Seconde partie d'un entretien avec Serge Schweitzer : la
mondialisation capitaliste et la défense morale de la
liberté* |
propos recueillis par Grégoire Canlorbe |
Serge Schweitzer est un économiste français libertarien. Enseignant-chercheur à Aix-Marseille Université,
il dirige la filière « analyse économique » à l’Institut Catholique
d’études supérieures (ICES).
8) En 2006, vous avez écrit un article concernant « le concept de
mondialisation dans l’histoire de la pensée économique ». Pourriez-vous
rappeler succinctement les grandes lignes de votre propos dans cet
article?
Il s’agissait, en quatre temps successifs,
d’expliquer d’abord que la mondialisation était refusée par les
mercantilistes. Ils préconisent alors le protectionnisme. Dans un
deuxième temps, le marxisme ne veut pas seulement refuser la
mondialisation mais la rendre responsable, au XIXème, de la misère du
monde. Ce sera l’une des thèses les plus célèbres de Lénine.
On croit toucher le graal avec le théorème des
coûts comparatifs, chez Ricardo. Mais ce dernier nous entraîne dans une
double erreur d’une ampleur extrême. En nous laissant à penser que ce
sont des nations qui échangent, d’où le terme trompeur d’« échange
international », il masque que ce sont en fait des individus qui
échangent. Le terme « échange international » est à bannir absolument pour
être remplacé par celui d’échange interindividuel. Non content de cette
première énorme erreur conceptuelle, Ricardo déduit que la
spécialisation internationale et la division du travail est au bout du
processus. Mais alors, comment expliquer qu’il y aient 25 pays au monde
qui se partagent plus de 80% des échanges? Près des 3/4 des biens
fabriqués le sont dans les frontières respectives des échangistes
individuels. Cela paraît absurde de produire la même chose ici et
ailleurs! La réponse est donnée par le professeur Jacques Garello, qui
a une formule saisissante, quand il écrit: « La vertu de l’échange,
c’est qu’il est l’occasion de la concurrence. » En effet, quand on
échange les mêmes biens et services, on s’aperçoit alors que ici on est
meilleur, là on est moins bon. La concurrence stimule alors vers
l’excellence la plupart des participants, sous peine de mourir.
Je conclus cet article en expliquant qu’il a
appartenu à Bastiat et Montesquieu de comprendre la véritable grandeur
de l’échange. Rien n’est plus fondamental en l’espèce que les propos de
Montesquieu pour comprendre que la corrélation entre la vigueur du
commerce et la baisse d’intensité de la guerre est en réalité une
causalité. Depuis que la France et la Grande-Bretagne ont signé un
traité de libre-échange en 1860, elles ne se sont plus jamais
affrontées. Depuis que l’Allemagne et la France sont dans un marché
commun, les risques de guerre sont rigoureusement nuls. Mais quand entre
1933 et 1939, le commerce mondial s’effondre de 85% en valeur, dans une
période appelée « le néomercantilisme », la guerre est au bout.
9) Il n’est pas rare d’entendre dire que la
libéralisation des échanges à l’échelle du globe a pour incidence la
réduction de la croissance, l’explosion du chômage et l’accroissement
des inégalités dans les pays dits « développés. »
L’argument généralement invoqué est le suivant:
Dans le contexte de la mondialisation des échanges entre des pays
caractérisés par des niveaux de salaires différents, plus le salaire
minimum (déterminé par les forces du marché ou fixé par la loi) est
élevé dans les pays développés, et plus les importations en provenance
des pays à bas salaires sont favorisées. Ces importations sont certes
compensées en valeur par des exportations. Cependant, la compétition des
travailleurs dans les pays développés avec les pays à bas salaires
détruit nécessairement des emplois, à moins que le patronat ne réussisse
à procéder à une baisse du coût du travail. La balance sociale est
indépendante de la balance commerciale.
La mondialisation des échanges mène soit à une
hausse du chômage, s’il y a rigidité des salaires, soit au nivellement
vers le bas des salaires (et dès lors, à une explosion des inégalités de
revenu), s’il y a flexibilité des salaires. Certes, grâce aux
délocalisations et aux importations en provenance des pays à bas
salaires, les consommateurs peuvent acheter des produits meilleur
marché. En contrepartie de cette baisse des prix, les consommateurs
doivent cependant subir la perte de leur emploi ou la baisse de leurs
salaires. Le jeu n’en vaut pas la chandelle.
Que rétorqueriez-vous à cet argument très en vogue?
Ma réponse me vient d’un économiste
incontestablement très à gauche, mais qui avant d’être à gauche est
d’abord un grand professionnel. Dans son récent ouvrage, Mondialisation
et inégalités, François Bourguignon taille en pièces la thèse de
l’accroissement des inégalités par la mondialisation. Pour le numéro 2
de la Banque Mondiale, statisticien d’envergure, les preuves abondent
que l’écart mondial s’est réduit par l’émergence en moins d’un quart de
siècle de plus d’un milliard d’êtres humains dans les pays d’Asie du Sud-Est, en Chine, en Inde, au Brésil, qui ont atteint le niveau de vie des
pays occidentaux.
