Montréal, le 20 juin 1998
Numéro 14
 
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COUP D'OEIL SUR L'ACTUALITÉ
 
 
       Le ministre du Revenu national, Herb Dhaliwal, a déposé un projet de loi qui transformera Revenu Canada en une superagence fédérale de perception des impôts et des douanes. L'idée, a-t-il expliqué, est d'offrir de meilleurs services aux citoyens et aux provinces, d'avoir une meilleure mainmise sur la gestion du personnel et de simplifier l'administration fiscale. Comme on le sait, plus les bureaucraties sont grosses, plus elles offrent de bons services, plus elles gèrent efficacement et plus leur fonctionnement est simple!  
  
  
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     La Nouvelle-Écosse a adopté unanimement la Déclaration de Calgary, devenant la neuvième province à le faire. Au Québec, Lucien Bouchard a quant à lui clôturé une commission parlementaire bidon sur le sujet en déclarant sur un ton péremptoire que la Déclaration est morte.  
    
 
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     Le gouvernement péquiste a été embarassé par la révélation des coûts faramineux d'une conférence de presse à Churchill Falls pour annoncer une entente entre le Québec et Terre-Neuve sur le développement hydroélectrique. Cet événement, qui a d'ailleurs tourné en queue de poisson à cause d'une manifestation par des Innus, a coûté 1,4 million $. Le premier ministre était lui-même intervenu pour qu'Hydro-Québec accorde ce contrat à son ancien attaché de presse Luc Lavoie, maintenant vice-président de la firme de relations publiques National. 
  
 
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     Ottawa a finalement cédé aux pressions des divisions canadiennes de Ford, Chrysler, GM et Volvo et du syndicat des Travailleurs canadiens de l'automobile. Il n'éliminera pas un tarif de 6.7% sur les véhicules importés de l'extérieur de l'Amérique du Nord. Les consommateurs canadiens devront donc continuer à payer plus cher les voitures japonaises et européennes pour protéger les compagnies nord-américaines. Le président de Toyota Canada a annoncé que des projets d'investissements au pays sont remis en question par cette décision.  

   

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     Les députés fédéraux se sont accordés à l'unanimité une hausse de salaire de 2% par année pendant quatre ans. Pour éviter d'avoir à enregistrer leur vote en se levant un à un aux Communes et ainsi voir leurs noms associés à la loi, les députés l'ont adoptée en bloc grâce à une procédure extraordinaire. Les réformistes n'ont pas levé le petit doigt pour s'y opposer, eux qui ont fait des privilèges des politiciens un de leurs chevaux de bataille ces dernières années. 
   
  
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     Notre chroniqueur Pierre Lemieux et deux de ses collègues économistes, Jean-Luc Migué et Filip Palda, ont comparu à la commission parlementaire chargée d'étudier le projet de loi antitabac du ministre de la Santé Jean Rochon. Leur témoignage contre cette nouvelle chasse aux sorcières a eu un écho retentissant dans la presse mondiale, comme le prouve cette manchette de l'édition en français du quotidien du Vatican... 
  
  
  
 
 
 
 
 
 
 
NOUVELLES BRÈVES
 
 
 
FIN DU MONOPOLE 
D'HYDRO-ONTARIO
 
          Le gouvernement ontarien a déposé un projet de loi qui brisera le monopole que détient Hydro-Ontario sur le marché de l'électricité dans la province depuis 1906. La société d'État sera brisée en trois corporations publiques: l'une sera chargée de produire de l'électricité et entrera en compétition avec des centrales privées; la seconde s'occupera du réseau de distribution; et la troisième sera une sorte d'intermédiaire entre les clients et les producteurs et devra s'assurer d'un accès égal de tous au marché.  
 
          L'Association des producteurs indépendants d'électricité, qui lutte depuis longtemps pour une telle ouverture du marché, a applaudi à l'initiative du gouvernement. On s'attend à ce que cette compétition accrue amène une diminution des prix de l'électricité. L'Alberta a déposé un projet de loi similaire en mars. 
 
