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Montréal, 25 octobre 2003 / No 131 |
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par
Gilles Guénette
Les gens de l'ADISQ (l'Association québécoise de l'industrie du disque, du spectacle et de la vidéo) trouvent que la radio commerciale québécoise ne reflète pas assez la diversité de l'offre musicale locale. On apprenait récemment que cet |
Ils
tournent, ils tournent les hits
Ainsi M. Blanchet s'inquiète de la concentration des médias qui se traduirait par un rétrécissement des listes de radiodiffusion et l'augmentation des rotations sur un nombre limité de pièces: Qu'envisagent faire les gens de l'ADISQ pour solutionner le C'est sûr qu'elle ne fait plus l'objet de débats majeurs, personne n'y peut plus rien! Cette politique idiote est coulée dans le béton et fait maintenant partie des M. Blanchet poursuit: J'espère bien qu'ils vont défendre leurs intérêts! Si ce n'était de ces entrepreneurs, toutes les stations privées de la province seraient publiques aujourd'hui. Et elles seraient gérées telles des coopératives par des membres en règle de l'ADISQ. Les choix de programmations seraient votés Tout le monde il est beau... Le président de l'ADISQ peut tenir ce genre de propos – et être pris assez au sérieux pour faire la nouvelle – parce que notre secteur culturel nationalisé le permet. Après tout, toutes les décisions en matière de télécommunications sont prises en haut lieu dans les bureaux du ministère de la Culture et des Communications du Québec, de Patrimoine Canada et du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes.
Si l'on décide Plutôt que d'amener les propriétaires de stations de radio à accepter de faire tourner leurs produits moins vendeurs – comme n'importe quel entrepreneur le ferait dans n'importe quel autre domaine –, ces subventionnés de la culture vont se tourner une fois de plus vers les instances gouvernementales pour qu'on impose ces produits. Parce que c'est vers ça qu'on s'en va. M. Blanchet et sa gang vont Ils vont ensuite convaincre les bureaucrates-décideurs du bien fondé de leur démarche – après tout, il s'agit de « revendications absolument légitimes » – et ces décideurs, qui ne demandent pas mieux que de décider (pour nous), vont décider que les gens de l'ADISQ ont bien raison. Et qu'étant donné les malencontreuses circonstances, et le manque de collaboration flagrant du secteur privé, ils vont opter pour un resserrement des Ce que veulent les gens de L'ADISQ, c'est une sorte de programme de discrimination positive pour les musiciens d'ici. Une sorte de programme qui ferait en sorte que les chansons des chanteurs inconnus, ou de ceux de la contre-culture, tourneraient à la radio commerciale malgré le fait qu'elles ne soient pas connues ou qu'elles ne fassent l'objet d'aucune réelle demande. Que va penser le musicien alternatif ou le nobody qui oeuvre dans des circuits parallèles depuis des lustres et dont les chansons se retrouvent tout d'un coup à tourner sur les ondes des radios commerciales? Plus question de talent ou de mérite dans une industrie où le pourcentage décidé bureaucratiquement est la norme. Même le concept de popularité ne veut plus rien dire. L'artiste n'a plus besoin d'être talentueux ou populaire, il n'a qu'à faire un genre musical qui entre dans les critères réclamés par un système de quotas. Au diable la spontanéité et l'originalité, on fait maintenant du prêt-à-écouter.
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