Il est vrai, et il le souligne, que dans
certains pays développés, il y a eu un accroissement des écarts de
revenus. Mais outre le fait que toute inégalité n’est pas une injustice,
il n’est en rien démontré que c’est la mondialisation qui est la cause
de ces écarts de revenus grandissants, du moins avant redistribution.
Votre question est l’occasion de souligner deux choses. D’une part,
toute inégalité n’est pas une injustice. Vous devez mesurer environ 1 m
80, et moi 1 m 70. C’est une inégalité, en quoi est-ce une injustice?
Deuxième constatation, ce n’est pas parce que tout le monde croit
quelque chose, que ce quelque chose est vrai. Je vous le répète, la
mondialisation a réduit de façon spectaculaire les écarts de revenu de
par le monde.
10) On argue souvent que la mondialisation
impliquerait une perte du pouvoir du citoyen lambda sur sa vie, celui-ci
pouvant de moins en moins contrôler (indirectement) les flux
économiques, humains et financiers, via l’action des représentants élus
au suffrage universel. Le pouvoir des gouvernements d’agir au nom du
peuple s’éroderait au fur et à mesure que la libéralisation des échanges
gagnerait du terrain. Les vrais décideurs politiques seraient désormais
les grandes firmes capitalistes ainsi que les banques et les sociétés de
notation. Les gouvernements seraient devenus le valet du grand capital
et non plus le serviteur légitime des citoyens, qui sont privés, ce
faisant, de tout pouvoir sur eux-mêmes.
En somme, la mondialisation, argue-t-on, nous vole nos vies.
Que vous
inspire ce discours qui a le vent en poupe?
Quelle bonne nouvelle, que de pouvoir dire que
les marchands ont pris le dessus sur les hommes de l’État et les
guerriers! Quelle est cette farce meurtrière qui consiste à nous faire
regretter le bon temps du XXème siècle, celui de l’effondrement de la
doctrine libérale (et donc celle de la primauté des individus) et de la
victoire des idées étatistes sous les formes les plus variées, du
communisme au national-socialisme, sans oublier les fascismes?! Deux
guerres mondiales, des génocides, des camps de concentration, des
goulags parsemés de quelques « apothéoses » de Mao à Pol-Pot, du colonel
Mengistu à Fidel Castro.
Et vous voulez que je déplore la soi-disant
primauté des marchands? Les plus grands capitalistes du monde peuvent
voir du jour au lendemain leur soi-disant empire s’effondrer, parce que
les consommateurs décident massivement d’aller vers un autre producteur.
Il était une fois la plus grande firme
automobile du monde, General Motors, qui serait morte sans le scandaleux
sauvetage avec l’argent extorqué par la violence au contribuable
américain. Sans cet épisode, cette mythique compagnie n’existerait plus.
Il était une fois l’insolente santé et la
domination sans partage, sur le marché récent de la téléphonie mondiale,
de l’entreprise finlandaise Nokia. En ratant un seul tournant, celui du
marché des Smartphones, vous et moi, et non je ne sais quel complot,
avons mis cette firme géante à genoux. Le cimetière des capitalistes
puissants et dominateurs doit être sans doute le plus peuplé de la
galaxie.
11)
Il est également avancé que la division du
travail mondialisée serait sujette à un risque systémique élevé, dans la
mesure où les changements affectant les conditions dans une partie du
monde sont désormais bien plus fortement susceptibles d’influencer
négativement toutes les autres parties du monde. À cet égard, il est
nécessaire, dit-on, de mettre en œuvre des institutions étatiques « back
up », en mesure de fournir un bien ou un service si le fournisseur
initial est désormais indisponible en raison d’une perturbation
imprévue.
Quel est votre sentiment sur cette analyse?
Mon sentiment, c’est que justement ce que nous
venons de voir, c'est-à-dire la perte d’influence via la mondialisation des
hommes de l’État sur notre vie, ils tentent de la rattraper en mettant
en œuvre un gouvernement mondial, dont le siège déjà prévu serait aux
Nations Unies, sous le prétexte fallacieux et mensonger suivant: « Notre planète a des ressources limitées. Pour éviter la catastrophe et
survivre plus longtemps, c’est à l’échelle mondiale qu’il faut
s’organiser. » Les hommes de l’État tentent de reprendre de l’autre main
ce qu’ils ont abandonné de la première.
Vous dîtes que les mauvaises conjonctures ici se
répandent plus aisément par l’interpénétration des économies. Mais si
vous avez raison, et tel est le cas, pourquoi ne dîtes-vous pas que les
bonnes conjonctures vont elles aussi, alors, se transmettre rapidement
dans l’ensemble des territoires interpénétrés? C’est l’occasion de dire
que le social-démocrate est un pessimiste, qui n’aime pas l’ordre du
monde, qui voit toujours le verre à moitié vide. Le libéral, par nature,
est heureux, sinon il voudrait faire la révolution! Il voit toujours le
verre à moitié plein.
