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« Les citoyens
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(sondage, décembre
1997)
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LE MARCHÉ LIBRE
TROU DE BEIGNE
par Pierre Desrochers
La journaliste Kathleen Lévesque nous présentait récemment
un portrait racoleur de l'ancien directeur du SPCUM et candidat à
la mairie montréalaise Jacques Duchesneau (Le Devoir, 2 mai
1998). On y apprenait que le « candidat de l'establishment
financier avait fait son lancement modestement au centre Saint-Pierre,
lieu associé aux milieux communautaires et progressistes »
— mais pourquoi donc les chantres de la médiocrité, du misérabilisme
et de l'immobilisme sont-ils toujours qualifiés de «
progressistes » par les médias montréalais?
Ses mots d'ordre sont la décentralisation des services, le leadership
face à Québec, l'assainissement des finances et la fierté
des Montréalais. L'ancien policier a donc repris à son compte
tous les slogans creux que nous rabâchent depuis des années
les « intervenants socio-économiques »
lors des grandes commissions sur l'avenir de la région métropolitaine.
Il réagit d'ailleurs comme le plus borné des gestionnaires
publics lorsqu'on lui parle d'alléger le fardeau fiscal de ses concitoyens:
« Est-ce que je peux promettre une baisse de taxes quand
on est égorgé comme on est là? »
Il ajoute même, en administrateur habitué à voir son
budget revu à la hausse indépendamment du contexte économique
et de la productivité de son service, qu'il faut « trouver
de nouvelles sources de revenus », misant en
fait sur la récupération d'un point de la TVQ sur les produits
consommés à Montréal.
Ramener les banlieusards à Montréal
Une autre des marottes de l'ex-policier est la vieille complainte des maires
de villes mal gérées, ramener les banlieusards dans la ville
centre (contrer l'effet trou de beigne? Il doit s'y connaître!).
À défaut de s'attaquer au niveau exhorbitant des taxes montréalaises,
principale raison du départ de ses ex-concitoyens, il propose plutôt
« d'insuffler la fierté à travers la ville
». Il est vrai que la fierté a fait ses preuves pour
combler les nids de poule, nettoyer les rues et simplifier la vie des citadins...
Le débat est donc ouvert: M. Duchesneau est-il un adepte de la pensée
magique ou se contente-t-il de mépriser notre intelligence?
En fait, le meilleur commentaire que l'on peut adresser sur le sujet à
M. Duchesneau a été écrit il y a près de quarante
ans par la théoricienne urbaine Jane Jacobs:
« À l'heure actuelle, on entend les autorités
municipales débiter des balivernes sur la nécessité
de “rapatrier les classes moyennes dans la ville”, comme si pour faire
partie de celles-ci, il fallait obligatoirement quitter la cité,
acheter une fermette et un barbecue, et acquérir de cette façon
une valeur marchande. Il est vrai que les grandes villes sont en train
de voir partir leurs habitants qui appartiennent aux classes moyennes,
mais elles n'ont pas besoin de les rapatrier et de les protéger
ensuite comme des plantes de serre. Ce sont en effet les villes qui produisent
les classes moyennes. Mais pour les conserver dès qu'elles apparaissent
et en faire un élément de stabilité au sein d'une
population qui se diversifie d'elle-même, il faut considérer
que tous les habitants d'une cité présentent un intérêt
pour celle-ci et valent la peine qu'on les retienne là où
ils se trouvent, sans attendre de les voir devenir membres des classes
moyennes »(1).
Et ce que nous enseigne la relance de plusieurs villes nord-américaines,
c'est que la meilleure façon de revitaliser une ville et ses quartiers
est de laisser assez de marge de manoeuvre aux citoyens pour qu'il puisse
entreprendre des choses sans se faire étouffer par les bureaucraties
municipales.
Montréal n'a pas besoin d'une autre campagne radiophonique pour
mousser la fierté de ses citoyens. Ce qu'il lui faut de toute urgence,
c'est un candidat à la mairie qui aura l'humilité d'aller
apprendre comment les maires d'Indianapolis, Milwaukee, Cleveland et Philadelphie
ont réussi à diminuer le fardeau fiscal de leurs concitoyens
tout en leur offrant des services de meilleure qualité. Et de tous
les candidats à la mairie de Montréal, Jacques Duchesneau
semble être le moins prêt à le faire.
1. La première édition
de The Death and Life of Great American
Cities
de Jane Jacobs (Random House), ouvrage
malheureusement
négligé dans nos départements d'études
urbaines
et touristiques et dans nos facultés d'aménagement,
date
de 1961 et est encore facilement
disponible. La traduction
française
de Claire Parin-Senemaud date de 1991
(Pierre
Mardaga Éditeur), mais est cinq
fois plus dispendieuse.
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