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Montréal, 31 août 2002 / No 108 |
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par
Hervé Duray
Un petit rappel tout d'abord sur le terme La démocratie s'oppose à l'autocratie, à la théocratie, ou à quelque forme de gouvernement dans laquelle une personne ou un groupe déterminé par des critères précis détiennent le pouvoir, niant aux autres tout accès à celui-ci. Ainsi, les communistes nient le droit de tous les autres partis à gouverner, les rois détiennent le pouvoir de droit divin, quant à d'autres ils font partie de l'élite naturelle et doivent donc gouverner. La démocratie promet d'abaisser la barrière dans la conquête du pouvoir et de permettre à l'ensemble des citoyens d'un territoire donné d'influer sur lui, d'y participer. |
En France, voilà plus de 200 ans que la monarchie a été
abattue, au profit de la république et de la démocratie.
Pourtant, contrairement aux États-Unis, qui ont conservé
la même constitution pendant plus de deux siècles, nous en
sommes à la Vième République, avec autant de constitutions.
En fait, les lois La démocratie est-elle soluble dans les modes de scrutin? Comme partout ailleurs, la démocratie française est bien sûr L'imagination débordante des politiciens entre alors en action. Ainsi voici le mode de scrutin des élections régionales, dixit Le Monde: L'objectif: l'élimination de la diversité politique Ouf, vous avez suivi? Moi j'appelle ça faire une salade. Ce ne sont pas des règles claires, compréhensibles au premier abord. C'est un enchevêtrement technique qui cherche à éliminer les petits partis. Il existe aussi des tas de lois, comme celle sur les subventions aux partis, accordées seulement si le seuil de 5% des voix (exprimées? des inscrits?) est dépassé. Il y a aussi les lois sur les campagnes légales d'information lors d'élections nationales: les partis y ont droit selon d'étranges modes de calcul, qui laissent 3 minutes par jour à un petit parti pour quelques heures pour un plus gros. Allez donc faire éclore un parti libéral là-dedans! Maintenant Nicolas Sarkozy veut lui aussi rajouter sa touche. Sous Jospin, ce ne sont pas moins de quatre scrutins qui ont été modifiés. Le nouveau ministre de l'Intérieur veut accentuer la bipolarisation politique, et n'avoir qu'un grand parti de droite contre un grand parti de gauche. Politiquement, il ne risque rien: la mesure nuira au Front national, car il faut éviter le
Ainsi en France, la démocratie est à géométrie variable. Alors que 15 à 20% des Français votants (Front national) n'ont que 2 ou 3 maires et aucun député, 7% ont par contre un groupe à l'Assemblée nationale (Parti communiste) des dizaines de mairies, etc. Et avec la réforme Sarkozy, qui soit dit en passant ne fait pas la une des journaux, les électeurs du Front national seraient définitivement jetés aux oubliettes. De fait, il faut constater que la démocratie, aussi perfectionnée soit-elle, ne permet absolument pas de satisfaire le plus grand nombre, et qu'instrumentalisée par les lois sur les modes de scrutin elle va même museler une opposition qui se faisait trop pressante. Mais alors, que faire? En fait la démocratie n'a en rien réglé les problèmes de souveraineté. La démocratie règle un seul problème relatif à la politique: le mode de décision est perçu comme La démocratie n'est qu'un autre système politique Et comme dans les divers régimes ayant précédé les démocraties, il y a toujours des groupes bénéficiaires du pouvoir et d'autres perdants nets. Les politiciens d'abord, les syndicalistes, les fonctionnaires... de l'autre côté, il y a les Mais peu importe, personne ne semble remettre en cause le Dogme démocratique, l'horizon indépassable de l'organisation politique. Personne en France ne veut savoir qu'il ne peut exister qu'une seule souveraineté, celle de l'individu libre. Qu'il n'existe qu'un seul système permettant la prise en considération des besoins de tous et de leur expression, et que ce moyen c'est le marché. Que la démocratie n'est qu'un mode de prise de décision parmi d'autres, avec ses avantages et ses inconvénients. Pour conclure, car les thèmes abordés ci-dessus mériteraient à eux seuls de longs articles, je vous livre cette citation de Proudhon, tout à fait hayékienne: Qu'était-ce que la monarchie? la souveraineté d'un homme. Qu'est-ce que la démocratie? la souveraineté du peuple, ou, pour mieux dire, de la majorité nationale. Mais c'est toujours la souveraineté de l'homme mise à la place de la souveraineté de la loi, la souveraineté de la volonté mise à la place de la souveraineté de la raison, en un mot, les passions à la place du droit.
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