Le socialisme, c’est le système qui veut donc que
les riches deviennent pauvres – et il y a fort bien réussi – afin que
tout le monde soit dans l’égalité. Certes, l’égalité dans la pauvreté,
mais c’est bien puisque tout le monde est égal.
Le capitalisme, c’est le système qui désire que chacun non pas soit riche
– nous ne pouvons tous réussir –, mais puisse avoir l’opportunité
d’accéder à la richesse. Ce que M. Piketty oublie de dire dans son
ouvrage pseudo-savant, parce que truffé de chiffres, c’est que d’une
génération à l’autre, en économie de marché, la structure de la cohorte
des riches change de façon spectaculaire. Les grandes fortunes du XIXème
ont toutes disparu, dans la liste des 100 premières en ce début du
XXIème siècle. Ce qui compte n’est pas l’écart statique à un moment
donné, c’est d’être dans un système dans lequel les riches d’aujourd’hui
sont les pauvres de demain et inversement les pauvres d’aujourd’hui les
riches de demain. Mais toutes à ses « bourdieuseries », M. Piketty imagine que tout est stratification. Et dans son ouvrage,
il a oublié de regarder une seule donnée: quelle est la composition de
la cohorte des riches au fil du temps? Il est social-démocrate et à ce
titre, il raisonne en statique. Moi qui suis libéral, je raisonne en
dynamique.
12) L’économiste péruvien Hernando de Soto, dans son
best-seller Le Mystère du capital, a pointé l’existence d’une limite
sérieuse aux bienfaits de la mondialisation, en montrant qu’en l’absence
d’une codification effective de la propriété privée dans les pays du
Tiers-Monde, le capital des petites gens était condamné à rester du « capital mort », faute d’être reconnu par un système légal universel.
Dans ces conditions, la mondialisation
participerait, selon de Soto, exclusivement à une élite minoritaire, qui
s’enrichirait tandis que le reste de la population croupirait dans la
misère.
Compte tenu de votre formation de juriste et
d’économiste et de votre attachement au droit de propriété, je suppute
que vous partagez certainement de grandes affinités avec l’analyse de
Hernando de Soto. Mais peut-être avez-vous des points de divergence?
Quel regard portez-vous sur cette thèse?
La thèse de Hernando de Soto est juste à
l’instant, fausse demain. Ce qu’on appelle le Tiers-Monde, là encore,
n’est pas éternellement condamné à vivre dans la violence des régimes
qui violent la propriété privée. Dit autrement, l’Afrique n’est en rien
condamnée à demeurer dans la pauvreté. Elle adoptera un jour, par
mimétisme, les bonnes institutions qui toujours et partout ont fait la
richesse des nations.
Peut-être ignorez-vous certaines statistiques
que Douglas North rappelle encore et toujours. Elles sont tellement
saisissantes que le lecteur voudra sans doute les contrôler. En 1950, le
revenu par tête est plus élevé en Afrique qu’en Asie. Certains pays
asiatiques ont adopté, dès les années 1950, les institutions du marché:
la ville-État de Singapour, la Malaisie, Hong-Kong, Taïwan, la Corée du
Sud. D’autres, en Asie, et presque partout en Afrique, vont être
attirées irrésistiblement vers la propriété publique des moyens de
production, l’étatisation, le protectionnisme, le refus du marché,
l’absence de prix libre, la chasse aux entrepreneurs.
Soixante-dix ans après, les commentaires ne sont pas
nécessaires sur les résultats des deux cohortes évoquées. Dit autrement,
rien n’est jamais irréversible en économie. Hernando de Soto occulte la
nouvelle génération d’étudiants africains qui apprennent dans certaines
universités, surtout aux États-Unis, les vertus de la liberté.
13) Un lieu commun de la philosophie morale,
remontant au moins à Épicure, consiste à affirmer que certains besoins
humains seraient naturels et essentiels et d’autres, artificiels et
vains. Les besoins naturels, c'est-à-dire innés à notre condition d’êtres
humains, procureraient une satisfaction authentique, un plaisir
véritable. Les besoins artificiels, c'est-à-dire contractés au cours de notre
vie sociale, seraient le fruit de notre imagination, ils n’auraient pas
de consistance propre; nous nous convaincrions de l’existence de ces
besoins en réalité fictifs. À en croire les tenants de pareille
dichotomie entre besoins naturels et besoins artificiels, pourvoir à nos
besoins artificiels n’apporterait aucune satisfaction véritable; le
plaisir que procure leur assouvissement serait illusoire.
