Montréal, le 6 juin 1998
Numéro 13
 
(page 5) 
 
 
  page précédente 
            Vos commentaires           
 
 
 
 
 
 
COUP D'OEIL SUR L'ACTUALITÉ
 
 
       Les libéraux du Québec ont facilement conservé le comté d'Argenteuil, anciennement celui de leur chef Claude Ryan, lors d'une élection partielle. Le gagnant, David Whissell, a obtenu 56% des voix, contre le PQ avec 38% et l'ADQ avec 6%. Le vote adéquiste est trois fois moins élevé qu'aux dernières élections alors qu'un candidat vedette, le maire de Mirabel Hubert Meilleur, défendait les couleurs du parti.  
  
  
*****
   
   
     La Cour suprême du Canada a déclaré anticonstitutionnelle une loi qui interdit la publication ou la diffusion de résultats de sondages pendant les trois jours qui précèdent une élection fédérale. Selon la Cour, il s'agit d'une restriction injustifiée de la liberté d'expression. Le règlement avait supposément pour but de garantir une période de réflexion à l'électeur au cours de la fin de semaine avant le vote, qui se tient en général un lundi. Selon le juge Michel Bastarache, il s'agit d'une mesure paternaliste qui traite les votants comme des enfants plutôt que comme des adultes capables de se faire leur propre opinion.  
    
  
*****
   
  
     Lors d'un colloque d'une association de fonctionnaires, le président du Conseil du Trésor fédéral, Marcel Massé, a dit craindre que les gouvernements perdent contact avec les citoyens ordinaires en accordent trop d'attention aux demandes des lobbys et des groupes de pression. Huh! D'où est-ce qu'il sort celui-là? Les gouvernements ont depuis longtemps perdu contact avec les citoyens ordinaires!  
   
   
*****
   
   
     On prévoit que le gouvernement américain accumulera des surplus budgétaires prévus de un trillion (mille milliards) de dollars au cours des cinq prochaines années. Certains républicains craignent que ces montants ne soient gaspillés si le président et le Congrès ne s'entendent pas au plus vite sur un plan. Le représentant Bill Archer a déclaré que « si on ne retourne pas ces surplus à la population, je crains que les politiciens à Washington ne les utilisent pour créer de nouveaux programmes et accroître les dépenses du gouvernement ».  
   
     
*****
   
  
     Le vérificateur général de la Ville de Montréal, Guy Lefebvre, a dénoncé ce qu'il considère comme les pratiques de comptabilité  « pourries » de la Ville, son système informatique dépassé et sa façon plutôt relâchée de contrôler ses contrats pour la réparation des routes. Pour les contribuables montréalais, toutes ces lacunes se traduisent par le gaspillage de millions de dollars.   

   

*****
   
   
     Des députés du Bloc québécois ont déclaré que leur parti pourrait rester en place même à la suite d'une défaite du Parti québécois aux prochaines élections provinciales prévues d'ici un an. Ils continueraient à défendre les intérêts du Québec à Ottawa et à promouvoir le séparatisme, jusqu'à ce que le PQ soit réélu et qu'un autre référendum ait lieu. On se souviendra qu'avant le référendum de 1995, les bloquistes prétendaient qu'ils quitteraient la politique à la suite d'une défaite de leurs alliés provinciaux.  

   

*****
   
   
     Selon le commissaire à l'information, John Grace, le gouvernement fédéral continue à trop s'entourer de secret, au mépris de la Loi d'accès à l'information adoptée il y a une quinzaine d'années. De tous les organismes gouvernementaux, ceux qui présentent la pire performance sont la Défense nationale, Revenu Canada et Citoyenneté et Immigration Canada.  
   
  
*****
   
   
     Mercredi dernier, le Ottawa Citizen a publié en page Opinion une version anglaise de l'éditorial sur l'affaire David Levine qui paraissait dans la dernière édition du QL.  
  
  
  
 
 
 
 
 
 
 
 
NOUVELLES BRÈVES
 
 
 
BARRY GOLDWATER, 1909-1998
 
          Barry Goldwater, ex-candidat républicain à la présidence des États-Unis et considéré comme le fondateur du mouvement conservateur contemporain, est décédé la semaine dernière à l'âge de 89 ans. Ce politicien de l'Arizona avait affronté le démocrate Lyndon Johnson en 1964 et connu l'une des défaites les plus spectaculaires de l'histoire politique américaine. Sa campagne avait toutefois galvanisé l'aile plus radicale du Parti républicain, un parti contrôlé depuis des décennies par l'élite riche, modérée et bien-pensante du Nord-Est et qui n'avait opposé aucune résistance à la montée de l'interventionnisme étatique, quand il n'y avait pas lui-même contribué.  
 
          Dans un pamphlet publié en 1960 et qui a connu un succès fulgurant, The Conscience of a Conservative, Goldwater avait mis de l'avant des positions franchement libertariennes: « Mon but n'est pas de passer des lois, mais plutôt d'en abolir. Ce n'est pas de mettre en place de nouveaux programmes, mais d'en éliminer des vieux qui contreviennent à la Constitution ». Certaines de ses propositions considérées comme marginales à l'époque, comme les bons scolaires (school vouchers), la taxe à taux unique (flat tax), ou la privatisation des pensions, sont aujourd'hui des idées à la mode. 
 
