Faut-il imposer davantage les riches? |
J’ai récemment
débattu avec un membre de l'Institut de recherche et d'informations
socioéconomiques de la question « Faut-il que les riches paient
davantage ou moins d'impôts? » Contrairement à mon adversaire de l'IRIS,
je n’ai pas répondu à cela avec des statistiques ‒ je me méfie de cette
méthode. Je me suis concentré surtout sur des principes qui en appellent
au sens commun.
Premièrement, cette question laisse faussement entendre que la richesse est un
mal à limiter. S’enrichir est pourtant souvent très utile. La vraie
solution n’est pas d’y mettre un frein, mais d’empêcher les gens de s’enrichir
en utilisant la force. Deuxièmement, l’impôt des riches sert à faire
fonctionner un système, la social-démocratie, qui est nuisible à la
société. Troisièmement, je crois que le libre marché est
un meilleur système. Qu’est-ce que j’entends par là? Idéalement, une
situation où nous gardons 100% de notre paie. Il n’y a pas de taxes.
Personne n’a le droit de nous prendre notre argent, même le
gouvernement. Tout le monde est libre de nous offrir des services. Nous
choisissons nous-mêmes à qui nous donnons notre argent. À mon avis, si
nous recevions les services donnés aujourd'hui par l’État de cette manière, nous répondrions
mieux à nos besoins. Voilà pourquoi je suis contre l’impôt tout court,
même celui des riches.
Limiter l’usage de la force plutôt que l’enrichissement utile
L’idée d’imposer les riches vient de la croyance qui veut que s’enrichir
est nuisible à la société et donc qu’il faille y mettre une limite. Cette
idée est vraie lorsque l’enrichissement se fait de façon forcée. Par
exemple, lorsque nous volons ou que nous mentons pour avoir de l’argent.
C’est le cas aussi si les gens sont forcés de payer pour nos services ou
si une loi empêche les autres d’offrir mieux que nous. Cependant,
s’enrichir en acceptant la concurrence, et en vendant pacifiquement un
service que d’autres veulent nous payer est la meilleure preuve
que notre service compte beaucoup. Sinon, ils ne l’auraient pas acheté. La
solution n’est donc pas de limiter l’enrichissement, mais d’éliminer la
violence dans nos échanges. Voilà l’idéal du libre marché.
Cette idée nous semble invraisemblable en pensant aux inégalités de
richesses. Cependant, il faut garder en tête que les contributions de
chacun à la société aussi sont très inégales. Ce n’est pas un jugement
de valeur, mais un fait. Oui, un petit groupe de gens peut faire une
grande différence pour des millions d’autres. Cela ne devrait pas nous
choquer, mais nous émerveiller. Celui qui trouve un moyen de rendre
plus accessible ou plus satisfaisant, par exemple, des plantes, des
portes patios ou des piscines dans une ville, qui part un projet,
embauche des gens et réussit à devenir riche n’enlève rien à personne.
Il permet à tous les habitants de cette ville de mieux vivre. Il ne faut
pas décourager cette personne en l’accablant avec toujours plus
d’impôts, mais l’encourager en respectant sa propriété.
Il faut comprendre aussi que les services que nous nous rendons ont un
prix et que ces prix sont des signaux qui nous permettent de coordonner
nos efforts selon nos priorités. Le fait que nous nous enrichissons
beaucoup communique à la société que ce que nous faisons « est en
manque », donc que d’autres en veulent. Payer cher quelque chose envoie
comme signal que: « Ceci est une urgence, quelqu’un peut-il s’en occuper
en priorité, svp? » Lorsque l’État taxe cet échange, il déforme ce
message. Il n’y a alors plus moyen de savoir clairement ce dont la société a besoin
en priorité.
Voilà pourquoi imposer les riches n’est pas une bonne idée.
Financer la social-démocratie est une mauvaise idée
Au-delà de la valeur sociale de l’enrichissement, pourquoi propose-t-on
généralement de faire payer
les plus riches? Pour faire fonctionner un système nuisible, la
social-démocratie.
L’idée répandue dans les médias et les écoles, c’est que mettre en
commun des décisions et de l’argent nous donnerait plus de choix sur les
choses importantes comme la santé ou l’éducation. En réalité, ces « choix
de sociétés », comme ils disent, sont illusoires. Nous ne savons pas ce
qu’ils veulent dire concrètement. Lorsque Justin Trudeau nous dit qu’il
a un « plan pour la classe moyenne », nous ne savons pas comment il pense
s’y prendre. C’est comme quand Amir Khadir dit qu’il veut aider
les pauvres. Concrètement, qu’est-ce qui va être fait au jour le jour, à
quel prix et avec quel résultat? Nous l’ignorons.