Le même état d’esprit a fait le lit d’une critique virulente de la
mondialisation capitaliste. Selon cette critique, le libre arbitre du
consommateur, garanti par la loi, se traduirait dans la pratique
concrète du consommateur non par un choix souverain, mais par une
aliénation mentale. Les médias et l’industrie de la publicité nous
imposeraient de faux besoins, des besoins artificiels, l’envie de
produits ou services qui seraient en réalité impropres à nous procurer
un plaisir véritable. La mondialisation ferait de nous, partout où le
capitalisme étend sa sphère d’influence, des esclaves du grand capital.
Que vous inspire cette critique morale envers l’économie de marché
mondialisée?
D’une part, personne ne saurait décider, sauf
coercition, ni de la nature, ni de la hiérarchie des besoins que nous
éprouvons. Car si, comme dans la pyramide de Maslow, chacun éprouvait à
peu près les mêmes besoins dans le même ordre et dans la même intensité,
comment expliquer la constatation quotidienne de l’extraordinaire
diversité des goûts. Un des articles les plus stimulants de toute
l’analyse économique auquel sur ce point nous nous permettons de
renvoyer est l’article conjointement signé par deux Nobel, Gary Becker et
George Stigler, dans l’AER (The American Economic Review), en
1977, intitulé « De
Gustibus Non Est Disputandum ».
Quant à la question fondamentale de besoins
artificiellement dopés par une habile publicité, nous faisant consommer
des choses inutiles par des moyens déloyaux et subliminaux: s’il est si
aisé de manipuler le consommateur, comment expliquer qu’un produit sur
deux ne dépasse pas un an sur les linéaires de nos magasins? Mais,
dira-t-on, les plus grosses entreprises ont les moyens d’une persuasion
par bourrage de crâne. Comment expliquer, alors, parmi les plus grandes
firmes, les quatre échecs successifs de diversification de Coca dans les
sodas? Comment expliquer que la tablette de Microsoft obtienne des
ventes bien pâles? Comment expliquer que Renault ait pris « un bouillon » historique avec la Vel Satis? Comment se fait-il que Peugeot ait vite
cessé la production de 1007? Pour une démonstration plus complète, on
lira avec intérêt l’ouvrage intitulé Les cent plus grands flops.
Ceci est vrai dans tous les domaines. Jean-Marie
Bigard a monté, il y a un an, une pièce de théâtre qui a dû être arrêtée
après dix représentations. Walt Disney a quelques moyens financiers pour
lancer ses films, comment expliquer deux échecs récents retentissants?
Inversement, Les Choristes ou Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain sont des
exemples cités partout de films à tout petit budget publicitaire. Leur
seule publicité a été la plus imparable de toutes: les gens qui avaient
vu le film le conseillaient aux autres.
Permettez-moi, cher Monsieur, d’ajouter un tout
dernier mot. La thématique des besoins sociaux a été sur ce terme exact
centrale dans la définition que la planification à la Soviétique a voulu
donner à la question « Que produire? » qui détermine la réponse à deux
autres questions « Comment produire? » et « Pour qui produire? ». On
sait avec quel succès les peuples en question ont eu satisfaction quand
une autorité centrale établit pour cinq ans les besoins supposés des
consommateurs.
14) Un point de vue en vogue à propos de la mondialisation consiste à
affirmer que celle-ci serait responsable d’une hausse du stress au
travail, compte tenu des exigences accrues de compétitivité auxquelles
les entreprises doivent faire face. Vous avez récemment écrit un article
traitant du stress au travail, dans lequel vous arguez qu’il s’agit là d’un « faux
concept » et d’une « mode passagère ». Pourriez-vous en toucher quelques
mots?
Faire semblant de découvrir que dès qu’il y a
relation de pouvoir, il peut y avoir des injustices et des comportements
condamnables, comportements qui peuvent traumatiser les subordonnés,
montre la banalité d’une époque. Les médias se font l’écho de cette
découverte « sensationnelle »: dès que des individus sont en relation,
il y a des comportements justes et d’autres injustes. Ceux, victimes
d’attitudes injustes voire odieuses, se mettent donc à voir leur degré
d’angoisse augmenter et leur aversion au travail devenir une obsession
qui peut les conduire à des comportements extrêmes. Constatation
renversante: si l’une des deux parties se conduit mal, l’autre en subit
les conséquences. Mais, c’est peut-être aller trop vite en besogne de ne
penser qu’à la hiérarchie et à l’employeur. En France, en 2012, tous les
travaux sérieux établissent que le corps le plus touché par l’angoisse
du travail est celui des enseignants de collège et de lycée. Or
l’employeur est bienveillant, puisqu’il s’agit des hommes de l’État… On
voit ici la preuve du propos précédent. C’est la conduite de l’autre
partie qui introduit le stress et non un environnement
économico-juridique qui serait marqué par des conditions d’exploitation.
Ceux dont les attitudes dépriment les éducateurs ne sont pas des
salariés exploités mais des individus qui évincent les relations
pacifiques au profit de la violence.