          Cette élection de 1964 a aussi lancé la carrière de Ronald Reagan et initié un mouvement de radicalisation du parti républicain qui se poursuit, avec des hauts et des bas, jusqu'à aujourd'hui. Goldwater, qui était plus un libertarien qu'un conservateur, n'a toutefois jamais apprécié l'emprise grandissante des traditionnalistes religieux sur le parti. Un homme qui n'avait pas la langue dans sa poche, il avait dit du gourou influent de la Moral Majority, Jerry Falwell, qu'il méritait « un bon coup de pied au cul » 
(Globe & Mail, U.S. News) 
 
 
 


 
 
 
PIT-BILL SÈME LA PAGAILLE 
 
 
          Le chroniqueur militant William Johnson a été élu à la tête du lobby anglophone Alliance Québec. Il l'a emporté de justesse contre la candidate dite « modérée », Constance Middleton-Hope. M. Johnson a également réussi à faire voter par les délégués les principes qu'il souhaite défendre, notamment la reconnaissance du bilinguisme officiel au Québec, la liberté pour tous les parents de choisir la langue d'enseignement de leurs enfants, et le droit pour les régions fédéralistes de rester au sein du Canada si le Québec se sépare.  
 
          L'organisme sort toutefois très divisé de ce congrès. Les « modérés » gardent le contrôle de l'exécutif et du conseil d'administration. Des associations anglophones régionales ont déjà annoncé leur retrait de l'Alliance, considérant les positions du nouveau président trop radicales et axées sur la confrontation avec la majorité francophone. M. Johnson a annoncé qu'il allait immédiatement contester devant les tribunaux la validité des lois linguistiques du Québec. 
 
          Alliance Québec reçoit plus de 900 000 $ en subventions du gouvernement fédéral, un montant qui constitue la majeure partie de son budget. Bill Johnson proposera toutefois à l'exécutif de mettre sur pied un fonds spécial formé de donations pour éviter qu'on l'accuse d'utiliser de l'argent fédéral pour contester les lois du Québec. 
(The Gazette) 

 
 



 
 
 
 LE MASQUE FRANÇAIS 
DE MONTRÉAL
  
 
          Le premier ministre du Québec s'est défendu de promouvoir le bilinguisme de Montréal lors d'un voyage aux États-Unis où il a vanté les qualités de la ville pour les investisseurs, notamment le fait que sa main-d'oeuvre était la plus bilingue en Amérique du Nord. En entrevue à l'émission Québec Plein Écran à Radio-Québec, Lucien Bouchard a affirmé qu'il y avait eu un malentendu, que ce n'était pas ce qu'il avait voulu dire.  
 
          « Je ne voudrais pas que Montréal soit une ville au visage bilingue. Nous voulons cependant que les gens, autant que possible, puissent parler l'anglais. On ne peut pas vivre en Amérique du Nord, prétendre jouer un rôle, exporter nos produits et se confiner dans une seule langue; il faut pouvoir parler l'anglais. » 
 
          Bref, il faut être bilingue, mais il ne faut pas que ça paraisse. Il faut faire semblant d'être juste français, pas contaminé par cette langue étrangère, mais bien la connaître malgré tout pour faire de l'argent. Il faut faire porter un masque à Montréal qui ne reflète pas sa réalité. Il faut être hypocrite et prétendre être ce qu'on n'est pas. Et il faut surtout être FIER d'être francophone! 
 
  
  


 
 
 
CHINAGATE
 
 
          Bill Clinton est de nouveau plongé dans une controverse compliquée qui met en cause son intégrité. Selon des révélations ces dernières semaines, le Parti démocrate aurait reçu 100 000 $ en contributions illégales de hauts gradés de l'armée chinoise pour les élections de 1996. Vers la même période, le président aurait approuvé la vente de matériel et d'expertise technologiques par deux compagnies américaines, Loral et Hugues Electronics, à China Aerospace International, une société d'État chinoise faisant partie du complexe militaro-industriel du pays. Il s'agit d'une technologie hautement sophistiquée permettant d'accroître la précision des missiles pour le lancement de satellites, mais aussi de bombes. Le transfert de ce type de technologie est normalement interdit. 
 
          Par ailleurs, il s'avère que le président de Loral, Bernard Schwartz, a été le plus important donateur aux campagnes de 1994 et 1996 pour le Parti démocrate. Les républicains accusent ainsi Bill Clinton d'avoir compromis la sécurité des États-Unis en échange de contributions financières à son parti. La technologie en question pourrait en effet permettre à la Chine de raffiner ses missiles balistiques pointés vers l'Amérique du Nord. Le président doit visiter la Chine dans les prochains jours et la controverse prend de l'ampleur. 
 
 
 


 
 
 
MINISTERUS PARLEPOURRIENUS
  
 
          La Semaine nationale des transports se déroulait du 1er au 7 juin sous le thème « Les transports: ressource nationale ». Au Québec, le ministre des Transports Jacques Brassard a expliqué lorsqu'il en a fait l'annonce que « cette semaine veut nous rappeler que les transports sont une composante essentielle de chacun des aspects de la vie » (il fallait bien un ministre et une Semaine de gaspillage de fonds publics pour nous le rappeler).  
 
          Ce thème est illustré par l'homo transportus (le petit frère de l'homo nidepoulus), qui veut non seulement représenter tous les aspects des transports, mais aussi rendre compte de ses nombreuses utilisations. 
 
          Selon le communiqué de presse, le ministre a insisté sur le rôle névralgique des transports comme facteur de développement économique, rappelant que « les réseaux de transports créent non seulement des liens entre les citoyens, mais aussi entre le Québec et l'extérieur favorisant l'ouverture de nouveaux marchés pour nos entreprises. » (Heille, c'est pratique ces routes-là!). 
  
  
  
 
sommaire
 PRÉSENT NUMÉRO
page suivante