2084: Orwell s'est trompé d'un siècle |
Les dernières semaines nous ont apporté un lot anormalement élevé
d’histoires sordides d’agressions sexuelles et de dénonciations. Et
comme le passé est souvent garant de l’avenir, le célèbre roman 1984
de George Orwell aurait mieux fait d’être intitulé 2084. Parce
que si la tendance se maintient, l’un des aspects du monde imaginé par
Orwell, le rapport des individus à la sexualité, risque de se réaliser
en 2084 (ou peut-être même avant)...
Tou(te)s des agressé(e)s potentiel(le)s
Tout ça a commencé avec une affaire d'animateur-vedette de radio
sado-maso remercié de ses services par son employeur après qu'une de ses
conquêtes se soit plainte d’agression. Plusieurs autres conquêtes se
sont manifestées par la suite pour dire qu'elles aussi avaient
été agressées. Comme il s'agissait d'agressions qui avaient eu lieu
plusieurs années dans le passé, des voix se sont élevées pour demander:
Mais pourquoi avoir attendu tout ce temps? Pourquoi ne pas avoir dénoncé
plus tôt?
Agacées par ces questions récurrentes,
deux journalistes montréalaise et
torontoise ont répondu au nom des victimes: la dénonciation n'est
pas si simple qu'on pourrait le croire. Elles ont du même coup déclaré
publiquement avoir été elles aussi agressées dans le passé (pas par le
même animateur-vedette) et n'avoir jamais porté plainte. Elles ont
également lancé la campagne hashtag
#BeenRapedNeverReported sur Twitter.
Il n'en fallut pas plus pour que des milliers de femmes participent à la
« conversation » et, en 140 caractères ou moins, racontent comment elles
aussi avaient été agressées sans ne jamais porter plainte. Une version
française de la campagne hashtag (#Agression-NonDénoncée) a par la suite
été lancée, histoire de permettre aux femmes francophones de participer
à la vaste thérapie de groupe.
D'autres membres des médias ont publié à leur tour
leurs histoires
d'agressions non dénoncées. Une
ancienne ministre libérale fédérale est
aussi sortie de l'ombre pour rapporter son histoire. Une chroniqueuse
d'un grand quotidien montréalais
s'est même excusée auprès des milliers
de femmes violées. Pourquoi? « Parce qu'il ne m'est rien arrivé. Rien. Je
n'ai pas été violée. Pas subi d'agression sexuelle ni d'attouchements.
Jamais. » Imaginez.
Des professeurs d'une grande université montréalaise
ont plus tard été
nommés et accusés par des inconnues de se livrer à du harcèlement sexuel. Les portes de leurs bureaux ont été placardées d'autocollants
faisaient référence à une politique anti-harcèlement sexuel de
l'établissement, puis photographiées et postées sur les réseaux sociaux
– le nom des profs apparaissant sur les photos.
Une vague de dénonciations d'agressions sexuelles a littéralement
déferlé. Tellement que les organismes québécois d'aide aux victimes ont
avoué avoir été plus débordés que jamais. La demande dans certains
centres aurait même
jusqu'à quadruplé en novembre. Et qui dit
débordements dit appels à un financement accru! Il n'en fallait pas plus
pour qu'on lise ici et là que les nombreux organismes d'aide aux femmes
étaient sous-financés.
Il n'en fallait pas plus non plus pour que quelqu'un quelque part se
lève et réclame une commission d'enquête « nationale »(!) – ou quelque
bidule du genre – sur la question. La Fédération des femmes du Québec,
emboîtant le pas aux partis de l'opposition à Québec, a ainsi pressé le
gouvernement Couillard d'instituer
une commission itinérante sur la
violence sexuelle.
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« Dans les universités
californiennes, depuis le mois d’octobre, il faut qu'une
femme consente “de façon enthousiaste” à chaque étape d'une
relation sexuelle – embrasser, toucher, déshabiller,
pénétrer. C'est ce qu'impose une nouvelle loi sur le
consentement sexuel. » |
Dans toute cette effervescence médiatique qu'a entrainé la « prise de
parole collective concernant les agressions sexuelles », une petite
nouvelle a presque passé inaperçu. Dans les universités californiennes,
depuis le mois d’octobre, il faut qu'une femme consente « de façon
enthousiaste » à chaque étape d'une relation sexuelle – embrasser,
toucher, déshabiller, pénétrer. C'est ce qu'impose une nouvelle loi sur
le consentement sexuel dans les universités californiennes surnommée
« consentement affirmatif ».
