Montréal, 6 juillet 2002  /  No 106  
 
<< page précédente 
 
 
 
 
Chantal K. Saucier est une Acadienne « française neutre » vivant dans le sud de la Louisiane depuis 1995. Elle poursuit présentement des études de doctorat à l'Université de la Louisiane à Lafayette et mène une existence simple et paisible avec son conjoint cadien sur une petite ferme.
 
BILLET D'UNE ACADIENNE
 
L'ESCLAVAGE ET LA GUERRE
POUR L'INDÉPENDANCE DU SUD
  
par Chantal K. Saucier
  
  
          Il est clair qu'il est difficile pour plusieurs d'entre nous de bien saisir la question de l'esclavage et de la guerre pour l'indépendance du Sud aux États-Unis puisque ces événements se sont déroulés il y a près de 150 ans. C'est peut-être doublement hardu pour ceux d'entres nous qui ne sommes pas États-Uniens puisque nous n'avons pas, pour la plupart, étudié la question de cette guerre américaine et ses enjeux à l'école dans nos pays d'origines respectifs, comme ce fut le cas pour moi.
 
          Je ne vais pas ici tenter de vous convaincre de quoi que ce soit et je ne prétends pas être spécialiste de cette guerre – après tout, plus de 50 000 textes existent sur le conflit et je n'en ai consulté que quelques-uns. Ce que je vais plutôt faire, c'est montrer qu'il y a une interprétation de l'histoire qui diffère de la version officielle et expliquer pourquoi j'en suis personnellement venue à la conclusion que la guerre pour l'indépendance du Sud est le point tournant historique et l'événement qui a facilité l'américanisation de la Louisiane francophone. 
  
          Ce texte est une réflexion personnelle; ma théorie est improuvable puisque nous ne pouvons pas retourner en arrière pour changer le cours de l'histoire. Cependant, je crois que si le Sud avait gagné la guerre de sécession et si les États confédérés étaient demeurés indépendants, la Louisiane aurait conservé sa francité dans une plus large mesure ou du moins, elle en aurait eu la possibilité. Car, s'il est facile de se rappeler que la guerre a éliminé la pratique de l'esclavage aux États-Unis, il est également facile d'oublier qu'elle a aussi détruit la notion de république sur laquelle cette nation avait été fondée près d'un siècle plus tôt.  
  
          En effet, lorsque l'Angleterre a reconnu la déclaration d'indépendance américaine, elle a aussi reconnu chaque État comme étant souverain et indépendant. De plus, la Constitution américaine reconnaît aussi les États comme indépendants et elle ne leur défend pas de se retirer de l'Union s'il le désire. En maintenant, le Sud de force dans l'Union, Abraham Lincoln est non seulement allé à l'encontre de la constitution qu'il avait pourtant jurer défendre, mais il a rendu possible l'expansion de l'empire que nous connaissons aujourd'hui et l'américanisation et l'anglicisation du Sud, plus particulièrement de la Louisiane. 
  
L'esclavage: l'affaire du Sud seulement? 
  
          Les mythes historiques abondent en ce qui a trait à la guerre civile américaine. On croit généralement que l'esclavage était uniquement l'affaire du Sud, que Jefferson et Lincoln ("The Great Emancipator") étaient des abolitionnistes engagés, que Lincoln est un héros pour avoir libéré les esclaves ou encore que la guerre était nécessaire à l'abolition de l'institution de l'esclavage.  
  
          Après tout, c'est plus ou moins ça la version « officielle » des faits. Ceux qui n'y croient pas et qui appuient plutôt l'aspiration du Sud à l'indépendance sont plus souvent qu'autrement considérés comme racistes par leurs pairs et les médias. Tout récemment, John Baldwin écrivait dans un éditorial du Shreveport Times que la désignation du mois d'avril comme le « mois des confédérés » en Louisiane démontrait que trop de gens perçoivent encore les noirs comme une race inférieure: « The clearest indication of this peculiar notion is David Duke garnered 60 percent of the white vote in Louisiana when he ran for governor », ajoute-t-il.  
  
          On pourrait aussi donner l'exemple de l'organisation NAACP (National Association for the Advancement of Colored People) qui insiste sur la relation entre le drapeau des confédérés et l'esclavage alors que la pratique a existé pendant bien plus longtemps sous le drapeau américain (1787-1861) que sous le drapeau du sud (1861-1865). Il est clair, de nos jours, que pour plusieurs les notions de « confédéré » et de « racisme » vont de pair.  
  
