Pour un libéral, il n'y a pas a priori d'entité morale
appelée « pays » capable de prêter
ou d'emprunter. Seuls des individus peuvent accorder crédit ou s'endetter.
Certes, des individus peuvent s'organiser, les uns en une banque, les autres
en une entreprise, et se répartir volontairement les décisions,
les charges, les risques et les bénéfices, lors d'opérations
de crédit, ou toutes autres sortes d'opérations. Mais la
légitimité de telles organisations tient précisément
au caractère volontaire du contrat qui les noue; ce volontariat
assure que la liberté-responsabilité des participants est
conservée et répartie entre eux, et non pas dissociée
pour être tantôt confisquée par les uns et tantôt
rejetée sur les autres.
Or, dans un État, il n'y a rien de volontaire – et ce d'autant moins
lorsque les États des dits « pays pauvres
» n'ont même pas le prétexte d'être démocratiques.
Même quand ils le sont, un libéral soutiendra que les citoyens
n'avaient pas le choix de ne pas en faire partie – seule la reconnaissance
du droit pour chacun de faire sécession individuellement et unilatéralement
peut redonner une quelconque légitimité aux entités
appelées « États ». On peut en conclure
que les dettes contractées par les États, et qui servent
principalement à enrichir les gouvernants et leurs amis, ne peuvent
aucunement engager les citoyens opprimés par ces États, –
pas plus que la dette d'un esclavagiste ne peut retomber sur ses anciens
esclaves une fois affranchis.
Dès lors, la solution est simple: les dettes n'engagent que les
décisionnaires qui les contractent, ainsi que leurs complices directs.
Présidents, ministres, hommes politiques, hauts fonctionnaires,
chefs militaires, activistes des principaux lobbies et syndicats, et autres
hommes de l'État – chacun d'entre eux est responsable à hauteur
de son rôle dans la décision d'emprunter. Face à un
éventuel refus de payer de la part des citoyens ou d'un gouvernement
suivant, les prêteurs (banques, autres États) peuvent légitimement
se retourner contre ceux qui se sont personnellement engagés à
la légère (les hommes de l'État précédemment
cités), mais pas contre ces tiers innocents que sont les citoyens
opprimés, victimes des emprunteurs.
« Les dettes n'engagent que les décisionnaires qui les contractent,
ainsi que leurs complices directs. Présidents, ministres, hommes
politiques, hauts fonctionnaires, chefs militaires, activistes des principaux
lobbies et syndicats – chacun d'entre eux est responsable à hauteur
de son rôle dans la décision d'emprunter. » |
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Par suite, les prêteurs pourront recouvrer auprès des hommes
d'État corrompus toutes les sommes détournées, moins
bien sûr celles que ces spoliateurs auront dilapidées. Quant
au reste non recouvrable, ces prêteurs en resteront pour leurs frais;
cela leur apprendra à prêter à des irresponsables!
Ainsi, une fois que le risque financier des prêts gouvernementaux
retombera sur les contractants plutôt que sur les tiers innocents
(les contribuables des États prêteurs et emprunteurs), on
verra se tarir les sources de financement pour de telles opérations.
Plus personne ne voudra prêter aux États, et, par manque de
moyens, les systèmes d'exploitation politique cesseront les uns
après les autres, de par le monde. Il y aura certes des faillites
– celles de tous ceux vivant directement ou indirectement de l'exploitation
politique de l'homme par l'homme –, mais ces faillites, loin de correspondre
à un appauvrissement global, correspondront au rétablissement
de la justice, à la réappropriation par les citoyens spoliés
de la liberté qui est la leur, à la restitution de biens
qui sont à eux et que d'aucuns exploiteurs avaient usurpés.
La conclusion libérale est qu'il n'y a pas de « problème
de la dette » – il y a un problème d'illégitimité
des États. Il est clair qu'aucun dirigeant d'aucun État,
ni aucun homme politique aspirant à le devenir, n'est prêt
à reconnaître une telle conclusion, ni même à
en discuter les fondements. La vision libérale est bien trop subversive!
Les partisans de l'ordre étatiste mondial sont au contraire bien
aises de s'en tenir aux arguments marxistes, de reprendre les termes qui
suppose l'exploitation de pays par des capitalistes, délires qui
servent à justifier toujours davantage d'institutions technocratiques
internationales « régulatrices » financées
à gros coups d'impôts.
Accuser des institutions archi-étatistes d'être «
libérales » pour justifier davantage d'institutions
étatistes, voilà l'imposture étatiste à l'oeuvre!
C'est pourquoi sur ce sujet comme sur tant d'autres, nous faire entendre,
arriver à faire reconnaître notre perspective comme celle
qui mérite d'être discutée, ce serait déjà
gagner la bataille.
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