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Montréal, 2 février 2002 / No 97 |
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par
Marc Grunert
On a pu parler d'équilibre cosmique lorsque disparurent, la même semaine à la fin janvier, deux philosophes, Robert Nozick et Pierre Bourdieu, défendant des conceptions du monde radicalement opposées. En restant dans le registre métaphysique et du jeu de mot, j'ai bien envie de me laisser aller à une métaphore inspirée par la cosmologie de Démocrite. Nozick, Bourdieu: des atomes et du vide. Du côté Les arguments de Nozick visaient à réfuter les thèses de Théorie de la justice de John Rawls, le plus influent théoricien contemporain de la social-démocratie. Le livre de Rawls prétendait justifier la possibilité d'un accord unanime raisonnable pour une société dans laquelle les ressources seraient redistribuées de manière équitable, en conciliant un principe de liberté et un |
Cette construction théorique ne pouvait déboucher sur rien
d'autre que la perpétuation d'un État redistributeur soumis
aux chantages des groupes de pression. Mais du moins, elle fournissait
aux élites de l'État une nouvelle justification de leur pouvoir.
Avant Hayek(2),
Nozick, critiqua la conception de Depuis Nozick, il est devenu plus clair que jamais que le libéralisme n'est pas seulement une théorie économique, mais une théorie politique fondée sur le principe de justice, sur une théorie du droit. Les libéraux peuvent enfin s'appuyer sur une oeuvre qui ne cantonne plus le libéralisme dans l'efficacité du marché. Simultanément, l'École autrichienne d'économie, et principalement Murray Rothbard, accomplissait le même travail théorique d'une autre manière. Le libéralisme se dotait d'un volet éthique en cohérence parfaite avec la théorie économique. Depuis Nozick et Rothbard, on ne peut plus dire que le libéralisme, c'est utile en économie, mais que ça ne vaut rien, ou ne dit rien, en matière d'éthique et de justice. Comme l'écrit Pierre Lemieux dans un article du présent numéro (voir ROBERT NOZICK PUT STATISTS ON THE DEFENSIVE), Nozick a montré combien il était difficile de justifier l'État. Dans Anarchie, État et utopie, Nozick a tenté de montrer qu'un État minimal pouvait naître à partir d'un marché libre où une multitude d'agences privées de sécurité conduirait sans violence à un monopole dont l'unique fonction légitime serait la protection des droits individuels, qui sont des droits de propriété. Toute extension de l'État minimal par le financement obligatoire de services, dont certains ne veulent pas, serait illégitime car nécessiterait l'usage de la force. Nozick, c'était, comme les atomes, le côté De l'autre côté, avec Bourdieu, nous avons une science crypto-marxiste, prétentieuse et verbeuse, parfaitement adaptée aux fabriques de politiciens, sciences-po, ENA, et autres panthéons de la critique du capitalisme (École supérieure de journalisme de Paris) et marchepieds vers le pouvoir. L'oeuvre de Bourdieu, hypercritique, traquant les
En voulant croire que les gémissements des victimes de l'État-providence en faillite étaient autant de signes de l'Histoire annonçant la fin du capitalisme, ou du moins sa nocivité, Bourdieu a simplement pris ses désirs pour des réalités. Enrober la contestation et la Après avoir élaboré Dans un recueil de textes intitulé Contre-feux, et sous-titré: Mais au-delà de tout ce gâchis de mots consacré à l'analyse des rapports sociaux, on peut retenir que la solution de Bourdieu est dans l'État, un autre État, qui ne serait plus complice des financiers et des capitalistes. Ainsi écrit-il, Quelle société désirait Bourdieu? Eh bien vous ne le saurez jamais. Disons qu'elle aurait comme un petit goût de paradis. Un paradis où toute
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