          L'autre version des faits, beaucoup moins populaire, est la théorie présentée par l'éditorialiste bien connu Charley Reese: « For a minority in the North and a minority in the South, slavery was the primary issue, but the majorities in both North and South fought for something else. In the North, it was to preserve the union. In the South, it was to preserve the constitutional republic. »  
  
          S'il est vrai que la pratique de l'esclavage était presqu'exclusivement l'affaire du Sud au moment où la guerre a éclaté, cela n'a pas toujours été le cas. En fait, la pratique de l'esclavage aux États-Unis existait longtemps avant la signature de la constitution américaine et elle était présente au nord comme au sud. À la fin du 17e siècle, la pratique était tellement courante dans la ville de New York que 42 pour cent des habitants possédaient des esclaves. Vers 1770, il y avait plus d'esclaves dans la colonie new-yorkaise qu'il y en avait en Georgie. À cette époque, la pratique était sanctionnée dans toutes les colonies britanniques de l'Amérique. (Hummel, p. 9) 
  
          Cependant, même si l'esclavage n'était plus pratiqué dans les États du nord à partir des années 1830, la plupart des « Yankees » n'étaient pas pour autant abolitionnistes et/ou en faveur d'accorder des droits aux gens de couleur. 
  
          Prenons par exemple Thomas Jefferson, président de 1800 à 1808, et souvent qualifié d'abolitionniste. Il est vrai qu'il condamnait la pratique de l'esclavage, mais il possédait lui-même quelques centaines d'esclaves. Sans oublier que s'il disait favoriser l'émancipation des noirs, il n'avait pas pour autant l'intention de vivre avec des gens de couleur « libres ». Au contraire, il favorisait ouvertement leur déportation: 
          Nothing is more certainly written in the book of fate than that these people are to be free. [...] Nor is it less certain that the two races, equally free, cannot live in the same government. Nature, habit, opinion have drawn indelible lines of distinction between them. [...] It is still in our power to direct the process of emancipation and deportation, peaceably, and in such slow degree that the evil will wear off insensibly, and their place be, pari passu, filled up by free white laborers. (Hummel, p. 11)
          La Constitution écrite en 1787, offre par ailleurs un paradoxe intéressant au sujet de l'esclavage. D'un côté, le terme « slavery » ne s'y retrouve pas, mais une clause donne au gouvernement fédéral le pouvoir de réglementer et d'abolir l'importation d'esclaves à partir de 1808 (en Louisiane, des restrictions ont été imposées à partir de 1804 alors que Jefferson était président). 
  
          Cette clause de la constitution, qui annonçait l'arrêt des importations d'esclaves (et non l'abolition de l'institution), a provoqué un réapprovisionnement intense d'esclaves pendant les deux décennies suivantes. Tellement, qu'aucune autre période de vingt ans dans l'histoire des États-Unis n'égale celle-ci pour ce qui est du nombre d'esclaves importés. (Hummel, p. 11) 
  
          Par ailleurs, la constitution contenait aussi d'autres dispositions favorisant nettement les propriétaires d'esclaves. Hummel écrit: 
          First, Article IV, Section 2, compelled the return of fugitive slaves even if they escaped to states that had abolished the institution. [...] This in effect required the national government to subsidize the enforcement of the slave system with resources from slaveholders and non-slaveholders alike. Second, the constitution counted three-fifths of a state's enslaved population to determine its representation in the House of Representatives. This "federal ratio," although applied to direct taxes as well, principally increased the political power of slaveholders in proportion to the number of enslaved blacks. (p. 11)
          Suivant cette logique, si tous les esclaves avaient été comptés à part entière, ce sont les propriétaires d'esclaves qui y auraient gagné puisque les esclaves n'avaient pas le droit de voter. 
  
          Pendant la première moitié du dix-neuvième siècle, la pratique de l'esclavage s'est progressivement déplacée vers le Sud. Durant cette période, et à partir de 1808, un équilibre a été maintenu entre les États où l'esclavage était légal et ceux où il avait été aboli. Une des raisons de cette évolution est la différence grandissante entre l'économie du Nord et celle du Sud. Dans The Story of Louisiana, William O. Scroggs écrit: « The Northern States once had slavery, but they did not find it profitable. Slaves did not make good factory laborers, and the cold climate did not suit the negro. In the South, on the other hand, slaves were valuable laborers on the plantations and the climate suited them. » (p. 251) 
  
     « Depuis la fin de la guerre de sécession, l'histoire, ce sont surtout les vainqueurs qui la racontent, glorifiant les Jefferson et les Lincoln. Leur outil: un système d'éducation financé et contrôlé par l'État, centralisé et standardisé par Washington, qui a favorisé, sinon orchestré, l'"américanisation" de tous les peuples, y compris les francophones de la Louisiane. »
  
          De penser que la majorité des gens au nord étaient totalement contre la pratique de l'esclavage est aussi ignorer qu'en 1848, les États-Uniens ont élu un président de la Louisiane, le Général Zachary Taylor, propriétaire de plus de 300 esclaves. (Scroggs. p. 244) Puisque la population du nord dépassait largement celle du sud, il faut compter que Taylor a été élu grâce aux votes d'une large proportion de « Yankees ». 
  