Ça ne s'invente pas! « Ce nouvel encadrement des relations sexuelles,
apprend-on, survient alors que les universités américaines, qui sont
obligées depuis trois ans par le département fédéral de l'Éducation de
durcir le ton sur les agressions sexuelles, font face à d'innombrables
critiques et manifestations dénonçant leur inaction sur le sujet. Elles
doivent maintenant, pour juger des expulsions des personnes soupçonnées
de viol, tenir compte de la prépondérance de la preuve plutôt que d'une
preuve "claire et décisive". »
On imagine la scène, dans un party bien arrosé. Un étudiant s’approche
d’une étudiante. Il lui demande s’il peut la toucher. Elle dit oui. S’il
peut l’embrasser. Elle dit oui. S’il peut la déshabiller. Elle dit non,
pas ici! Le couple se retire dans un coin plus sombre de l’appartement
où se déroule le party. L’étudiant réitère sa question: est-ce qu’il
peut maintenant la déshabiller. Elle dit oui. Les deux tourtereaux se
taponnent un peu et en viennent rapidement au point culminant.
L’étudiant demande s’il peut la pénétrer. Elle dit ne pas être sûre de
vouloir. S’en suit alors une longue période de négociation. Une
médiatrice du Département de la médiation civile est appelée sur les
lieux…
Beaucoup trop compliqué
Il n’est pas difficile d'imaginer qu’un concept comme le « consentement
affirmatif » traversera bientôt la frontière pour s'installer dans les
établissements d'enseignement supérieurs québécois. Puis dans les
différents secteurs de la fonction publique. Puis dans les conventions
collectives de tous les employé(e)s syndiqué(e)s de la province. Puis
dans les relations homme-femme, homme-homme, femme-femme, etc., en
général. Une véritable mine d’or pour les avocats de ce monde, je vous
dis!
Il n’est pas difficile d'imaginer qu'au final, plus personne ne veuille
se toucher. C'est un peu un des aspects du monde qu’a imaginé
George
Orwell dans son célèbre roman
1984. Pas tellement qu'une nouvelle
loi sur le consentement affirmatif verrait le jour dans les universités
californiennes, mais que les rapports sexuels en viendraient à
disparaître, à toute fin utile, le rapport sexuel étant devenu carrément
politique.
Dans 1984, seuls les « prolétaires », les soi-disant gens de la
classe inférieure qui ne sont pas vraiment qualifiés pour être membres
du Parti au pouvoir, sont reconnus pour avoir des instincts sexuels.
Parmi les membres du Parti, l'amour et l'érotisme ont été complètement
évacués de l'acte sexuel. Les mariages sont permis, mais doivent être
officiellement approuvés et doivent être entrepris dans le seul but
d'engendrer des enfants qui grandiront pour devenir des membres
responsables du Parti.
La permission de se marier est refusée aux couples dont les membres
affichent de quelconques signes d'attirance physique l'un envers
l'autre. Idéalement, le Parti préfère le célibat complet, ce qui
signifie que les hommes et les femmes établissent moins d'obligations de
loyauté individuelle l’un envers l’autre (l’État déteste la
concurrence), et les enfants peuvent être générés artificiellement. À
terme, le Parti présente l'acte sexuel comme une nécessité plutôt
dégoûtante.
Orwell avait anticipé bien des choses dans son roman, mais il n’avait
pas vu l’avènement des technologies de l'information. Qui sait, si les
gens dans le futur hésitent à se toucher par crainte de représailles,
peut-être pourront-ils éventuellement télécharger des applications qui
leur permettront de filmer et d'enregistrer les acquiescements du, ou de
la, partenaire aux différentes étapes de leurs ébats amoureux?
Please press here if you agree to move to the next level...
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