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Montréal, 16 février 2002 / No 98 |
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par
Marc Grunert
On se demande qui sont les plus éloignés du |
On ne répétera jamais assez que le libéralisme réside toujours dans une dépolitisation de la société, qu'il soit classique – et dont la théorie la plus complète a sans doute été écrite par Friedrich Hayek (Droit, législation et liberté, PUF libre-échange) – ou qu'il soit plus radical dans sa condamnation de l'État en s'appuyant sur le principe de la propriété de soi. Par conséquent, là où se réunissent les hommes de pouvoir, le libéralisme sera toujours absent. Les libéraux aspirent à une réduction et à une décentralisation du pouvoir politique, voire à une extinction pure et simple du pouvoir politique. Or ce que l'on peut appeler l'État mondial est précisément un ensemble d'institutions qui tendent par nature à coordonner les politiques, à les uniformiser, et sans doute bientôt à les gérer de manière centralisée. La construction politique de l'Europe, dont l'euro est une étape nécessaire, ressemble à une vaste opération de centralisation du pouvoir politique. La politique et la démocratie ont leur logique propre qui est l'accroissement et la centralisation du pouvoir de contrainte de l'État. La collusion entre le pouvoir politique, les institutions mondiales et les industriels n'a rien de libérale. Elle est le contraire du libéralisme, même si un des sous-produits de cette association d'intérêts est peut-être un accroissement du libre-échange économique. Un autre sous-produit, volontaire et pernicieux celui-là, est l'emprise des hommes des États sur les destinées individuelles. Les pèlerins de Porto Alegre ne sont pas contre le mondialisme, c'est-à-dire l'intégration politique mondiale, bien au contraire. Ils souhaitent politiser encore davantage la société en changeant les normes fixées par l'État mondial. La force légale mais injuste de l'État est pour eux le seul moyen de réaliser leur rêve de
Alors pour masquer la violence politique de leur projet de solidarité forcée, ils inventent des épouvantails – tel le néolibéralisme (voir: NÉOLIBÉRAL, LIBERTAIRE OU LIBERTARIEN?, le QL, no 97). Ils sont même subventionnés pour cela: À Porto Alegre, on confond sans peine le libre-échange et la domination politique. On manifeste à la fois contre l'un et l'autre, en les associant comme les deux faces d'une même pièce. La zone de libre-échange des Amériques, prévue pour 2005 et chère à George W. Bush, est en effet souvent perçue en Amérique Latine comme un instrument de domination des États-Unis. En mêlant constamment le libre-échange, l'OMC, le FMI et l'État américain, les partisans de l'antimondialisation veulent faire croire qu'il existe quelque chose comme le Quant au libéralisme, il est véritablement l'avenir d'un monde plus heureux et plus prospère si ses défenseurs parviennent à le libérer de son association à tout pouvoir politique, avec lequel il est logiquement incompatible.
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