Abraham Lincoln s'en va en guerre 
  
          En 1860, Abraham Lincoln est devenu président des États-Unis. Chef du nouvellement formé Parti républicain, Lincoln avait promis de ne pas permettre l'expansion de l'esclavage dans la république, sans pour autant promettre de l'abolir. 
  
          Lincoln est aujourd'hui souvent reconnu comme « The Great Emancipator », pourtant sa déclaration d'émancipation ne s'appliquait qu'aux États « rebelles ». En d'autres mots, dans les États qui ne s'étaient pas retirés de l'Union et où l'esclavage était sanctionné, rien ne devait changer. Hummel écrit: 
          ...the president issued the final Emancipation Proclamation at the beginning of 1863. But it technically freed no slaves. As a war measure similar to that of the British during the American Revolution, the proclamation only applied to the areas still in rebellion. [...] The only slaves covered here were the ones beyond the reach of Union authority. The anomaly inspired a cynical retort from Seward. "We show our sympathy with slavery," he stated the day after the proclamation was issued, "by emancipating slaves where we cannot reach them and holding them in bondage where we can set them free." (p. 210)
          Pour Abraham Lincoln, l'émancipation représentait ni plus ni moins qu'une mesure de guerre. Son but, écrivait-il, « is to save the Union, and is not either to save or to destroy slavery. If I could save the Union without freeing any slave I would do it, and if I could save it by freeing all the slaves I would do it; and if I could save it by freeing some and leaving others alone I would also do that. » (Hummel, p. 206) 
  
          La proclamation d'émancipation de Lincoln a par ailleurs été rejetée par le Spectator de Londres pour les mêmes raisons. Elle libérait « the enemy's slaves as it would the enemy's cattle, simply to weaken them [...] The principle is not that a human being cannot justly own another, but that he cannot own him unless he is loyal to the United States. » (Hummel, p. 210) 
  
          Lincoln, tout comme Jefferson, favorisait aussi la colonisation (déportation) des hommes de couleur. Alors qu'il était membre de la législature de l'Illinois en 1857, il avait proposé à ses collègues de consacrer des fonds « to remove all of the free blacks from the state of Illinois. » (DiLorenzo, p. 18) Pendant la guerre, lorsqu'on lui a demandé ce qu'il devait arriver avec les esclaves une fois qu'ils seraient libérés, Lincoln a répondu: « Send them to Liberia, to their own native land. » Selon Thomas DiLorenzo, Lincoln « developed plans to send every last black person to Africa, Haiti, Central America – anywhere but the United States. » (p. 17) 
  
          Les plans de colonisation de Lincoln n'ont pas fonctionné et l'idée d'une Amérique « blanche » a plus ou moins été abandonnée au milieu de la guerre, vers 1863. 
  
          Comme l'histoire nous le démontre, Lincoln était cependant déterminé à sauver l'Union et il a gagné la guerre au prix d'une destruction énorme dans le sud des États-Unis et de pertes de vies jamais égalées dans l'histoire du pays. Quant au Sud, il était coincé. Dans le roman L'habitation Saint-Ybars, Alfred Mercier, un homme de couleur libre de la Nouvelle Orléans écrivait: 
          Les exaltés du Sud et les énergumènes du Nord vont compromettre cette grande république. [...] O Sud, quel triste sort t'attend! Vainqueur ou vaincu, ton malheur est certain. Vainqueur, tu traînes un boulet attaché à ton pied, l'esclavage. Ton ennemi, défait sur le champ de bataille, te poursuit sans trêve ni merci sur le terrain de la discussion. Vaincu, tes ateliers sont désorganisés; la confiscation te saisit de ses serres impitoyables. Déchiré, dévoré comme Prométhée, que de temps il te faudra pour reprendre ta santé et tes forces! peut être un demi-siècle. (p. 223)
          Sans manufacture pour produire ce dont ils avaient besoin à des fins de guerre, dont des armes, et avec l'embargo imposé par le nord sur toute importations du continent et de l'Europe, le Sud n'avait aucune chance. La revendication d'indépendance des États confédérés, qui leur aurait permis de se détacher de Washington, l'État centralisateur, a été tuée dans l'oeuf. On pourrait facilement comparer le sort du Sud à ce qui serait arrivé aux États-Unis s'ils avaient perdu la guerre d'indépendance contre l'Angleterre, c'est-à-dire la soumission à un État non reconnu et non sanctionné par la population. 
  
