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Montréal, 11 octobre 2003 / No 130 |
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par
Mickaël Mithra
On a beaucoup écrit sur l'égalité, et sa réfutation en tant que norme de droit ou norme morale(1). L'égalité reste toutefois le noyau dur des doctrines pseudo-morales et des préjugés sociaux de notre époque. La difficulté avec l'égalité, c'est qu'on ne sait pas de quoi on parle. Chacun laisse jouer ses émotions, de manière désordonnée, c'est-à-dire, à peu de choses près, les préjugés qu'il souhaite voir ériger en vérités universelles. C'est d'ailleurs cela que veulent les égalitaristes: qu'on ne sache jamais de quoi il est question exactement. Or, ici comme ailleurs, seul le raisonnement peut trancher, si l'on ne veut pas que la violence s'en charge un jour ou l'autre. |
Égalité, donc, mais laquelle? Égalité de quoi?
Car il faut choisir: les égalités se contredisent mutuellement.
L'égalité des droits La devise de la soi-disant Commençons par la liberté. La Ce que nous pouvons dire maintenant, c'est que la seule égalité compatible avec la liberté, c'est l'égalité des droits: chacun a droit à la liberté. C'est la seule égalité possible et souhaitable. Il n'y a aucune contradiction, logique ou pragmatique, dans cette conception de l'égalité et sa relation avec la liberté correctement définie. Cette égalité-là est universellement applicable, ici, maintenant et pour toujours, et surtout compatible avec la vie et la société humaines. Seules ces définitions de la liberté et de l'égalité sont compatibles entre elles et avec la vie humaine tout en étant sensées et intrinsèquement cohérentes. Si vous n'êtes pas convaincu, essayez d'en formuler d'autres. Et pourtant, ce sont ces définitions que les égalitaristes rejettent avec rage. Nous pouvons maintenant dire ce qui suit sur l'égalité: Tout d'abord, le principe d'égalité, dès lors qu'il ne concerne pas précisément l'égalité des droits, est incompatible avec la liberté. Quoi qu'en disent ses avocats, il n'est pas non plus universel. Il ne se met pas en place spontanément et requiert obligatoirement l'usage de la violence par une minorité (constituée des hommes de l'État et de leurs employés) qui démontre ainsi qu'elle rejette ouvertement ce principe d'égalité au moment même où elle prétend l'imposer. Voilà déjà beaucoup d'éléments qui ne plaident pas en sa faveur. Ensuite, ce principe n'est tout simplement pas compatible avec la vie et la société humaines. Car la vie et la société humaines exigent de travailler, de se nourrir, de marcher, de respirer, etc. ou au moins d'ordonner à d'autres d'effectuer ces tâches. Elles exigent donc l'initiative individuelle. Or, par définition même, l'initiative individuelle entraîne mécaniquement une différenciation quelconque de l'individu par rapport aux autres, c'est-à-dire une inégalité, précisément. Car qu'est-ce que l'inégalité sinon la différenciation? Si deux choses sont différentes par un de leurs attributs, c'est qu'il existe un attribut que l'une possède plus que l'autre: elles sont donc, à strictement parler, inégales sous l'angle de cet attribut, même si elle peuvent être égales par ailleurs (par exemple, deux triangles sont égaux pour ce qui est de la somme de leurs angles et peuvent être inégaux pour ce qui est de leurs périmètres). C'est en vain que l'on recherchera des différenciations qui ne permettent pas un classement quantitatif d'après un critère donné, entraînant par là une inégalité. Ainsi, le simple fait de réclamer l'égalité constitue une initiative individuelle qui entraîne une différenciation de ceux qui la réclament par rapport à ceux qui ne la réclament pas, donc une inégalité. Ainsi, le temps de parole de ceux qui réclament l'égalité est supérieur à celui de ceux qui ne parlent pas du tout. Le nombre d'idées qu'ils expriment est supérieur au nombre d'idées exprimées par ceux qui n'en expriment aucune. Leur motivation est supérieure à celle de ceux qui ne sont pas motivés, le degré d'estime (ou de mépris) qu'ils recueilleront suite à leurs discours en faveur de l'égalité sera supérieur à celui que recueilleront ceux qui n'ont rien dit, etc. Un nombre incalculable d'inégalités est créé par le simple fait de réclamer l'égalité, et il faut bien la réclamer pour qu'elle s'applique, car elle n'est pas spontanée. Le principe d'égalité exige donc sa propre violation pour être appliqué, ce qui est la preuve logique définitive de son absurdité.
Peut-être alors peut-on tenter de sauver l'argument égalitariste en abandonnant certaines égalités et en se concentrant sur d'autres? Mais lesquelles faut-il abandonner et pourquoi? Si certaines égalités sont mauvaises, alors pourquoi pas toutes? Ou si certaines sont bonnes, pourquoi pas toutes? Comment distinguer une égalité souhaitable d'une égalité indésirable? Faut-il par exemple que tout le monde porte les mêmes chaussures, ou que tout le monde habite à la montagne, ou que tout le monde parle la même langue? Faut-il que tout le monde pense la même chose? Faut-il que tout le monde pratique le même métier? Faut-il que personne ne mange puisque certains sont privés de nourriture? Ou peut-être inoculer le sida à tout le monde, puisque certains l'ont attrapé? Faut-il tuer tous les nourrissons, puisque certains d'entre eux meurent à la naissance? Pourquoi pas, si c'est l'égalité qui prime? Et si l'égalité est subordonnée à un principe supérieur, lequel est-ce et pourquoi faut-il que parfois elle échappe à cette subordination? Voilà toutes les questions auxquelles les égalitaristes doivent répondre devant nous, de manière claire et non contradictoire, ce qu'ils n'ont jamais fait et ne sont pas près de faire! Conséquences inévitables La réponse des égalitaristes à ces arguments écrasants est habituellement de prôner la Mais revenons aux conséquences inévitables de l'égalitarisme. Que veut donc dire dans ces conditions qu'il faut réaliser l'égalité? Il n'y a qu'un moyen de le faire, et puisque ce n'est pas dans la vie, c'est donc dans la mort. Effectivement, en tuant tout le monde, on réalise l'égalité complète sous tous les angles. À condition que l'assassin survivant se suicide. L'égalitarisme bien compris et logiquement appliqué mène à l'extermination généralisée de tous les êtres humains. Et une idéologie sensée mener au L'égalitarisme est donc une idéologie de mort, et puisque réciproquement toute idéologie de mort est évidemment égalitariste, il s'ensuit qu' égalitarisme et idéologie de mort sont une seule et même chose. Les deux expressions sont synonymes. Bien sûr, dans la réalité, comme toute doctrine irrationnelle et inapplicable, l'égalitarisme sert de prétexte au pouvoir et à l'oppression. Jamais une doctrine n'a été plus meurtrière et plus sanguinaire que l'égalitarisme. A titre d'illustration, si l'on regarde où ont mené les idéologies égalitaristes, dans leurs différentes déclinaisons, nationalistes-socialistes et communistes, on s'aperçoit qu'elles ont effectivement toutes mené d'une manière ou d'une autre à la mise en place de machines à tuer, c'est-à-dire de machines à égaliser. L'égalitarisme doit être rejeté et combattu sans compromis par chacun, si ce sont la vie, la morale et la vérité qu'il recherche. 1. Voir notamment: « Egalitarianism as a Revolt Against Nature », de Murray N. Rothbard. >>
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