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Montréal, 17 janvier 2004 / No 136 |
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par
Paul Beaudry
Il y a quelques semaines, une tempête dans un verre d’eau a eu lieu dans le monde médiatique et intellectuel québécois lors de la première de la télésérie Les Bougon, diffusée à Radio-Canada. Cette télésérie, traitant d’une famille d’assistés sociaux qui font à peu près tout ce qui est possible pour «profiter du système» au maximum, a suscité chez plusieurs le doute suivant: l'émission renforcera-t-elle chez plusieurs Québécois les stéréotypes qu’ils nourrissent envers les assistés sociaux? |
Quoi que l’on puisse penser des Bougon, il est intéressant de constater
que le «bien-être social» est un sujet tabou au Québec:
toute personne qui s’attaque au bien-fondé du BS s’aventure en terrain
dangereux et risque de s’aliéner l’intelligentsia bien-pensante
québécoise.
Tous pour un, le pauvre! L’industrie de la pauvreté est une industrie très prospère au Québec. Des activistes de toutes sortes (subventionnés par le gouvernement, évidemment!) essaient de tirer le plus de ressources possibles de la classe productive pour satisfaire la classe défavorisée. Les pauvres sont chanceux, en effet: ils n’ont même pas à se payer de lobbyistes pour exploiter la classe productive, ils n’ont qu’à confier leurs problèmes à une multitude de groupes de pression qui se feront un plaisir d’endosser leur cause, tels le FRAPRU (organisation de gauche qui ne sera satisfaite que quand tous les condos du Québec seront transformés en HLM), la Coalition des femmes du Québec (organisation qui se mêle de pauvreté parce que ce problème touche les femmes, croyez-le ou non!), la Fédération des associations des familles monoparentales et reconstituées du Québec, le Collectif pour un Québec sans pauvreté et les syndicats (qui croient qu’en haussant le salaire minimum à 40$ de l’heure, la pauvreté sera enrayée). L’année dernière, le premier ministre Landry rencontrait les leaders de plusieurs de ces groupes sociaux afin d’élaborer un plan de lutte contre la pauvreté et le gouvernement du PQ nous bombardait de publicités nous incitant à ne pas juger les pauvres, mais plutôt à faire preuve d’empathie à leur égard. Malheureusement la classe moyenne, elle, a rarement l’occasion de faire valoir ses intérêts auprès du premier ministre. La classe moyenne québécoise est la grande victime de l’État-providence. C’est elle qui doit subir un taux de taxation astronomique et des services de piètre qualité tout en subventionnant généreusement les irresponsables et les amis du régime au pouvoir. À la lecture de ces lignes, certains affirmeront que je n’ai jamais connu la pauvreté et que mon intolérance ne fait que prouver mon ignorance en ce qui a trait au dossier de la pauvreté au Québec. Selon d’autres cœurs saignants et travailleurs sociaux, je ne suis pas assez sensible à la «problématique de l’exclusion». En effet, la rhétorique des porte-parole de l’industrie de la pauvreté va comme suit: la pauvreté n’est pas un choix et elle mène à l’exclusion, laquelle exclusion se voit amplifiée par les préjugés. De là l’importance de la tolérance et de la charité étatique pour veiller à la réinsertion des pauvres dans la société. Mais un problème surgit: certains pauvres ne désirent même pas réintégrer la société. On n’a qu’à se promener sur la rue Sainte-Catherine pour constater que certaines personnes se complaisent à s'avachir sur les trottoirs pour quêter de l’argent. Certains poussent l’audace jusqu’à faire du squatting, c’est-à-dire se saisir de la propriété des autres pour y faire leur chez-soi. Le scénariste des Bougon a lui-même participé il y a quelques années à un «commando bouffe» pour voler de la nourriture dans un hôtel de Montréal, cela pour «sensibilier» la population èa la problématique de la pauvreté. Pourquoi devrait-on tolérer de tels comportements anti-sociaux?
Évidemment, certaines personnes sont plus enclines à devenir pauvres que d’autres. Le dix-septième enfant d’une mère monoparentale, caféinomane et assistée sociale, aura davantage de chances de devenir pauvre que l’enfant de Bill Gates, mais cet argument n’est pas suffisant pour justifier la pauvreté permanente de certaines personnes. Pourquoi des immigrants fraîchement arrivés au Québec, sans le sou, parviennent-ils à prospérer dans la société québécoise tandis que d’autres résidants, bien établis, ne sont pas capables de conserver un emploi? Vous êtes-vous déjà fait approcher par un squeegee d'origine vietnamienne? Moi, pas. Pourquoi? Parce que les Vietnamiens, en grande majorité, tiennent l’éducation et l’éthique du travail en haute estime. Voilà pourquoi des Vietnamiens, souvent fils et filles de boat people qui ne parlent même pas le français à la maison, surpassent des «Québécois de souche» dans les évaluations de français (ce sont souvent ces mêmes «Québécois de souche» qui désirent freiner l’immigration pour protéger «notre langue nationale»!) Lobby de la pauvreté L’économiste anglais Peter Bauer avait l’habitude de dire qu’il ne fallait pas tenter d’expliquer la pauvreté, mais plutôt expliquer la richesse. Les lobbies de l’industrie de la pauvreté font tout à fait le contraire: au lieu de militer en faveur d’une économie plus ouverte et libérale qui permettrait la création de richesse, ils s’apitoient sur leur sort et demandent au gouvernement de spolier davantage la population à leur bénéfice. En militant pour d’innombrables programmes sociaux, une hausse du salaire minimum et une réglementation accrue du monde des affaires, les lobbies sociaux favorisent la prolifération de la pauvreté, plutôt que son élimination(1). Avec l’arrivée des Bougon, certains croyaient qu’un grand débat de société sur la problématique de l’aide sociale aurait lieu au Québec. Il n’en fut rien. Quand on réalise que le taux de chômage du Québec est le plus élevé de toutes les grandes provinces ou États industrialisés en Amérique du Nord, il saute aux yeux qu’une réforme de l’État-providence s’impose. Malheureusement, ce n’est visiblement pas dans une société dirigée par les syndicats et les politiciens socio-démocrates qu’une telle réforme aura lieu...
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