La reconstruction, l'assimilation 
  
          Après la guerre, les auteurs français et créole ont vite craint la disparition de la culture et de la langue française en Louisiane. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'Alfred Mercier a participé à la fondation de l'Athénée Louisianais en 1876. La déclaration, en 1887, de Mgr Ireland, « One flag, one nation, one language » ne pouvait que confirmer ce qui se préparait. (Mercier, p. 60)  
  
          De plus, en Nouvelle-Angleterre, un système d'éducation financé et contrôlé par L'État venait de voir le jour, ce que nous appelons aujourd'hui les « écoles publiques ». (Gatto, p. 37) Ce n'était qu'une question de temps avant que la vague n'atteigne la Louisiane. Selon le texte chronologique inclus dans l'oeuvre de Mercier, en 1887 débute effectivement « une nouvelle attaque à l'endroit des écoles françaises en Louisiane ». (p. 60) 
  
          Les attaques contre les écoles françaises et le fait français en Louisiane se sont malheureusement poursuivies bien après le décès de Mercier en 1894.  
  
          Vers la fin du dix-neuvième siècle, les lois « Jim Crow » mises en place dans la plupart des États américains et qui légalisaient la ségrégation des noirs et des blancs (separate but equal), ont fait un tord énorme à la population de couleur de la Louisiane. En effet, si avant la guerre les hommes de couleurs libres se trouvaient dans une position sociale et économique enviable malgré le fait qu'ils ne pouvaient voter, après la guerre, ils se sont retrouvés sans argent, sans droits, et sans recours. Pour eux, c'est l'impasse, impasse que l'on retrouve d'ailleurs dans l'oeuvre de Mercier. 
  
          En 1916, l'école est devenue obligatoire pour tous les enfants de la Louisiane, mais les gens de couleur n'y avaient toujours pas accès. Par la suite, la constitution louisianaise de 1921 affirmait que seul l'usage de l'anglais était légal, et ce dans toutes les écoles de l'État. C'est le coup de grâce pour les écoles françaises qui existaient encore à l'époque.  
  
          Il aura fallu au moins le demi-siècle prédit par Vieumaite pour que le Sud se reconstruise, mais entre-temps, la culture créole a presque totalement été anéantie et la culture cadienne, l'autre culture francophone d'importance, est aujourd'hui au bord du précipice et en voie de disparition. Sans compter la destruction qu'ont subie d'autres cultures présentes en Louisiane, comme les cultures amérindiennes, espagnole, allemande, etc. La Louisiane est depuis, pour ainsi dire, devenue « américaine ». 
  
          Il est difficile d'évaluer ce qui se serait produit si Lincoln n'avait pas tout mis en oeuvre pour sauver l'Union et s'il avait laissé les États confédérés se retirer paisiblement et conserver leur indépendance. Hummel écrit:  
          The common refrain, voiced by Abraham Lincoln himself, that peaceful secession would have constituted a failure for the great American experiment in liberty was just plain nonsense. "If Northerners [...] had peaceably allowed the seceders to depart," the conservative London Times correctly replied, "the result might fairly have been quoted as illustrating the advantages of Democracy; but when Republicans put empire above liberty, and resorted to political oppression and war rather than suffer any abatement of national power, il was clear that nature at Washington was precisely the same as nature at St. Petersburg [...] Democracy broke down, not when the Union ceased to be agreeable to all its constituent States, but when it was upheld, like any other Empire, by force of arms." (p. 352)
          L'important dans tout ça est peut-être pour nous tous de réaliser que pour tout conflit, il existe toujours au moins deux versions de l'histoire: celle des vainqueurs et celle des vaincus (on pourrait aussi ajouter celles du conquis, de l'acheté, du vendu, etc.). Et, depuis la fin de la guerre de sécession, l'histoire, ce sont surtout les vainqueurs qui la racontent, glorifiant les Jefferson et les Lincoln. Leur outil: un système d'éducation financé et contrôlé par l'État, centralisé et standardisé par Washington, qui a favorisé, sinon orchestré, l'« américanisation » de tous les peuples, y compris les francophones de la Louisiane.  
  