Un autre exemple: chaque soir
plusieurs millions d’individus en France sont stressés à l’idée de
retrouver leur chez eux dans lequel règne une atmosphère d’hostilité,
voire de violence. Or, il n’y a pas de conditions d’exploitation stricto
sensu. Il se déduit de ce qui précède qu’il n’y a pas un stress qui
serait spécifique, le stress au travail. Il existe sans aucun doute,
mais il est le fruit, non pas de structures spécifiques à l’entreprise, mais
de rapports de domination de certains qui se conduisent de façon injuste
par rapport à d’autres. On ne parle guère de stress dans l’Église ou de
stress dans les associations de pêcheurs à la ligne. Si l’on parle tant
du stress dans l’entreprise, l’arrière-plan idéologique et politique
n’échappe à personne. Si l’on refuse d’être dupe des intentions de ceux
qui véhiculent cette idéologie du stress au travail, on reconnaîtra
aisément que si l’exemple de l’entreprise attire la focalisation des
medias, c’est qu’il est fort intéressant politiquement de montrer jusqu’où
peut aller l’exploitation et jusqu’où peut conduire la domination des
faibles par les forts, des petits par les gros, des salariés par les
patrons. On comprend donc aisément le parti que l’on peut tirer d’une
présentation en choisissant ce biais.
|
« Quand il fallait lutter jour
et nuit pour ne pas mourir, seuls les privilégiés pouvaient
s’adonner aux plaisirs de l’esprit et de l’esthétique. Le
capitalisme a affranchi même les plus pauvres du risque
d’une famine mortelle. Il a permis aux plus humbles d’avoir
du temps libre pour aller aux expositions ou pour pratiquer
l’introspection. » |
Les propos supra n’ont pas nié des situations
d’injustice scandaleuses. Certains hiérarchiques, systématiquement les
plus médiocres, profitent d’une parcelle de pouvoir pour exercer sur les
autres une virilité qui par ailleurs leur fait défaut. Ces situations
existent. Elles ne disparaîtront jamais. Tous ceux qui mettent l’espoir
dans une judiciarisation de ces comportements font pourtant fausse
route. Car à côté de quelques situations totalement objectives quant à
la qualification des faits, le stress est largement affaire subjective.
Face au même travail et à la même hiérarchie, l’un stresse, l’autre pas.
Par quel procédé un juge va-t-il apprécier le degré de stress que subit
quelqu’un?
Au total, et finalement, il y a une excellente
stratégie contre le stress. Le meilleur procédé pour réduire les
attitudes condamnables est d’introduire partout de la concurrence.
Imaginons une entreprise sous la dictature de petits chefs. Ils font
régner une ambiance déplorable. Croit-on qu’en retour les salariés vont
se comporter de telle façon qu’ils vont produire le meilleur bien au
prix le plus bas? Face à des résultats forcément médiocres, le
titulaire des droits de propriété n’a qu’une solution: évincer la
hiérarchie qui provoque des désincitations. Quelle est cette idée
saugrenue qui consiste à imaginer qu’une entreprise se porte bien à
moyen et à long terme en provoquant systématiquement le stress des
salariés qui évidemment alors se démotivent? Quant à l’idée saugrenue
du « management par le stress », on laissera ce genre de propositions
aux institutions qui prétendent faire de la gestion hors du cadre
scientifique académique universitaire.
15) Il est courant d’évaluer les vices et mérites de la liberté à
l’égard du « bien commun », de « l’intérêt général » ou du « bonheur du plus
grand nombre ». Dans un article récent, vous fustigez le concept même de
l’intérêt général. Pourriez-vous revenir à ce sujet?
Qu’est-ce qui justifie de prendre parti pour la liberté, sur le plan
moral, si ce n’est pas au nom de l’intérêt général?
La question est l’une des plus complexes des
sciences humaines. À l’appui de l’idée que « l’intérêt général » existe,
on peut avancer deux arguments. D’une part, la violence consubstantielle
à la nature de l’être humain nous impose de séparer les antagonistes par
un arbitre neutre. Je n’apprends rien à vos lecteurs, c’est le fameux « homo homini lupus » de Hobbes.
Mais un autre argument peut s’avancer. Un
élément circonstanciel s’ajoute à l’élément structurel: c’est que si,
en l’état de nature, l’abondance régnait, chacun aurait tout dans les
quantités et qualités désirées. Cela émousserait la violence des
violents. Mais tel n’est pas le cas, puisqu’il y a rareté. Ce qui
explique que nous pouvons nous disputer pour un bien rare ou envahir le
territoire de l’autre.
À ces premiers arguments en faveur de l’intérêt
général, de nature philosophico-politique, on peut adjoindre un argument
des économistes. Cet argument est très connu. Quand le marché fonctionne
de lui-même, il peut provoquer des défaillances, c'est-à-dire des effets
simultanément inattendus et non souhaitables. Ce sont les fameuses
externalités chez Pigou. Pour rétablir un état de bien-être, il faut
taxer ou réglementer ou interdire ou dire que l’un a raison et l’autre a
tort.
