Montréal, 1er mars 2003  /  No 120  
 
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André Dorais a étudié en philosophie et en finance et vit à Montréal.
 
ÉTHIQUE LIBERTARIENNE
 
ÉTHIQUE ET DÉMOCRATIE
 
par André Dorais
  
  
          Lorsque le gouvernement s'approprie votre maison ou votre terrain, les sociaux-démocrates s'empressent de justifier le geste en invoquant le bien commun. Lorsque c'est au tour des banques, des producteurs d'électricité et de pétrole d'être expropriés, ils invoquent encore le bien commun, mais en prenant soin de banaliser le geste, plutôt gros, en le qualifiant de « nationalisation » et en tentant de nous faire croire qu'il en va de notre intérêt. Enfin, le gouvernement s'approprie votre argent quotidiennement par l'entremise des taxes et impôts toujours avec l'approbation des sociaux-démocrates qui en redemandent.
 
          Le gouvernement annonce partout, avec notre argent, que « Piquer, c'est voler! », mais jamais il ne vient à l'esprit des sociaux-démocrates que taxer constitue également un vol. Ils vous diront que prendre l'argent ou le bien des autres est justifié en autant que c'est pour le bien commun ou qu'il s'agit du désir de la majorité. Or, ces justifications ne tiennent pas. Un vol commis par un individu ou une majorité n'en est pas moins un vol et le bien commun n'existe que parce qu'il est imposé. Un bien imposé n'est pas un bien, mais la dictature du bien et en tant que telle, il s'agit d'abord et avant tout d'une dictature. La social-démocratie est l'opposée de la morale. Ceux qui y participent en sont complices. 
  
Analogies 
  
          Les sociaux-démocrates se battent entre eux pour savoir qui est le plus juste. Ainsi, le gouvernement américain cherche à mener une guerre préventive, mais d'autres sociaux-démocrates de par le monde protestent, car ils ne considèrent pas que cette guerre répond à ce critère. Toutefois, beaucoup de ces protestataires adorent la discrimination préventive. Comment expliquer l'apparente contradiction? En effet, quelle est la différence entre la guerre positive et la discrimination positive?  
  
          Les gouvernements sociaux-démocrates adorent tout ce qui est positif: une bonne discrimination, qui privilégie, une discrimination « renversée », réparatrice, qui corrige la soi-disant sale discrimination tout autant qu'une bonne guerre préventive qui corrige un mal soi-disant plus grand. Ils protestent lorsque c'est trop évident, mais ils devraient se regarder dans le miroir et se demander quelle est la différence entre une intervention militaire et une intervention sociale. Les deux sont pour une certaine idée du bien, les deux désirent corriger un mal, réel ou non, par le mal.  
  
          Combattre la discrimination par la discrimination procède de la même logique que répondre à la violence par la violence. Avec des armes à la main, ceux qui revendiquent la bonne discrimination risquent fort de revendiquer la bonne guerre. Les deux s'appuient sur des maux présumés et les deux sont une violation de propriété. La guerre agresse les hommes et leurs biens, alors que c'est en soutirant l'argent des individus qu'est établie la discrimination dite positive. Dans ce dernier cas, le vol est certain, dans l'autre, la mort et la destruction sont probables.  
  
L'envahisseur 
  
          Le socialisme envahit nos vies depuis quelque 150 ans. Partout le vol est commis au nom de la démocratie et partout une majorité y participe. Voler du pétrole en particulier ou de l'argent en général, c'est du pareil au même. Si vous protestez pour l'un, pourquoi ne pas protester pour l'autre? De plus, il n'est pas du tout sûr que le gouvernement américain se bat pour du pétrole, ce pourrait être la peur et elle seule qui l'y conduit. Toutefois, il est certain que plusieurs des individus qui ne veulent pas d'intervention militaire aiment bien, par ailleurs, les autres interventions gouvernementales.  
  
          Ceux qui se plaignent de l'une, devraient également se plaindre des autres interventions. C'est facile de se dire pour la paix lorsqu'on n'a en tête que l'agression physique, mais lorsqu'on encourage, par ailleurs, le vol, on ne peut prétendre davantage favoriser la paix. Tuer est plus grave que voler, mais l'un ne peut être justifié par l'autre. Si vous voulez la paix, c'est l'un et l'autre que vous devez exigez. 
  
     « La vie sans gouvernement est non seulement possible, mais elle est souhaitable. Sur ce point, les marxistes avaient raison, mais est-il besoin de vous rappeler qu'ils ont établi un État monstrueux, soit le contraire de ce qu'ils visaient? »
 
          Regardez ce qui se passe en Argentine. Les Argentins émigrent par milliers car leur gouvernement les a volé à tour de bras. Au début, ils s'en sont pris aux banques, comme nous nous en prenons aux pétrolières, pour réaliser peu à peu que le véritable coupable est leur gouvernement. Toutefois, ayant l'esprit trop lavé par le socialisme, plusieurs demandent à leur gouvernement d'intervenir, sans trop savoir sur quoi et sur qui, pour corriger la situation.  
  
