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On présente tout bonnement le jeu-questionnaire comme un outil de réflexion et on précise qu'il mesure vos perceptions. Faut-il en rire, donc? Anodines, ces questions? Pas dans la mesure où elles témoignent de l'existence d'un véritable fondamentalisme linguistique au Québec. Nous sommes loin de la simple expression d'une fierté par ailleurs tout à fait légitime, fierté qui peut se manifester autrement que ne semblent se l'imaginer les concepteurs du jeu-questionnaire. Fondamentalisme... à la québécoise Les fondamentalistes de la langue ne se satisfont pas d'une loi linguistique répressive qui nous est présentée comme un geste sain d'affirmation et d'émancipation de la part des francophones. Ils semblent également rêver d'une société dans laquelle les individus se comporteront en petits missionnaires zélés porteurs de la bonne nouvelle, en personnes francisantes. Ils imaginent des citoyens vertueux qui pourchassent et refoulent toute expression de l'infidèle (la langue anglaise), respectent à la lettre les commandements de l'OLF, travaillent religieusement à améliorer leur connaissance de la langue telle que dictée par des bureaucrates, et surtout ne s'adressent aux anglophones et aux immigrants qu'en français. Ne souhaitant pas salir l'image du Québec à l'étranger, je désire tout de suite apporter au lecteur les précisions suivantes: la Charte de la langue française ne fait pas l'unanimité dans cette province, et plusieurs sont convaincus que la loi 101 nous divise et contribue à donner au Québec une réputation de société intolérante. Plusieurs croient même que cette loi, appliquée de façon Ce point de vue ne devrait-il pas, à tout le moins, faire l'objet d'un débat? En ce moment, remettre en question la pertinence, ou même la nature, de la réglementation linguistique québécoise relève de l'hérésie. Les francophones qui s'y risquent sont qualifiés de traîtres, d'assimilés, ou alors de pauvres inconscients. Dénoncer le fondamentalisme linguistique qui s'exprime impunément au Québec, c'est risquer l'excommunication, c'est risquer l'exclusion de la tribu. Et pourtant, les intégristes vous répéteront avec conviction que nous vivons dans une société tolérante, moderne et ouverte sur le monde. Il y a plus inquiétant encore. De trop nombreux fondamentalistes utilisent le français comme pivot d'une idéologie nationaliste revancharde et démagogique. Pour eux, la langue constitue LE véhicule principal de LA culture du Québec, comme s'il n'en existait qu'une seule. On s'arroge alors sans broncher le droit de parler au nom d'un Derrière ce discours, on le constate facilement, il y a plus qu'un simple désir de protéger le français de la compétition que pourrait lui faire l'anglais. Nous sommes en présence de manoeuvres politiques visant à imposer à une population des valeurs, par ailleurs mal définies, dont on prétend qu'elles sont inéluctablement associées à une langue et à l'histoire d'un groupe ethnique. Les fondamentalistes du français aspirent à faire du
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