Ste-Anne? Subventionnons ce secteur pour le bien-être de nos citoyens. Les plus fortunés envoient leurs enfants à l'école privée. Ces enfants auront une éducation supérieure à celle de l'école publique. Ils auront ainsi accès aux meilleurs emplois une fois sur le marché du travail. Bannissons ces écoles supérieures ou subventionnons les pauvres pour qu'ils y aient accès et donnons ainsi une chance égale à tous. Il y a encore beaucoup à faire, ne nous laissons pas abattre par la lourde tâche qui nous attend. Soyons solidaires!
|
<< retour au sommaire |
|