          C'est un peu à l'image de cette femme battue par son mari qui se plaint, au courrier du coeur, qu'il a beau être violent avec elle et les enfants, elle ne peut s'en passer car elle l'aime. Continuez à jouer le jeu de la démocratie et vous serez soumis aux diktats de ceux à qui vous demandez de vous représenter. La vie sans gouvernement est non seulement possible, mais elle est souhaitable. Sur ce point, les marxistes avaient raison, mais est-il besoin de vous rappeler qu'ils ont établi un État monstrueux, soit le contraire de ce qu'ils visaient? Cela était à leur image de la même manière que c'est à l'image des sociaux-démocrates d'aujourd'hui.  
  
Démocratie / Politique 
  
          La démocratie est légitime lorsqu'elle est appliquée à des associations dont on est libre de se retirer en tout temps. Elle est donc inapplicable à l'ensemble d'une société, car elle dérive inévitablement vers la social-démocratie, c'est-à-dire un régime qui considère l'appropriation comme étant légitime. La social-démocratie engage tout le monde malgré la volonté contraire de plusieurs et bafoue quotidiennement la propriété des gens. Ceux qui y participent ne peuvent prétendre à la morale et lorsque celle-ci est ainsi bafouée et ridiculisée, c'est également la ruine économique qui les attend. Cela peut prendre quelques générations, mais ça viendra.  
    
          Les sociaux-démocrates qui se promènent de par le monde en professant la supériorité morale de la démocratie sont à l'image des apôtres d'hier qui prêchaient la bonne nouvelle. Le problème, c'est que leurs suggestions se sont trop souvent avérées des exigences. Lorsque le choix qu'il nous reste est de type « crois ou meurt » ou « adhère ou meurt », il ne s'agit plus de philosophie, mais de dictature. Une monarchie peut être de beaucoup supérieure à la démocratie non pas parce que le souverain règne de par son sang, mais parce qu'il peut offrir à son peuple les libertés qui lui permettent de s'épanouir.  
  
          Ce n'est pas la démocratie qui est importante, mais les libertés qu'elle sous-tend. C'est surtout la peur qui conduit les hommes à brimer les libertés. À force de chercher la sécurité, l'individu se soumet jusqu'à l'emprisonnement, voire l'esclavage. Tant et aussi longtemps que vous imposerez votre idée du bien, l'injustice sera présente malgré qu'elle ne soit pas toujours évidente. C'est peut-être un trop haut degré d'appropriation qui fera tomber la démocratie, mais sa légitimité n'est pas une question de degré. Il s'agit d'une question de principe, l'appropriation est un mal peu importe son but.  
  
Démocratie / Guerres 
  
          La démocratie n'est rien comparée aux droits de l'homme et ceux-ci, à leur tour, ne sont rien comparés au respect de la propriété qui leur a donné naissance. Le respect de la propriété, c'est d'abord considérer tout individu comme son égal, c'est-à-dire ne pas l'agresser, ensuite cela signifie ne pas endommager et voler ce qui lui appartient. Lorsqu'une démocratie veut faire une guerre qui ne semble pas répondre au critère de légitime défense, cela choque. Toutefois, lorsqu'une démocratie soutire l'argent des individus, cela ne choque guère que les libéraux (libertariens).  
  
          Les sociaux-démocrates imposent leur idée du bien, car ils ont l'âme du dictateur. Ainsi, je me méfie de celui qui se dit social-démocrate tout en voulant la paix, car ou bien il ne se rend pas compte qu'il est lui-même un voleur ou bien qu'il considère le vol comme étant légitime. Dans ce cas, il tente de se justifier en disant que c'est un bon voleur, type Robin des bois, qui prend des riches, nécessairement voleurs à ses yeux, pour donner aux pauvres qui, à ses yeux toujours, ne peuvent faire de mal. Si ce n'était qu'ignorance, un libéral pourrait lui pardonner, mais s'il s'agit d'une mauvaise volonté, alors il doit être combattu. 
  
          Il ne faut pas se surprendre que plusieurs dictateurs se disent démocrates. Hitler n'était-il pas un produit de la démocratie? Lors des deux dernières décennies, les ex-dirigeants des pays communistes ne se sont-ils pas convertis en sociaux-démocrates? Ces derniers mois, Saddam Hussein et Fidel Castro se sont revendiqués de la démocratie, car ils voient bien qu'entre leur régime et ce que l'Occident considère comme la forme achevée du politique, il n'y a qu'un pas. Combien de gens d'ici n'avez-vous pas entendu parler en bien du régime castriste car il offre des systèmes de santé et d'éducation tout comme dans nos démocraties? Castro fait le bien que désirent tous les sociaux-démocrates sans que ces derniers aient à voter. Or, n'est-ce pas un progrès par rapport à notre démocratie? Pas besoin de se déplacer pour voter, Castro & Cie. savent ce qui est bon pour les individus.  
  
          Ce sont des dictateurs éclairés que souhaitent, sans le dire, tous les sociaux-démocrates. Ces dictateurs ne déplorent-ils pas, comme eux, les guerres préventives? Les sociaux-démocrates sont beaucoup plus près, en pensée, de ces dictateurs qu'ils ne voudront jamais l'admettre, mais entre agresser quelqu'un pour son bien et le voler pour son bien, le seuil à franchir est effectivement très petit. Ce bien se fait nécessairement au détriment des autres et c'est pour cette raison que je dis que la social-démocratie est portée à disparaître, car le premier moteur de l'homme de raison est l'éthique. Toutefois, le véritable premier moteur est le désir, mais on fait ce qu'on peut. 
 
 
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