Régulateur
du commerce
Pourtant, les commentaires de presse aux allures savantes nous font docilement
avaler cette potion plutôt lénifiante qui veut que l'État
soit un régulateur du commerce et de la « mondialisation
». À défaut de l'avènement d'un État
mondial, l'OMC se propose d'assurer cette mission. Mais le commerce n'a
jamais attendu les États... et il a plutôt tendance à
bien se porter pour peu qu'on « laisse faire ».
Ce ne sont pas des professionnels du commerce qui sont réunis par
l'OMC, mais des professionnels de la politique et de l'administration.
De plus, les dossiers de l'agriculture, des services ou de la propriété
intellectuelle bloquent au moins depuis l'Uruguay Round parce que les protectionnistes
n'arrivent pas se mettre d'accord. Et ils n'ont aucune chance de se mettre
d'accord puisqu'ils sont enfermés dans des positions mercantilistes
les conduisant à se situer en opposition les uns par rapport aux
autres.
Cela empêche-t-il le commerce de se développer? Nullement!
Certes on est en droit de penser qu'il se développerait mieux et
plus sûrement s'il n'y avait pas d'entraves aux échanges.
Car, alors que les économistes montrent que le commerce améliore
la situation de tous ceux qui y participent – ce qui conduit à prôner
le libre-échange(1)
–, les hommes d'État font du commerce un instrument annexé
aux ambitions politiques, transformant l'échange en une guerre.
« Alors que les économistes montrent que le commerce améliore
la situation de tous ceux qui y participent – ce qui conduit à prôner
le libre-échange –, les hommes d'État font du commerce un
instrument annexé aux ambitions politiques, transformant l'échange
en une guerre. » |
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À cette occasion, la France – toujours en retard d'une guerre justement
– veut se faire porte-parole des exclus de cette « guerre
économique ». Mais, la France est-elle en mesure
de donner des leçons alors qu'on généralise, dans
notre pays, un principe autoritaire de régulation qui tend à
produire l'exclusion tellement il est contraire aux principes élémentaires
de l'économie?(2)
Cette prétention extraordinaire à « réguler
l'économie » et à « produire
du social » produit son lot de conséquences inéluctables
(que d'aucuns veulent mettre sur le dos de l'ultralibéralisme):
pénurie croissante de richesses et de qualifications car les richesses
et les qualifications désertent notre territoire, grèves
chroniques et insatisfaction généralisée (quel métier
reste attractif en France pour mes enfants si même les juges, avocats
ou médecins ne sont pas contents...?) pour ne pas dire «
terrorisme social » (Moulinex), violence et délinquance
explosive comme conséquence logique d'une vision « socialisante
» de la violence qui fait des délinquants eux-mêmes
les victimes du « système » et de la «
mondialisation » (le concept de « mondialisation
» est à mon avis un faux concept; et ceux qui critiquent
la mondialisation critiquent en fait l'économie de marché
et la liberté).
Déconnecté
de la réalité
À vouloir faire ce qu'il ne peut pas faire, l'État ne fait
plus et n'a pas les moyens de faire ce qu'il est urgent de restaurer (la
justice républicaine et la sécurité du territoire).
Conséquence: la France est en guerre civile, en déliquescence
sociale et à la marge du conflit international qui se joue en ce
moment. En Afghanistan, charge aux Américains de faire le «
sale boulot » et la France se donne le beau rôle
en soulignant les aspects humanitaires et politiques du conflit. En fait,
l'État français a d'énormes moyens puisque nous avons
des taux de prélèvement record, mais ils sont très
mal utilisés considérant les piètres résultats
de notre système éducation, l'efficacité très
relative des dépenses « sociales » et l'incapacité
de nos politiques à réformer une fois pour toute un secteur
public totalement déconnecté de la réalité.
Pourquoi des familles françaises sont-elles disposées à
payer pour l'éducation de leurs enfants alors qu'il existe en France
un service public et gratuit d'éducation? Probablement que les deux
offres ne sont pas substituables et rater l'éducation de ses enfants,
même gratuitement, c'est déjà trop cher payé.
Pourtant nos économistes officiels qui sévissent dans les
université d'État continuent de nous enseigner que l'État
existe pour pallier aux défaillances du secteur privé alors
qu'il est clair que le secteur privé se développe en France
(dans la santé, l'éducation ou la sécurité)
– malgré un environnement institutionnel, réglementaire et
fiscal extrêmement hostile – pour pallier aux défaillances
congénitales et chroniques du service public.
Mais, la France a décider de s'exprimer à travers ATTAC ou
José Bové. Ces gens – si prompts à dénoncer
et à donner des leçons – ne voient-ils pas que les pays pauvres
réclament précisément plus de libre-échange?
Qu'ils s'opposent – et ils ont bien raison – aux subventions européennes
et américaines dans le secteur agricole qui leur fait une concurrence
absolument déloyale (le groupe de Cairns)? Que les pays pauvres
ne veulent ni des normes sociales ni des normes écologiques imposées
par les pays riches qui, sous couvert de « régulation
du commerce », ne sont que du protectionnisme déguisé?
Si les pays de l'Europe de l'Est sont des pays dit en transition, la France
est un pays en transition bloquée (le ni-ni généralisé):
nous n'arrivons plus à sortir de l'économie administrée,
du plan quadriennal, quinquennal, central…etc., bref, du piège de
la « troisième voie » nécessairement
sans issue.
1.
L'expression de libre-échange est un pléonasme: un échange
contrarié n'est plus un échange et un échange ne serait
être à demi-libre. L'échange est librement consenti
ou il n'est pas un échange. >> |
2.
À toutes nos belles âmes et nos professionnels des bons sentiments,
qui s'arrogent le monopole du cœur et de l'expression publique, il faudrait
rappeler que Robin des bois, qu'ils récupèrent volontiers
comme symbole dans leur combat contre le marché ou la mondialisation
libérale, s'attaquait à un roi illégitime et spoliateur
– et donc à l'État sorti de son rôle – pour rendre
les richesses ainsi pillées à leurs créateurs et seuls
propriétaires légitimes, c'est-à-dire aux contribuables.
Il n'y a pas là de lutte des riches contre les pauvres mais bien
un combat entre les spoliateurs parasites (les hommes de l'État)
et les véritables créateurs de richesses (les hommes libres
et responsables). >> |
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