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Montréal, 13 avril 2002 / No 102 |
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par
Christian Michel
Le pouvoir démocratique est dans les coulisses. Invisible. Intouchable. Il est parfaitement légal de critiquer le beau parleur monté sur scène, sur qui sont braqués caméras et projecteurs, en effet, il ne compte pas. |
Remplacé à la prochaine élection par un autre acteur
qui débitera la même tirade, qui se soucie de lui? Mais attaquez-vous
à l'existence même de ce théâtre, refusez de
participer, incitez les autres à vous imiter, et vous verrez de
quelle liberté démocratique vous disposez.
Tout le monde se félicite de l'engagement politique d'une vedette de l'écran ou des stades. Chacun la préfèrerait dans son camp, mais si elle choisit différemment, on se montre beau joueur. Après tout, par l'exemple qu'elle donne, elle conforte le système. Supposons maintenant une chanteuse célèbre ou une championne olympique. Libertarienne. Son accès aux médias serait une caisse de résonance pour nos idées. Moins pusillanime que la belle Laetitia Casta, notre célébrité déclarerait sans vergogne qu'elle réside à Londres pour payer moins d'impôts, qu'elle ne se soucie absolument pas de voter pour ne pas imposer son point de vue à qui que ce soit, qu'elle milite pour un capitalisme pur et dur, mais que ceux qui préfèrent le socialisme doivent être libres de le pratiquer entre eux. Vous voulez parier? Si elle tenait ces propos, la dangereuse dissidente serait aussitôt l'objet d'une cabale: La démocratie cache la réalité du pouvoir en nous laissant choisir ceux qui l'exercent. Impersonnel, il n'est que plus redoutable. Le tyran persécutait les rebelles à son pouvoir, la démocratie les rebelles au pouvoir tout court.
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