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Montréal, 14 septembre 2002 / No 109 |
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par
Marc Grunert
Jean-François Revel est un maître de la raison classique. Pour connaître la vérité il utilise l'information comme une |
Antiaméricanisme
pathologique et surmoi marxiste
Ainsi Revel démontre-t-il, dans son dernier livre(1) que l'anti-américanisme tel qu'on le connaît n'est qu'une tentative pour masquer les manquements politiques des Européens ou des Africains, leurs incompétences, et finalement pour éreinter le libéralisme dont les États-Unis sont encore la terre d'accueil la plus fertile (Revel exagère toutefois en identifiant quasiment le libéralisme accompli et les États-Unis). Quoi qu'ils fassent, les Américains sont toujours les coupables désignés. Or Revel rend justice aux États-Unis sur bien des points. C'est un des objets du livre. Et sur tout cela on ne peut que lui donner raison. Dans son premier chapitre Revel instruit le procès politique de l'Europe et rappelle l'évidence que L'antiaméricanisme pathologique s'explique aussi par ce surmoi marxiste qui parasite peu ou prou l'Européen moyen ayant subi le lavage de cerveau de l'éducation nationale(2). Les cerveaux européens, formatés par les concepts marxistes et par ses déductions pourtant erronées, poursuivent les États-Unis et le capitalisme d'une même haine. Ainsi l'antiaméricanisme et L'écolo-mondialisme: nouveau vernis néo-marxiste Les idéologies du passé sont recyclées dans un écolo-mondialisme, nouveau vernis néo-marxiste. Épinglés par Revel,
Dans son livre, Revel s'applique à montrer que si les États-Unis ne sont pas exempts de critiques (qui ne l'est pas?) leur hégémonie résulte à la fois des fautes historiques des Européens, de l'incohérence de leurs diplomaties et surtout du fait que, contrairement aux Européens, l'Amérique a su promouvoir et profiter de l'extension du libre-échange international, au lieu d'y résister. Les politiciens européens n'ont pas dépassé les leçons du Système national d'économie politique de Frédéric List (1841) qui enseigne que le commerce international ne pourra se développer, pour le bien-être de tous, que lorsque toutes les nations auront atteint un certain niveau de développement de leur économie et de leur système de droit social. Pour atteindre cet objectif, les nations doivent protéger le développement de leur industrie. Bref, c'est l'idée qu'il ne faut commercer librement avec les pays pauvres que lorsqu'ils auront atteint notre niveau de vie, notre niveau de développement industriel et de L'angle mort de la vision revelienne Dans son livre, Revel remet donc un aspect de la vérité sur l'Amérique à l'endroit. Une grande partie du livre est consacrée à justifier la diplomatie américaine ou du moins à montrer l'incohérence des critiques qui lui sont faites en général. Mais il y a un angle mort dans la vision de Revel. Il est vraiment dommage qu'un grand esprit comme Revel légitime à ce point tous ces fallacieux concepts collectivistes que sont l'État et ces autres entités politiques comme l'ONU. L'Amérique a fait ci, elle a fait ça, l'Europe quant à elle... Les Américains, c'est qui? Les Un libertarien restera insatisfait finalement après la lecture du livre. C'est qu'à aucun moment Revel ne conteste cet ordre inter-national ou plutôt inter-étatique. Au-delà de l'État, point de salut. À force de parler des événements mondiaux comme d'une scène où les seuls acteurs sont les États, où les entités politiques ont un degré de réalité supérieur à celui des individus, où les abstractions collectives (Europe, France...) jouent les premiers rôles, on finit par saper le fondement du libéralisme: la primauté de l'individu. Revel, malheureusement, n'est pas capable de penser la société dépolitisée; l'idée que la démocratie attente par nature au Droit ne l'effleure jamais. Dans le monde des États désincarnés, sans individus, Revel a raison. Mais dans le monde des hommes, l'État est coupable par nature, il cause les guerres et les famines, il est une agression permanente du Droit même en période de paix. Dans ce monde-là, l'État américain est un criminel qui fait souvent du bien, disons plus que les autres, en protégeant un peu mieux que les autres les droits de propriété. Aussi est-il navrant de constater que l'horizon de l'histoire pour Revel, c'est un État européen pseudo-fédéral (en fait nécessairement centralisé) et un État mondial fondé sur les valeurs occidentales. Prions pour que les libéraux soient plus nombreux que les fascistes verts et rouges! J'aime les Américains et l'Amérique, sanctuaire de la tradition de la liberté et du capitalisme, mais je n'aime pas son État, véritable menace pour la liberté des Américains eux-mêmes. Revel n'accorderait pas beaucoup de pertinence à ma déclaration. Voilà peut-être ce qui sépare un
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