Ces deux arguments sont puissants et ce sont les
seuls qui dès le cursus scolaire nous sont sans cesse répétés pour
justifier l’intérêt général au-dessus des intérêts particuliers. Qui
peut représenter l’intérêt général, sinon l’État? « Circulez, il n’y a
rien à voir! » Et pourtant, ces deux arguments sont très loin d’être
irréfutables.
On nous dit que nous avons passé un contrat
social dans lequel nous abandonnons une partie de nos libertés pour
permettre à un arbitre supérieur de trancher. Le problème, c’est que ni
vous ni moi n’avons jamais signé explicitement ou implicitement ce
fameux contrat, si souvent répété que la vertu espérée de cette
répétition est de nous éviter absolument de jamais réfléchir à cette
question. Pourquoi? En imaginant même l’idée absurde d’un contrat
social signé dans le passé, serais-je engagé, moi, individu du XXIème
siècle? En naissant, nous transférerions et abandonnerions quelque
chose aux hommes de l’État? Jusqu’à éventuellement notre vie?
Ce point n’est pas rhétorique. Au sortir du
XXème siècle, dois-je mourir pour la patrie? Est-ce le sort le plus
beau? Mais la France est au-dessus de nous… Fadaises! L’argument du
nationalisme est la justification trouvée par les hommes de l’État pour
justifier les guerres qu’ils provoquent et les lignes fantomatiques
qu’on nomme « frontières ». Les serial killers jouent vraiment petit
bras! Parlez-moi, s’il vous plaît, d’Alexandre le Grand, de
Robespierre, de Napoléon, de Joseph Staline, d’Adolf Hitler, de
Mussolini, de Pol-Pot! Ça, ce sont des tueurs en série! Le seul
problème, c’est que tous et les autres, au-delà d’idées différentes, ont
tous, de l’Antiquité à nos jours, un point commun: ils sont tous des
hommes de l’État.
Très bien, mais quid de l’argument de Pigou sur
les défaillances du marché? Les économistes le savent: Ronald Coase a
résolu brillamment la question en démontrant que le contrat entre deux
personnes, pourvu que les droits de propriété soient correctement
définis, fait toujours émerger la solution qui maximise l’utilité.
Peut-on faire remarquer encore deux choses?
D’une part, quand l’État intervient pour rétablir une situation qu’il
espère supérieure en termes de bien-être, il y a dans tous les cas un
gagnant et un perdant. Soit c’est le pollueur, soit c’est le pollué, au
nom par exemple des 3 000 emplois de cette usine. Dans la solution de
Coase, les deux parties signant un contrat, sans qu’il n’y ait eu aucune
violence, les deux parties sont gagnantes, sinon elles n’auraient pas
signé. Mais en outre, peut-on aussi attirer l’attention sur le fait
suivant: même s’il y met la meilleure volonté, et pense agir au nom de
l’intérêt général, le bureaucrate exprime toujours une préférence qui
est sa préférence. Ce n’est pas un procès d’intention mais en donnant
raison, par exemple, à l’usine qui pollue, au nom de l’emploi, ou à la
société de pêche, qui subit en aval la pollution, au nom de la
préférence pour l’écologie au détriment de l’emploi, le bureaucrate
n’exprime pas l’intérêt général mais sa préférence.
Mais dira-t-on encore, l’intérêt général est évident! Mais alors,
comment se fait-il qu’avec une bonne foi totale, et l’usine et la
société de pêche estiment que nettement, elles représentent l’intérêt
général, soit parce qu’il faudrait sauver les emplois, soit parce qu’il
serait mieux de sauver des poissons?
Et nous voilà rendu au dernier argument.
Admettons que l’intérêt général existe, comment le faire apparaître et
surgir? Le paradoxe de Condorcet et le théorème d’impossibilité d’Arrow
démontrent, sans aucune réfutation possible, l’impossibilité, en
agrégeant les utilités individuelles, de faire surgir, sans
contestation, l’intérêt général. Alors comment s’y prennent les hommes
de l’État pour définir l’intérêt général? C’est la théorie du public choice qui y répond: dans une rationalité parfaite, les entrepreneurs
politiques prennent toutes leurs décisions en fonction d’une part du
nombre de voix espérées et d’autre part des mécontents de cette mesure,
c'est-à-dire des voix potentiellement perdues. Je ne dis nullement que les
entrepreneurs politiques sont des monstres. Comme vous, comme moi, et
comme chacun de nos lecteurs, ce sont des individus capables d’évaluer,
d’imaginer demain et de prendre les décisions qui maximisent leur
utilité, en fonction de leur souhait. Et le souhait de l’entrepreneur
politique, c’est évidemment d’être élu ou d’être réélu.
