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Montréal, 6 décembre 2003 / No 134 |
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par
Michel de Poncins
Voici Eurodisney de nouveau au bord du gouffre. De 33 millions d'euros en 2002, les pertes vont passer à 56 millions en 2003 pour un chiffre d‘affaires d'un milliard. Et pourtant la maison mère, Walt Disney Company, a renoncé aux 8% de chiffre d'affaires qu'elle devait recevoir en royalties. Les entrées en septembre ont baissé de 13,1 millions en 2002 à 12,4 millions en 2003. Le parc principal, le royaume magique, devait recevoir 15,5 millions de visiteurs en 2001; le deuxième parc, dédié au cinéma, devait accueillir 8 millions de visiteurs la première année et il en est très loin à 4 millions. |
L'endettement bancaire est, officiellement de 2,2 milliards d'euro ce qui
est insupportable au regard des fonds propres et la société
annonce qu'elle ne pourra honorer ses dettes en 2003 et 2004: le dépôt
de bilan menace donc. Les banques ont donné jusqu'au 31 mars pour
régulariser. Comme toujours, en pareil cas, il n'y a pas d'argent
pour faire les investissements qui, en cas de succès, pourraient
sortir du trou. Une nouvelle attraction coûte au moins 600 millions
d'euro, après sans doute bénéfice de la maison mère.
En 1993, déjà, la perte était de 833 millions d'euros pour 872 millions de chiffre d'affaires, un record sans doute dans l'histoire financière, et les dettes atteignaient 3 milliards d'euros. C'est bel et bien un nouveau désastre de l'économie administrée. Sans savoir pourquoi Au départ, comme pour le tunnel sous la Manche, il « fallait » faire ce parc, sans que personne de sensée ne puisse expliquer pourquoi il « fallait ». Les arguments du socialisme ordinaire étaient employés. L'emploi direct et indirect était invoqué, le parc ayant créé en moyenne Le tourisme, tarte à la crème des étatistes en tous genres, était mis en avant. Le rayonnement international de Paris
La réalité fut cruelle: des milliers d'hectares expropriés avec tous les drames humains en conséquence, l'environnement saccagé sur des milliers d'hectares, des dépenses publiques impossibles à évaluer sous forme de subventions directes ou indirectes, du chômage induit par les impôts nécessaires, la maison-mère bénéficiant d'un contrat exorbitant: quelle entreprise peut supporter 8% de redevance sur le chiffre d'affaires? Les seuls vrais gagnants étaient, malgré certains abandons de créances, la Walt Disney, les banques, les travaux publics et les hommes de l'État de toutes sortes attablés à ce banquet républicain. Les actionnaires surtout les petits ont été priés de pleurer dans leur coin et n'ont pas eu de dividende. Bien entendu, tout ceci s'est passé avec un cliquetis d'argent dont beaucoup prit sans doute la direction de paradis fiscaux. Il est évident que l'État ne devrait pas mettre un sou de plus et laisser les banques se débrouiller avec Disney quelles qu'en soit les conséquences. Mais déjà les mauvaises sirènes se font entendre dans un concert de langue de bois. On parle d'un Devant ce nouveau désastre, n'oublions jamais que la France est très mal placée dans l'échelle mondiale de la corruption et que la magie ne corrigera jamais les désastres de l'économie administrée.
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