Les nouveaux esclaves 
  
          Après la guerre, Lysander Spooner, un abolitionniste engagé (et anarchiste) a écrit que le Nord s'était battu pour le principe que « men may rightfully be compelled to submit to, and support, a government they do not want; and that resistance, on their part, makes them criminals and traitors ». Ce qui fait dire à Hummel que « political slavery » a alors prit la place de « chattel slavery ». (p. 205) 
  
          Peut-être est-ce là l'esclavage dont fait mention l'auteur cadien Antoine Bourque dans sa nouvelle justement intitulée L'esclavage? C'est du moins ce que plusieurs prétendent, bien qu'ils soient en minorité, comme le fait Butler Shaffer, un professeur à l'école de droit de Southwestern University:  
          When the state wants our services or the products of our labor, it demands them by force, with no respect for yours or my right to refuse. Taxes are simply increased, conscription ordered, service demanded, and we are expected to obey with the same obeisance as a plantation slave being ordered to increase the rate of chopping cotton. We have so internalized our slave status that most of us take it as a compliment to be referred to as an "asset" of the community; or regard it as an expression of governmental "caring" to refer to our children as "our nation's most valuable resources."
          Tout compte fait, peut-être que Mercier n'avait pas tort en disant que « savoir, c'est être libre ». À tout le moins, « savoir » plus d'une version de l'histoire, « c'est être libre », au moins, de choisir celle que l'on croit juste. 
  
          L'esclavage n'était pas juste, pas plus que les lois « Jim Crow » et la constitution louisianaise de 1921. Cependant, la revendication du Sud à l'indépendance était au moins tout aussi valide que la proclamation d'indépendance des États-Unis en 1776. 
  
          Les héros, selon moi, ne sont pas Jefferson, Lincoln et ceux de la même espèce politique. Ce sont les Spooner, les journalistes du London Times, du Spectator de Londres et tous les autres que nous ne connaissons pas, mais qui ont non seulement défendu l'émancipation des esclaves, mais aussi la proclamation d'indépendance des États confédérés et par extension les libertés individuelles des États-Uniens. Puisse-t-on mieux les connaître un jour. 
  
          En attendant, on peut toujours prendre son Petit Robert et réfléchir sur les deuxième et troisième définitions données pour le mot « esclavage ». Vous constaterez peut être, tout comme moi, qu'Antoine Bourque est probablement passé par là. 
  
          Esclavage: État de ceux qui sont soumis à une autorité tyrannique. V. Asservissement, assujettissement, dépendance, domination, joug, oppression, servitude. Tenir tout un peuple dans l'esclavage. Chose, activité qui impose une contrainte. V. Contrainte, gêne, sujétion. Ce travail est un véritable esclavage. Doctrine qui tient les esprits en esclavage. 
  
  
Oeuvres et travaux consultés
 
•Balwin, John, "Stop trumpeting nobility of Confederacy," Shreveport Times. 29 avril 2002.
•Bourque, Antoine, Trois Saisons, Ed. Louise Courteau, Lafayette: Édition de la Nouvelle Acadie, 1988.
•Brasseaux, Carl A., Acadian to Cajun:Transformation of a people, 1803-1877, Jackson: University Press of Mississippi, 1992.
•Dargo, George, Jefferson's Louisiana: Politics and the Clash of Legal Traditions, Cambridge: Harvard University Press, 1975.
•DiLorenzo, Thomas J., The Real Lincoln: A New Look at Abraham Lincoln, His Agenda, and an Unnecessary War, Roseville (CA): Prima Publishing, 2002.
•Gatto, John Taylor, The Underground History of American Education, New York: The Oxford Village Press, 2001.
•Hummel, Jeffrey Rogers, Emancipating Slaves, Enslaving Free Men: A History of the American Civil War, 1996. Chicago: Open Court, 1998.
•Mercier, Alfred, L'Habitation Saint-Ybars, 1881, Manchester: National Materials Development Center for French & Creole, 1982.
•Reese, Charley. "Flag Is Not The Problem," King Features Syndicate, Inc. 22 mars 2002.
•Scroggs, William O, The Story of Louisiana, 3rd ed. Indianapolis, New York: The Bobbs-Merrill Company, 1943.
•Shaffer, Butler, "The Social Contract and Other Myths," LewRockwell.com. 1 avril 2002.
 
  
Articles précédents de Chantal K. Saucier
 
 
<< retour au sommaire
 PRÉSENT NUMÉRO