Il se déduit de tout ce qui précède donc que la
liberté ne peut se justifier au nom de l’intérêt général puisque ce
concept est une création totalement hors sol et artificielle. Ma
liberté se défend pour elle-même car si je ne suis pas libre de mes
actes, comment distinguer entre les bonnes actions et les mauvaises, les
bonnes décisions et les mauvaises, les bons comportements et les
mauvais, les vertus et les vices? La liberté est consubstantielle à la
nature dont l’être humain a été doté. Donc, de même que j’ai le droit et
le devoir de défendre ma vie, j’ai donc le droit et le devoir de
défendre ma liberté.
16)
De nos jours, il n’est pas rare d’entendre
dire que la philosophie libérale ou tout du moins la société libérale,
c'est-à-dire où le droit en vigueur est conforme aux exigences de la philosophie
libérale, serait intrinsèquement matérialiste. Ce point de vue était
déjà celui de Tocqueville, qui estimait que la société libre (la « démocratie » dans le langage de Tocqueville) était, de par sa nature,
propice aux mœurs matérialistes; et Tocqueville, à l’instar de nombreux
contempteurs, de nos jours, de la société libérale, voyait en ces mœurs
matérialistes un vice de l’âme humaine, susceptible de faire perdre aux
individus le goût de l’association et in fine le sentiment de vivre en
communauté. Je cite Tocqueville:
Ce goût particulier que
les hommes des siècles démocratiques (i.e. caractérisés par l’égale
liberté des individus) conçoivent pour les jouissances matérielles n’est
point naturellement opposé à l’ordre; au contraire, il a souvent besoin
de l’ordre pour se satisfaire. Il n’est pas non plus ennemi de la
régularité des mœurs; car les bonnes mœurs sont utiles à la
tranquillité publique et favorisent l’industrie. […] Ce que je reproche
à l’égalité, ce n’est pas d’entraîner les hommes à la poursuite des
jouissances défendues; c’est de les absorber entièrement dans la
recherche des jouissances permises. Ainsi, il pourrait bien s’établir
dans le monde une sorte de matérialisme honnête qui ne corromprait pas
les âmes, mais qui les amollirait et finirait par détendre sans bruit
tous leurs ressorts. (De la Démocratie en Amérique, Tome II, deuxième
partie, chapitre 11.)
Selon Tocqueville, ce « matérialisme honnête »
amoindrit le lien social, en ce sens que les individus perdent le goût
de s’associer aussi bien dans « la vie ordinaire » que dans la vie
politique: on constate le déclin non seulement de l’association
politique (au sein des partis), mais de l’association dans la vie de tous
les jours. L’individu se replie sur sa famille et sur ses amis. En
termes contemporains, le matérialisme est intrinsèque à la société
libérale et l’atomisation de la société est la conséquence naturelle du
matérialisme et partant un trait constitutif de la société libérale. Que
penser, selon vous, de cette analyse développée par Tocqueville? Est-ce
un reproche valable à l’endroit de la société libérale?
Rien n’est plus faux que ce propos, même si Tocqueville est un génie, ce
qui, bien-sûr, n’est pas, ô combien, mon cas. Tocqueville a tort sur les
deux dimensions. D’une part, on ne peut commencer à se cultiver, à
discuter de la hiérarchie entre Baudelaire et Verlaine, Gauguin et Van
Gogh, Mozart et Händel, Rodin et Carpeaux, lorsque ventre affamé n’a
plus famine. En résolvant majestueusement la question qui obsédait
Malthus et bien d’autres, c'est-à-dire le rapport entre les subsistances et la
population, en faisant en sorte que désormais les biens et services
augmentent beaucoup plus vite que la population, le capitalisme, au
XIXème siècle, pour la première fois dans l’Histoire de l’humanité, a
écarté définitivement dans les pays à économie de marché l’ajustement
qui se faisait entre les subsistances et la population par les grandes
famines. Ce qui se produit est tout le contraire de ce que Tocqueville
dit. C’est une erreur de clamer que jamais le matérialisme n’a été aussi
prégnant. C’est tout le contraire, la place prise par l’éducation, la
culture, la santé, le tourisme, les loisirs, est plus importante de nos
jours qu’à toute autre époque de l’humanité.
Quand il fallait lutter
jour et nuit pour ne pas mourir, seuls les privilégiés pouvaient
s’adonner aux plaisirs de l’esprit et de l’esthétique. Le capitalisme a
affranchi même les plus pauvres du risque d’une famine mortelle. Il a
permis aux plus humbles d’avoir du temps libre pour aller aux
expositions ou pour pratiquer l’introspection. Au XIXème siècle,
croyez-vous que le soir, en rentrant de la mine, on se détendait en
regardant « Secrets d’Histoire » ou que, abruti de fatigue, on dormait pour
le lendemain reprendre une journée harassante?
Le pays qui soi-disant serait le temple du
matérialisme, ce sont évidemment les États-Unis. Les États-Unis, que
connaissait si bien Tocqueville. Mais alors, comment expliquez-vous que
le taux de la pratique religieuse régulière soit le plus élevé du monde,
au-dessus même de l’Inde? La richesse ne tue pas l’aspiration à une vie
spirituelle. Elle permet au contraire de s’y consacrer pour ceux qui le
veulent.
