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Montréal, 15 avril 2004 / No 141 |
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par
Carl-Stéphane Huot
Lors des prochaines élections au niveau fédéral canadien, le Parti Vert (PVC) tentera de faire élire des candidats dans chacune des 301 circonscriptions au pays. Ses conceptions – qui sont essentiellement identiques à celles de tous les partis dits verts du monde – méritent certainement une petite chronique de réflexion. |
Considérations
sur l’énergie
J’en ai fait part dans d’autres chroniques, mais je me dois d’y revenir, parce que, comme pour pratiquement toutes les mouvances écologistes, l’idéologie l’emporte sur la réalité dans les choix prônés par le PVC: – Les sources alternatives d’énergie dites vertes ne sont pas des panacées. Prenez les cellules d’énergie solaire. Elles consomment plus d’énergie lors de leur fabrication que ce qu’elles produiront dans leur vie utile. Les éoliennes ont un rendement aléatoire, et il faut réussir à vendre toute l’énergie produite pour atteindre la rentabilité. Si l’on veut s’assurer une certaine stabilité d’approvisionnement, on doit séparer l’ensemble du parc éolien en plusieurs emplacements indépendants(1) les uns des autres, au prix cependant d’une baisse marquée du rendement que l’on peut tirer du parc d’éoliennes et donc d’une hausse assez faramineuse des coûts de l’énergie. Par exemple, si nous comparons un parc concentrant toutes les turbines avec une autre disposition divisant l’ensemble de notre parc en dix emplacements indépendants, nous obtiendrons, si toute l’énergie est vendue, les caractéristiques suivantes:
De mémoire, l’énergie est actuellement vendue un peu plus de 0,05$ par kWh au Québec. – L’opposition à l’énergie nucléaire est l'un des dadas les plus farouches des écologistes. Bien qu’il soit compréhensible de s’opposer à l’arme atomique, l’atome civil a, quant à lui, bon nombre d’avantages, sans être aussi nocif que les écologistes veulent bien le (faire?) croire. Sans entrer dans de trop complexes arguments scientifiques, disons simplement que le nucléaire se compare en toxicité à des produits industriels comme les composés de mercure et que le fait de vivre à proximité d’une centrale nucléaire ou d’y travailler n’est pas vraiment dangereux, puisque le niveau de radiation émise n’est même pas égal à 1% de toute la radioactivité naturelle que nous recevons quotidiennement(2). Rajoutons à cela que bon nombre de pays n’ont guère d’autres choix s’ils veulent se développer. L’énergie est la troisième main du développement économique, après le capital et la main-d’oeuvre. Sans elle, il est impossible de sortir du sous-développement. Autre avantage intéressant, le développement de centrales thermiques permet de résoudre, en partie du moins, un autre problème critique dans certains cas, à savoir l’eau potable. Il est par exemple possible d’utiliser l’énergie perdue dans l’environnement lors du cycle d’énergie thermique pour dessaler l’eau de mer. Ainsi, une centrale thermique de 1000MW de rendement égal à 50% peut fournir 250 litres d'eau par personne pour environ 1 million de personnes (250 millions de litres par 24 heures, quoi!!!).
– Les économies d’énergies possibles au niveau du consommateur sont à peu près illusoires. Il sera difficile de convaincre l’homo modernis de renoncer ne serait-ce qu’à une partie de son petit confort pour sauver quelques dollars, surtout si cela lui en coûte plus en temps et en argent. Un bon exemple est celui de la sécheuse, que certains voudraient voir remplacer par la corde à linge. Outre qu’il soit un tantinet désagréable de mettre du linge sur la corde à -40ºC, ce n’est pas rentable de le faire. Pour une famille moyenne, il en coûte environ Quant aux économies de chauffage, c’est tout aussi ridicule. Les meilleures isolations d’aujourd’hui, qui permettent de sauver 20% de la facture, coûtent un petit 3% de plus sur la maison. Concrètement, pour une maison de Considérations sur l’industrie – Si certaines économies d’énergie sont possibles en industrie, toutes ne sont pas rentables. Ainsi, même si le gouvernement s’en mêle, investir 3$ pour en économiser 2 demeure un appauvrissement. De plus, deux éléments sont contradictoires dans la position du parti: d’un côté, ils veulent à tout prix réduire la consommation d’énergie, mais de l’autre, ils veulent plus de productivité, ce qui entraîne par le fait même une hausse de la consommation de cette même énergie. – Le PVC parle de taxer les inefficacités dans l’industrie. Comment s’y prend-on pour les mesurer? Comment cela sera-t-il taxé? Comment cela influera-t-il sur le prix des produits manufacturés? – Le parti parle de taxer les produits étrangers qui ne respectent pas les droits humains pour les empêcher de rentrer au pays. Outre les différentes interprétations qu'on peut donner aux «droits humains» selon le pays, comment s’assurer que cela ne sera pas juste une béquille pour protéger nos industries mal foutues? – Le PVC parle de généraliser la notion de responsabilité sociale des entreprises. Outre le vaste fourre-tout que cela constitue (protection des emplois, vénération des syndicats par les patrons, pas de pollution, investissement dans des «causes» diverses, etc.), ce genre de responsabilité semble surtout détourner les entreprises de leur vraie mission de création de richesse, qui est extrêmement importante pour l’avenir. Pour avoir négligé cette réalité depuis 45 ans par rapport à l’Ontario, le Québec se retrouve 20% moins riche par habitant que la province voisine. D’autres sujets mériteraient certainement une réflexion. Certains de mes collègues – ou vous, cher lecteur – pourraient certainement trouver des choses à redire sur d’autres éléments du programme de ce parti. Quant à moi, sans aller plus loin, je constate qu’en ces deux domaines seulement, l'énergie et l'industrie, l’idéologie remplace la réflexion et l’utopie, les faits. Ce serait suffisant pour me faire mettre mon X ailleurs qu’au bout du nom du candidat du Parti Vert si je me donnais la peine d’aller voter.
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