Montréal,
le 2 mai 1998 |
Numéro
9
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Publié sur la Toile
depuis le 21 février 1998
DIRECTEUR
Martin
Masse
ÉDITEUR
Gilles
Guénette
RECHERCHISTE
Claire
Joly
CHRONIQUEURS
Pierre
Desrochers
Pierre
Lemieux
Brigitte
Pellerin
COLLABORATEUR
Ralph Maddocks
Le
Québécois Libre défend la liberté individuelle,
l'économie de marché et la coopération spontanée
comme fondement des relations sociales.
Il s'oppose
à l'interventionnisme étatique et aux idéologies collectivistes,
de gauche comme de droite, qui visent à enrégimenter les
individus.
Les articles publiés
partagent cette philosophie générale mais les opinions spécifiques
qui y sont exprimées sont la responsabilité de leurs auteurs.
POUR NOUS REJOINDRE
NOTRE PHILOSOPHIE
LIENS
LIBERTARIENS
LA PAGE DU DIRECTEUR
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ÉDITORIAL
DOIT-ON
AVOIR PEUR DE LA MONDIALISATION?
par Martin Masse
À tous les six mois, les réactionnaires gauchistes ou ultra-conservateurs
nous brandissent un autre épouvantail pour prouver que la civilisation
s'en va chez le diable. Un moment c'est le libre-échange, un autre
ce sont les pertes d'emplois causées par les changements technologiques,
plus tard encore c'est la fin de l'universalité des programmes sociaux
qui nous ramèneraient à l'âge de pierre.
Le dernier en date de ces épouvantails est la mondialisation. Il
ne se passe pas une journée sans qu'un savant professeur nous mette
en garde contre ses dangers dans les shows de nationalo-étatistes
à Radio-Canada. Un jeune député est récemment
sorti des Communes avec son siège dans les bras pour sensibiliser
la population à la menace qu'elle laisserait planer sur les pouvoirs
nationaux.
La plupart des gens, y compris les alarmistes, ne sauraient probablement
pas définir précisément de quoi il s'agit. On comprend
que des forces obscures en provenance de l'étranger tentent de nous
manipuler dans un sens contraire à nos intérêts, que
des petits locaux seront victimes des gros internationaux, qu'on perd le
contrôle devant des mouvements qui nous dépassent. Au-delà
de l'ignorance et de la xénophobie qui alimentent cette peur, il
n'y a pourtant absolument rien de nouveau ni de funeste dans ce phénomène.
Rien de nouveau
À la fin du 19e siècle, les échanges commerciaux et
les flux financiers à l'échelle mondiale étaient aussi
importants, toutes proportions gardées, qu'ils le sont aujourd'hui.
Les mouvements de population l'étaient beaucoup plus. N'oublions
pas que le Canada et tout le continent américain ont accueilli des
vagues successives d'immigrants et qu'ils se sont développés
en grande partie grâce à des investissements britanniques
et européens. Tout cela survenait alors que les moyens de communication
et de transport étaient dérisoires en comparaison avec ceux
d'aujourd'hui. Si la croissance récente des échanges mondiaux
semble être une nouveauté, c'est parce qu'elle succède
à une série de guerres, de crises économiques et de
périodes pendant lesquelles des idéologies nationalistes
et protectionnistes ont tenu le haut du pavé.
Les « relocalisations » d'entreprises que l'on
craint tant dans un espace économique mondial qui devient plus fluide
sont, elles aussi, un phénomène qui a toujours existé
et qui est nécessaire. Il est illogique d'accueillir à bras
ouverts, d'un côté, les bienfaits du commerce, des investissements
étrangers chez nous et des technologies plus efficaces que l'on
importe, et de l'autre de réagir de façon hystérique
chaque fois que ces transformations provoquent la fermeture ou le déménagement
d'une vieille usine qui n'est plus assez rentable.
Que les frontières s'ouvrent et que les États nationaux battent
en retraite devant les forces d'un marché plus libre à l'échelle
mondiale ne peut que réjouir ceux qui défendent la liberté
individuelle. Nos pires ennemis sont bien sûr les États et
les cliques qui les contrôlent et s'en servent pour promouvoir leurs
idéologies collectivistes et leur intérêts personnels
sur le dos de tout le monde.
