Montréal, 16 août 2003  /  No 127  
 
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Michel de Poncins écrit les flashes du Tocqueville Magazine et est l'auteur de Thatcher à l'Elysée (éditions Odilon Média).
 
OPINION
 
S'IL RESTE UN SOCIALISTE,
SON PRÉNOM SERA JEAN-PIERRE
 
par Michel de Poncins
  
  
          Le 1er juillet, Raffarin énonça tranquillement: « La France n'est encore, dans son chemin de paradis, qu'au purgatoire puisqu'il reste des socialistes ». 
  
          C'était plutôt drôle comme raffarinade, mais il a déclenché le tollé habituel de l'opposition qui a parlé de « dérive totalitaire » y compris chez les communistes, pourtant les champions de cette dérive. Le plus comique est que ni les uns ni les autres ne doivent guère croire au Ciel ni au purgatoire et la France a assisté au jeu de rôle habituel entre socialistes avoués et socialistes camouflés, jeu de rôle largement organisé par la presse et les médias.
 
Ce sera lui 
  
          La dérive totalitaire existe depuis des décennies en France à la mesure de la socialisation du pays, y compris par la volonté de Raffarin et de ses amis. Ce dernier a certes raison de fustiger le socialisme qui est la grande calamité du XXe siècle, et la mère des autres calamités vraiment « infernales » de ce siècle. Mais il se blâme lui-même car, s'il reste au moins un socialiste, ce sera bien lui, Jean-Pierre Raffarin. Depuis son arrivée aux affaires, la France a fait des pas de géant dans le maintien, l'illustration et le développement du socialisme. Quelques faits peuvent être cités, mais il est impossible de les recenser tous:  
  • Maintien des 35 heures sauf aménagement de détail; les 35 heures sont une vraie bombe à fragmentation qui détruit par explosions successives l'économie française.

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  • Maintien de la loi de modernisations sociale: même remarque.

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  • Poursuite et amplification du désastre des HLM, en inondant d'argent 751 quartiers classés « ZUS » ou Zones urbaines sensibles et en maintenant la loi Gayssot qui répand la calamité dans toutes les villes; il a promis 30 milliards d'euro que la France n'aura jamais si elle poursuit avec lui dans l'hypertrophie de l'État. 

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  • Accroissement considérable du SMIC avec création de plus de cent mille chômeurs et écrasement de la hiérarchie par le bas.

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  • Augmentation des dépenses publiques par création d'un grand nombre d'organismes nouveaux. Le ministère est rempli de doublons se battant entre eux joyeusement dans la pure tradition étatique. Au ministère de l'Environnement se trouve juxtaposé un secrétariat d'État au développement durable dont la titulaire a avoué ingénument qu'elle ne savait pas ce que son activité devait signifier exactement.

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  • Plus récemment a été annoncé la création du « Conseil de l'attractivité de la France » qui sera mis en place en octobre, ainsi que du « Conseil national pour le développement de la mobilité internationale des étudiants ». (!) Quatre organismes nouveaux vont être créés à la rentrée sous prétexte d'intégration des étrangers, dont un « Centre de la mémoire de l'immigration »: la repentance n'est pas loin!
  
     « C'est la première fois qu'un gouvernement se réjouit ouvertement de l'écroulement démographique pour en tirer un espoir économique, et en plus l'espoir est mensonger... »
 
  • La kyrielle des nouveaux organismes signe et déclenche l'effet de ruine, marque d'une conviction socialiste. La suppression complète d'un nombre très grand d'organismes d'État devra être, au contraire, la marque d'un pouvoir anti-socialiste et libérateur s'il finit enfin par survenir. 

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  • Plusieurs réglementations nouvelles en forme d'usines à gaz ont été crées ou vont l'être, dont la loi Robien sur les loyers et l'usine à gaz en préparation pour l'épargne retraite.
          L'endettement file à grande allure. Le pouvoir avoue qu'il dépassera les 60% du PIB, limite fatidique pour le pacte de stabilité. Mais il ne s'agit que du haut de l'iceberg, car il faut ajouter une foule de lignes passées sous silence, sinon ignorées: dettes des entreprises publiques, cautions données par l'État ou les collectivités, retraites des fonctionnaires. Les seuls intérêts de la dette officielle coûtent 50 milliards par an et, encore, la baisse tendancielle des taux d'intérêts dans le monde a permis des refinancements adroits. Demain les taux remonteront inévitablement et tout est prêt pour une explosion dévastatrice. 
  
Enfoncer les retraites 
  
          La prétendue réforme des retraites n'en était pas une. Au lieu de sauver les retraites, Raffarin les enfonce en créant de nouveaux droits qui chargent davantage le navire en perdition. Le prolongement de la date de départ pour certains privés n'est qu'un cautère sur une jambe de bois. 
  
          Il a même prévu, sans rire, que l'abîme qui s'ouvre pour 2006 serait comblé par l'arrêt du baby-boom et la reprise économique, ce qui permettrait d'économiser sur les allocations chômage et de financer le futur trou des retraites. Ce disant, il maintient tous les freins serrés sur l'économie, interdisant ainsi une vraie reprise. 
  
          Jusqu'à présent et depuis des décennies, les gouvernements assistaient à la destruction de la population française ou la favorisaient; c'est la première fois qu'un gouvernement se réjouit ouvertement de l'écroulement démographique pour en tirer un espoir économique, et en plus l'espoir est mensonger... 
  
          Quelques gestes mineurs ont eu lieu sur les impôts, mais ce n'est qu'un trompe-l'oeil. Les impôts locaux ont augmenté de 2,1% en 2003 et augmenteront de 2,2% en 2004.  
  
          Avec l'accroissement du foncier bâti, les ménages paieront 1,5 milliard d'euro de plus. Les services fiscaux ont, de leurs côtés, rattrapé en catimini des sommes inconnues par une manipulation en sourdine des avantages en nature des salariés. Tout le monde se prépare à un accroissement de la CSG! 
  
          En fait, s'il fallait résumer, c'est la politique du chien crevé au fil de l'eau conduite par des crypto-socialistes qui, dans leur perpétuel jeu de rôle, prétendent ne pas l'être... 
 
 
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