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Montréal, 8 novembre 2003 / No 132 |
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par
André Dorais
Lorsque la banque centrale injecte de la monnaie dans l'économie, sous forme de billets ou de transfert électronique, cela enrichit les gouvernements qui la fabriquent, les banquiers qui la reçoivent et les individus qui bénéficient des dépenses des uns et des autres. La consommation qui s'ensuit conduit à une augmentation des prix, car il n'y a pas eu création de biens au préalable pour justifier cette création de monnaie. Ainsi, seuls les premiers à mettre la main sur cette manne s'enrichissent. Les autres s'appauvrissent, car ils se retrouvent avec des billets de moindre valeur. Cette façon de faire ne crée donc pas de richesse, elle ne fait que la redistribuer, et pas nécessairement aux plus pauvres. |
Fabriquer de la monnaie et du crédit sans contrepartie métallique
ne constitue pas une création de richesse, mais une simple promesse
de payer. La promesse est tenue, mais avec des billets de moindre valeur
car on a de cesse d'en créer. Voilà ce que fait notre système
monétaire étatisé, il ne crée pas de richesse,
mais la détourne. Vous pouvez toujours falsifier du papier, mais
pas aussi facilement le métal. Lorsque les gens sont libres de choisir
leur monnaie, ils choisissent invariablement l'or ou l'argent métallique,
car ils ne se contentent pas des promesses de papier.
La création de monnaie par la banque centrale est amplifiée par le système des réserves fractionnaires qui permet aux banques de prêter plus d'argent qu'elles n'en possèdent en réalité. Plus il y a d'argent disponible, plus les entreprises sont prêtes à prendre des risques en investissant à long terme. Des risques trop élevés si l'on considère l'état véritable de l'économie. Les entreprises qui doivent constamment se renouveler pour rester en vie sont plus à même de se servir de ce crédit bon marché. Ce sont également elles qui sont le plus à risque. On n'a qu'à constater la débâcle des titres boursiers des entreprises oeuvrant dans le domaine technologique pour s'en convaincre. Gare au feu Malgré le fait que ce système détourne la richesse au profit de quelques-uns et induit les entrepreneurs en erreur, plusieurs analystes financiers pensent qu'il ne devrait pas être remis en question tant et aussi longtemps qu'il permet de stabiliser les prix. Pourtant, au cours des dernières années le marché immobilier a vu ses prix s'envoler tout comme la bourse avant lui. C'est que les analystes qui ont cette prétention se servent, comme instrument de mesure, de l'indice des prix à la consommation (IPC), qui exclut les biens couverts par ces marchés. C'est comme si l'on décidait de s'inquiéter d'un feu lorsqu'il se propage devant nous mais pas derrière. De plus, plusieurs facteurs agissent pour contrer la hausse des prix, et ainsi cacher le mal qu'est la création de papier-monnaie. L'augmentation de la productivité, l'achat accru de biens étrangers plutôt que de biens domestiques plus dispendieux et le désir plus grand d'épargner que de dépenser constituent quelques-uns de ces facteurs. Ainsi, à moins d'être aveugle ou d'y trouver un avantage personnel, on ne peut conclure qu'il n'y ait pas de problème avec le système monétaire actuel.
Il est vrai que ceux qui s'enrichissent à l'aide de ce système, notamment les dirigeants bancaires, leurs représentants institutionnels et cambistes (les traders), sont peu nombreux, de sorte qu'ils ne soulèvent pas la curiosité. Il y a bien quelques socialistes qui ont proposé de taxer les flux monétaires internationaux, mais cela ne règle pas le problème. Au contraire, cela ne fait que l'accentuer. Ce ne sont pas les traders qui sont responsables de l'instauration du système monétaire, mais les politiciens. Ceux-ci ont été influencés par certains hauts dirigeants bancaires, mais la décision était la leur. Ils doivent donc en prendre l'entière responsabilité. Une fausse stabilité Ben S. Bernanke, gouverneur de la Réserve fédérale américaine, livrait le commentaire suivant devant l'Economic Roundtable à l'université de Californie en juillet dernier: L'objectif de la stabilité des prix n'est qu'un prétexte pour perpétuer une fraude sans pareille dans le monde. Puisque l'offre et la demande des biens et services sont indissociables de l'offre et la demande de monnaie, on ne peut pas isoler l'effet monétaire sur les prix des biens. En d'autres mots, il est impossible de déterminer si une variation de prix est due au changement dans l'offre et la demande des biens ou au changement dans l'offre et la demande de monnaie. Par conséquent, vouloir stabiliser les prix en injectant continuellement de la monnaie dans l'économie s'avère une mission impossible. C'est encore une fois Ludwig von Mises qui nous fait la leçon en nous rappelant que l'argent n'est pas neutre (voir Les fonctionnaires des banques centrales sont conscients qu'une plus grande quantité d'argent dans l'économie diminue le pouvoir d'achat de la monnaie, mais ils croient que malgré cela les prix des biens resteront inchangés entre eux. Or il n'y a rien de plus faux. L'inflation n'a pas pour résultat une augmentation proportionnelle des prix de tous les biens et services, mais une augmentation asymétrique de ceux-ci, car les gens ajustent leur consommation selon la quantité d'argent qu'ils possèdent. De plus, il ne fait aucun sens de parler d'un pouvoir d'achat généralisé de la monnaie. En effet, puisque des pommes et des oranges ne s'additionnent pas, tout ce dont on peut parler est le pouvoir d'achat de la monnaie quant à un bien en particulier en un temps et lieu donnés. Murray Rothbard écrit:
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