Quant au repliement de l’individu sur lui-même,
je conteste totalement cette assertion à la mode. Mon interprétation de
la percée d’internet et des réseaux sociaux est au contraire que,
au-delà évidemment des débordements individuels, l’intensité de nos
connections et de nos relations s’amplifie comme jamais. Je vais vous
prendre un véritable exemple. Avant internet, quelle chance avais-je
d’être en relation avec un Afghan admirateur de l’œuvre de Hayek?
Intellectuellement, je pouvais m’imaginer cette hypothèse, mais
concrètement, comment savoir où est cet individu et comment correspondre
avec lui? En me portant sur la toile, il se signale, se met en
accordance avec moi et nous dialoguons. L’un des plus vieux et des plus
terribles déterminismes depuis le début des hommes, celui d’être né
quelque part, est en voie d’être vaincu et contourné. Quant à ceux qui
qualifient de sottise ce qui se dit entre copains et copines sur Facebook, je les laisse à l’idée qu’il y aurait des échanges hautement
sophistiqués, les leurs, et les fadaises d’adolescents. Entre Aragon et
Eluard, écrivant stricto sensu leur vénération pour Staline, et
Jean-Paul Sartre, son admiration pour les terroristes, je préfère de
beaucoup les légèretés échangées sur Facebook, qui elles n’ont jamais
tué personne. Les idées fausses tuent. Mein Kampf a tué 55 millions
d’êtres humains. Le Livre noir du Communisme nous apprend qu’au nom des
idées en question, 100 millions d’êtres humains sont morts. Discuter de
« Amour, Gloire et Beauté » ou des « Feux de l’Amour » n’a jamais tué
personne. J’ajoute que lorsqu’on a écrit les choses qu’un Serge July a
pu écrire dans son ouvrage Vers la Guerre civile, ou Jean-François Kahn,
dans son ouvrage commandité à la gloire de Ceausescu, on ferait bien,
pour ces donneurs de leçon, d’y réfléchir à deux fois avant de juger que
tout fout le camp parce que sur les réseaux sociaux, les échanges ne
sont pas toujours au niveau d’Aristote ou de Saint Thomas.
Ces propos que vous citez et qui se veulent
polémiques traduisent seulement le mépris que de pseudo-élites,
autoproclamées, portent sur leur temps. Pour évoquer quelques uns des
grands penseurs contemporains, vous ne trouverez pas une ligne d’un
Raymond Boudon ou d’un Raymond Aron, pour déplorer les propos de ce que
Robespierre inspiré par Voltaire lui-même stricto sensu appelait
« la
populace ». Il ne viendrait pas l’idée à un libéral de penser que les
gens moins dotés font partie de « la populace ».
Seul quelqu’un de gauche peut écrire dans Le
Monde, suite à l’épisode DSK-Sofitel: « Mais est-ce si grave de
trousser une domestique? » La raison la plus profonde de mon
libéralisme, c’est que donnant la liberté à tous, elle récompense les
talents issus non de la naissance mais du travail et du courage. Le
libéralisme, c’est la chance des pauvres. Le socialisme, c’est que rien ne
bouge jamais. Du reste, vos lecteurs doivent savoir que, au XIXème
siècle, personne ne s’y trompait, puisque les libéraux étaient taxés de
« progressistes », voulant remettre en cause, par la concurrence, les
situations acquises, alors que les socialistes étaient tenus et regardés
comme des conservateurs. En se laissant voler les progrès au XXème
siècle, les libéraux ont creusé leur tombe provisoire, ils ne peuvent
s’en prendre qu’à eux-mêmes, au lieu de passer leur temps à imaginer des
complots fantomatiques contre eux.
17) Cher Monsieur, notre entretien touche à sa fin. Aimeriez-vous
ajouter quelques mots?
Je voudrais, mais c’est sans doute un autre
entretien, vous dire que l’espérance qui se lève avec ces cohortes
massives de jeunes libéraux sur les campus, montre que les fruits
tiendront la promesse des fleurs; et somme toute, la seule et unique
chose que quelques-uns d’entre nous pouvons revendiquer, est d’avoir
entretenu une petite flamme qui a pu donner non pas un renouveau du
libéralisme mais une véritable résurrection qui sera un jour un tsunami.
Car après le siècle de l’État, le XXème, le siècle qui vient sera
peut-être celui du retour de la liberté.
L’un de nos maîtres les plus éminents, Pascal
Salin, à la fin de
l’interview que vous lui avez consacrée, dit qu’il a
rarement l’occasion de s’exprimer dans une interview aussi riche.
Permettez-moi, cher Monsieur, dans le sillage de Pascal Salin, de dire
la même chose.
*Entretien d'abord publié le 2 septembre 2014
sur le site de l'Institut Coppet.
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