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«
Au-delà de la valeur sociale de l’enrichissement, pourquoi propose-t-on
généralement de faire payer
les plus riches? Pour faire fonctionner un système nuisible, la
social-démocratie. » |
Dans un tel système, les vraies décisions se résument à une série de
jeux de coulisse et de rapports de force entre des autorités. Par
exemple, le syndicat des employés de la fonction publique est une
autorité. Le Parti libéral du Québec en est une autre. Des décisions
seront prises entre les deux sans que la majorité n’y change quoi que ce
soit. Ces faits ne sont pas des accidents ou le fait de la « méchanceté ».
Mettre en commun autant de ressources et de décisions rend ces choix
confus, et donc incontrôlables par la majorité. Cela permet aux
minorités organisées d’en abuser.
La social-démocratie présente l’État moderne, celui qui dure depuis les
années 1960, comme une organisation de charité ou une sorte de famille qui
ne pense pas à l’argent, mais qui veille au besoin de tous.
En réalité, l’État est une entreprise comme les autres, au même titre
que Wal-Mart ou McDonalds. La seule chose qui la distingue, c’est
qu’elle peut utiliser la force pour décider qui a le droit de nous
offrir un service et comment nous devons lui payer en taxes. Ceux qui
font fonctionner ces services pensent d’abord à eux. Ils sont comme tout
le monde. Ce n’est pas un problème en soi, c’est la nature humaine.
Cependant, ils possèdent deux pouvoirs que le reste de la société n’a
pas: 1) Nous ne pouvons leur refuser de l’argent; et 2) la loi empêche
d’entrer en concurrence avec eux. Ainsi, si vous avez une meilleure idée
pour enseigner aux jeunes, vous n’avez pas le droit de la proposer aux
familles. Ces contraintes rendent la social-démocratie nuisible.
Pour payer des services, l’État doit inévitablement prendre des
ressources quelque part. Beaucoup de gens pensent pouvoir les prendre
uniquement chez les riches. Le problème, c’est que la grande majorité
des ressources disponibles dans la société servent à tout le monde. Oubliez
les statistiques confuses et regardez autour de vous ce que les gens
font concrètement. À qui ça sert? À tout le monde. L’employé de
restaurant sert ceux qui y vont. L’ouvrier d’une usine de voitures
travaille pour tous ceux qui les conduisent. Celui qui travaille sur une
ferme permet aux gens de se nourrir. L’État ne peut donc prendre que les
ressources qui servent à tout le monde! Le seul chiffre qui m’apparaît
important, c’est que plus de 40 % de ce que nous produisons est contrôlé
par l’État. C’est énorme!
Le libre marché est une meilleure manière de répondre à nos besoins
Si je pense que la social-démocratie est nuisible, c’est aussi parce que
je crois en l’existence d’un meilleur système: le libre marché. Je vous
rappelle ce que j’entends par là: « Idéalement, une situation où nous
gardons 100% de notre paie. Il n’y a pas de taxes. Personne n’a le droit
de nous prendre notre argent, même le gouvernement. Tout le monde est
libre de nous offrir des services. Nous choisissons nous-mêmes à qui nous
donnons notre argent. »
Cette manière de faire redonne du pouvoir à chacun d’entre nous. Pour
vous l’illustrer, imaginez que vous avez les choix suivants: 1) Vous
magasinez des services avec votre argent en sachant que tous sont libres
de vous les offrir; 2) Des étrangers, qui se prétendent vos amis, vous
prennent de l’argent de force et décident quoi en faire à votre place.
La première situation vous donne manifestement plus de pouvoir
sur ce qui se passe. Vous êtes en position de force face à diverses
institutions pour qu’elles vous offrent la meilleure qualité au meilleur
prix.
Au-delà de ce raisonnement assez simple, la supériorité des marchés sur
la social-démocratie s’observe au quotidien. Même s’il n’y a pas de
liberté parfaite, les lieux de commerces où vous achetez des vêtements,
des appareils électroniques, des souliers ou des loisirs ressemblent
plutôt à l’idéal du libre marché. Or, ils offrent des aubaines et une
vaste gamme de choix. Ils évoluent dans le temps. De nouvelles
affaires y sont apparues depuis 20 ans. C’est vrai même pour les plus
pauvres.
À l’inverse, les lieux gérés par l’État offrent de la frustration, des
taxes et des tarifs en croissance, des services qui n’ont pas beaucoup
changé depuis 1960. Les ponts sont congestionnés. Le système d’éducation nous
force à assister à bon nombre de cours pénibles sans utilité évidente
pour entrer sur le marché du travail. Les hôpitaux font face à
d’importantes files d’attente. Ceux qui y travaillent
exigent toujours plus d’argent, sans nous montrer de résultats qui
correspondent à ces prix plus élevés.
Pour toutes ces raisons, je vous parie que si les lieux gérés par l’État
devenaient des lieux de commerce et que plus personne ne payait
d’impôts, y compris les riches, on observerait une amélioration étonnante
de notre qualité de vie.
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