Un accès au monde
Dans un monde plus libre et plus ouvert, les individus profitent des meilleurs
produits et services, de chez eux ou d'ailleurs, au moindre coût;
ils peuvent s'alimenter à diverses sources d'information au lieu
de devoir consommer la propagande des élites locales; ils ont accès
à toute la civilisation humaine au lieu d'être cantonnés
à l'esprit de clocher de leur communauté immédiate.
L'internet joue évidemment un rôle énorme dans ce processus
de mondialisation et ce rôle ira encore en grandissant, au point
de remettre en question des fonctions traditionnellement dévolues
à l'État. Le protectionnisme devient quasi impossible lorsque
la technologie permet de contourner toutes les barrières.
Pour prendre un exemple parmi bien d'autres, le CRTC, l'organisme fédéral
qui réglemente la radiodiffusion et les télécommunications
au Canada, n'a jamais voulu accorder de permis à une station diffusant
de la musique country à Montréal. Quelle importance,
lorsqu'on peut écouter des dizaines de stations country en
Amérique du Nord sur internet? Ou, plus encore, des dizaines de
stations de partout dans le monde, qui offrent tous les styles de musique?
On s'en fout du CRTC!
Les individus ne sont bien sûr obligés à rien dans
ce nouveau contexte, outre les obligations normales du citoyen. Chacun
reste responsable de ses choix. Ceux qui dénoncent la mondialisation
comme vecteur de l'« américanisation »
du monde ou d'une médiocrité qui se généralise
s'attaquent à la mauvaise cible. Une liberté de choix plus
grande permet peut-être à plus d'individus médiocres
d'exprimer leur médiocrité avec les même symboles de
la culture de masse, mais elle ne la cause pas.
La mondialisation mène à tout sauf à l'uniformisation
vers le plus bas commun dénominateur. On lui doit au contraire une
nouvelle ouverture d'esprit chez ceux qui choisissent d'en profiter, des
occasions d'affaires et d'échanges décuplées, de nouvelles
niches qui se créent, une créativité qui peut maintenant
se déployer à une échelle gigantesque. Ceux qui préfèrent
malgré tout rester à l'écart de ce mouvement gardent
cette possibilité, et leur choix sera probablement facilité
dans un monde plus libre où cohabiteront des styles de vie diversifiés.
Ce n'est pas une coïncidence si l'on retrouve surtout des alarmistes
antimondialisation à Radio-Canada, chez les syndicats, les nationalistes
québécois ou canadiens, les téteux de subventions
et autres parasites de la société. Ces gens ont soit peur
de perdre leur contrôle sur des populations locales qu'ils exploitent,
peur de devoir affronter une concurrence venue d'ailleurs qui dévoilera
leurs déficiences, peur de perdre des privilèges dans un
marché où tous seront égaux en droit. Ils défendent
naturellement leurs « acquis », et ne méritent
notre sympathie d'aucune façon. Laissons-les continuer à
jouer les Don Quichotte, le vent de la mondialisation continuera à
souffler de toute manière pour notre plus grand bien à tous. |
Le Québec libre des
nationalo-étatistes
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«
Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes
mains chaque individu, et l'avoir pétri à sa guise, le souverain
étend ses bras sur la société tout entière;
il en couvre la surface d'un réseau de petites règles compliquées,
minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus
originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient faire jour
pour dépasser la foule; il ne brise pas les volontés, mais
il les amollit, les plie et les dirige; il force rarement d'agir, mais
il s'oppose sans cesse à ce qu'on agisse; il ne détruit point,
il empêche de naître; il ne tyrannise point, il gêne,
il comprime, il énerve, il éteint, il hébète,
et il réduit enfin chaque nation à n'être plus qu'un
troupeau d'animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le
berger. »
Alexis de Tocqueville
DE LA DÉMOCRATIE EN AMÉRIQUE
(1840) |
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