Montréal, 6 juillet 2002  /  No 106  
 
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Christian Michel est propriétaire du site Liberalia.
 
PHILOSOPHIE LIBERTARIENNE
 
SOUTENIR BUSH?
 
par Christian Michel
  
  
          C'est au pied du mur qu'on reconnaît le maçon. C'est dans une confrontation avec la réalité politique du moment qu'on compte les libéraux. 
 
Bush est-il libéral? 
  
          Quelques-uns en France, au moment de la visite à Paris du président Bush les 26 et 27 mai dernier, ont souhaité lui faire fête. En quel honneur? Toutes les occasions sont bienvenues de se retrouver entre copains aux Champs Elysées, mais si l'acte est politique, il faut quand même le motiver. Est-il une action, une seule, de George Bush depuis son élection qu'on puisse qualifier de libérale?  
  
          Plus de protectionnisme, plus de subventions, plus de censure, plus de prisons et de mises à mort, plus de persécution des drogués, plus de contrôles aux frontières, plus d'État flic et espion, plus de fiscalité... Si ça, c'est du libéralisme, j'ai dû me tromper de dictionnaire.  
  
          Depuis les attentats du 11 septembre, les États-Unis mènent une guerre contre le terrorisme. Quel pays, victimes d'attentats, n'en fait pas autant: l'Algérie, la Russie, la Colombie, l'Inde... Est-ce assez pour gagner le titre de libéral? Les États-Unis opèrent avec plus de moyens; ils n'en sont que plus dangereux. Comme ces remèdes puissants qui peuvent tuer.  
  
     « L'ambition impérialiste américaine est chaque jour plus déclarée. Et camouflées derrière elle, en contrebande, que de tristes passions et de grandes haines ne fait-on pas passer! Du racisme anti-arabe, du fondamentalisme chrétien, du sionisme sharonien... »
 
          Or l'ambition impérialiste américaine est chaque jour plus déclarée. Et camouflées derrière elle, en contrebande, que de tristes passions et de grandes haines ne fait-on pas passer! Du racisme anti-arabe, du fondamentalisme chrétien, du sionisme sharonien... Si ça, c'est du libéralisme, nous ne l'avons pas appris dans les mêmes livres.  
  
Le président le plus catastrophique 
  
          Le libéralisme est fondé sur quelques grands principes. Un principe est un enseignement, étayé en raison, enrichi dans le temps, et testé par l'expérience, pour guider notre action. Car nous rencontrons parfois des problèmes trop complexes et trop pressants pour que nous puissions espérer inventer de toutes pièces une réponse appropriée. Les circonstances peuvent nous toucher de trop près pour que l'émotion n'embrouille pas notre jugement. C'est alors qu'il faut appliquer les principes, comme on suit une balise dans la tempête.  
  
          La situation depuis le 11 septembre nous pose un tel problème, complexe, pressant, émotionnel. Il est clair que ce n'est pas en se référant aux grands principes du libéralisme que Bush compte le résoudre. Loin de là.  
  
          Alors quelle incohérence pousse des libéraux à le soutenir?  
  
          Je l'ai déjà souligné: il n'est pas de plus grand danger pour la planète aujourd'hui que le débordement du sentiment impérialiste américain. Bush l'attise. Il y voit le vecteur de sa carrière politique. Il a joué des attentats du 11 septembre comme d'autres de la dépêche d'Ems, de l'assassinat de Sarajevo, de l'incendie du Reichstag, et toutes ces affaires, montées en épingle pour servir des ambitions, ont conduit à des catastrophes.  
  
          Pour les libéraux, Bush sera le plus catastrophique président des États-Unis depuis Franklin Roosevelt. Souvenez-vous en. Vous l'aurez appris en lisant le QL. 
  
 
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