Une
science utile pour l'État
Lyssenko était un agronome soviétique. Il avait, dans les
années 1930 à 1950, réussi à devenir le scientifique
le plus honoré du régime en traitant de « réactionnaire
» la génétique classique et en fabriquant de
toute pièce une nouvelle « science » dont
le seul critère de vérité résidait dans son
utilité pour l'État, dans sa justification de l'idéologie
officielle.
Nous avons donc aussi notre science préfabriquée, formatée
pour justifier la machinerie de l'éducation nationalisée.
Sciences de l'éducation ou Idéologie d'État? Notre
Lyssenko du moment, Jack Lang a tout prévu pour que les «
scientifiques » ne soient pas trop tentés de nier la
Vérité officielle, l'utilité indiscutable de l'éducation
nationalisée. « Pour la première fois
», un programme incitatif de recherches sur l'éducation
et la formation (Piref) sera lancé. Doté d'un financement
propre, à hauteur de 40 millions de francs sur quatre ans, il devra
permettre de relancer des recherches « trop rarement
évaluées », « trop
mal utilisées » et « trop
peu coordonnées ». Et aux frais de qui tout cela,
je vous le demande? Et pour quel résultat? Eh bien vous le saurez
à la prochaine évaluation, puisqu'on vous le dit, tout est
prévu dans le plan quinquennal.
Et quel sera l'objet des recherches? « Ce programme
contribuera, selon le ministre, à identifier les enjeux majeurs
dans le domaine de l'éducation et de la pédagogie pour, ensuite,
proposer des thèmes de recherche. » On croit
rêver, véritablement. Quel charabia, quelle langue de bois.
On a vraiment le sentiment que la nomenklatura du ministère de l'éducation
nationale ne croit plus à la vérité de l'idéologie
mais seulement à sa fonction pratique: justifier leur existence.
C'est comme ça que le système soviétique avait fini
par s'effondrer. Trop de parasites, plus assez de croyants.
« On a vraiment le sentiment que la nomenklatura du ministère
de l'éducation nationale ne croit plus à la vérité
de l'idéologie mais seulement à sa fonction pratique: justifier
leur existence. » |
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Poursuivons notre découverte du lyssenkisme éducatif «
rénové ». On nous dit que « Le
Piref aura vocation à assister l'ensemble des organismes qui interviennent
dans le domaine éducatif (IUFM, universités, grands établissements,
école, INRP, etc.). Il devra également participer à
la diffusion des recherches auprès d'un large public, et notamment
des enseignants. » Ah, ça y est, l'atterrissage
a eu lieu. Nous sommes au niveau des enseignants et donc des clients, les
parents et les élèves. Cette litanie de sigles, véritable
marque de fabrique du soviétisme à la française, PIREF,
INRP, IUFM nous indiquent clairement que c'est toujours la même méthode
centralisée, constructiviste, bureaucratique, soviétique,
qui est à l'oeuvre.
Une clique d'experts va donc diffuser la bonne parole aux enseignants qui
ne sont déjà plus que des marionnettes. Quant aux clients
captifs, ils n'auront rien à dire; d'ailleurs ont-ils seulement
la liberté du choix?
Et tenez-vous bien, nos chercheurs sont priés de tout reprendre
à zéro. C'est qu'on s'y était mal pris avant. On avait
plus ou moins fait confiance à l'expérience et à la
liberté pédagogique (et là j'idéalise beaucoup)
mais désormais, le « discours de la méthode
» sous les yeux, on va commencer par la base de toute réflexion
pédagogique: « concrètement, le ministère
a demandé à l'Institut de lancer une recherche sur le thème
"comment apprenons-nous?" pour mieux comprendre les processus d'apprentissage.
»
Nul doute que le projet est prométhéen, nul doute non plus
que c'est une vaste fumisterie qui coûtera cher et ne servira à
rien. Cette approche est ridicule, bureaucratique. Et on voit bien que
ces gens-là n'ont jamais su répondre à la question
« comment satisfaire une demande? »,
et en l'occurrence une demande d'éducation.
Au lieu de faire confiance en la liberté, en l'intérêt
qu'a le producteur de satisfaire une clientèle, en l'expérience
des individus, l'éducation nationale, sous la houlette de Jack Lang,
crée des commissions d'évaluations, dilapide l'argent dans
une pseudo-science. Devrait-on dire plutôt que la bureaucratie investit
dans son avenir? Ma foi, vu comme ça, au moins les choses sont claires.
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