          Pendant ce temps, dans la belle province, la décision du gouvernement de construire la ligne Hertel-Des Cantons sans consultation et au mépris de la population affectée continue de susciter la controverse. Hydro-Québec a dû s'excuser pour avoir défriché et causé des dommages à la propriété de la famille Carrier-Lalonde sans son autorisation dans le cadre des travaux d'arpentage. Mais dans cette province, les citoyens ne sont bien sûr que des locataires sur une terre qui appartient au gouvernement et à la société d'État. Comme l'a dit le ministre de l'Énergie Guy Chevrette, « Ce n'est pas vrai qu'on va permettre à quelques centaines de personnes de s'amuser au détriment de 3,5 millions de leurs concitoyens, même si elles ont effectivement des droits » 
(Ottawa Citizen, PC) 
 
 


  
 
 
MONTÉE DU FASCISME ANTITABAC
 
 
          Le projet de loi antitabac du ministre Rochon a finalement été adopté à l'unanimité à l'Assemblée provinciale. Pour voir ce qui s'en vient ici, on peut prendre l'exemple de l'Ontario qui est « en avance » sur le Québec à cet égard et a notamment adopté une loi régissant la vente du tabac en 1994.  
 
          On apprend en effet qu'à Windsor, une mère vient d’être reconnue coupable d’avoir acheté deux paquets de cigarettes pour son fils de 18 ans. En vertu de la loi ontarienne, qui exige d’avoir 19 ans pour acheter du tabac, une sentence suspendue a été imposée à cette femme, de sorte qu’elle n’aura pas à payer une amende.  
 
          Un responsable des services de santé locaux, Paul Jarman, a souligné que cette condamnation constitue un avertissement clair: « Beaucoup de parents achètent des cigarettes pour leurs enfants, c’est un crime ». M. Jarman est une des personnes qui voient à l’application de la loi en Ontario: « Je les ai vus devant le magasin, la mère est entrée, a acheté deux paquets, est ressortie et les a remis à son fils ». L’inspecteur Jarman s’est alors approché et a décerné à la mère une note d’infraction. La fautive aurait pu dès ce moment payer l’amende, soit 180 $, mais elle a décidé d’aller en cour, plaidant que l’adolescent devait en fait remettre à son père l’objet du délit. 
 
          Par ailleurs, après plusieurs semaines de débat et de rebondissements, le Congrès américain a rejeté un projet de loi antitabac qui aurait eu pour effet d'augmenter les taxes de 1.10 $ sur chaque paquet de cigarettes, de réglementer les ingrédients et de financer toute une gamme de programmes de recherche, de « sensibilisation » aux dangers de la consommation du tabac, etc. Ces taxes auraient généré plus de 500 milliards de dollars au cours des 25 prochaines années. La loi a été dénoncée par ses opposants comme une autre tentative de hausser les taxes et de payer pour des programmes inefficaces sous prétexte de s'occuper de la santé des jeunes. Les démocrates et plusieurs républicains ont promis de revenir à la charge avec un autre projet de loi dès l'automne.    
(Presse Canadienne) 

 
 



 
 
 
JUGEMENT POSITIF AU WISCONSIN 
  
  
          La Cour suprême du Wisconsin a rendu un important jugement qui permettra d'étendre le programme de bons scolaires (school vouchers) dans la ville de Milwaukee, le plus important aux États-Unis. Ce programme permet de privatiser le système d'éducation tout en assurant un accès égal à l'école à tous les enfants. À Milwaukee, 1500 élèves de familles pauvres reçoivent chacun un bon de 5000 $ de l'État pour quitter l'école publique et payer leur éducation dans une école privée. Leurs parents peuvent choisir l'institution de leur choix parmi des écoles privées qui compétitionnent en offrant des programmes éducatifs qui correspondent à leurs attentes. 
 
          La Cour a statué que ces bons, qui proviennent des fonds publics, peuvent être utilisés pour envoyer un enfant dans une école à statut confessionnel sans contrevenir au premier amendement à la Constitution américaine qui garantit la séparation de l'État et de l'Église. Selon les juges, le programme lui-même est neutre dans la mesure où l'argent est donné aux parents, et c'est à eux de décider par la suite du type d'éducation qu'ils souhaitent pour leurs enfants.  
 
          Le jugement constitue une victoire importante pour les partisans de la liberté de choix en éducation, et pourrait permettre à environ 15 000 autres enfants de Milwaukee de quitter les écoles publiques pour étudier dans des écoles privées. « Ceci va non seulement permettre plus de choix, mais aussi plus de compétition entre les écoles publiques et privées », a déclaré le gouverneur républicain du Wisconsin, Tommy Thompson. Tous les syndicats et associations de professeurs de l'État, qui s'opposent évidemment au programme des bons, ont déploré la décision de la cour et affirmé qu'ils iront en appel. 
 
          L'organisme libertarien Institute for Justice (qui offre une analyse du jugement sur son site) considère qu'il s'agit du plus important jugement jusqu'ici dans la lutte pour promouvoir le désengagement de l'État et la liberté de choix en éducation. Il pourrait avoir un impact important sur des cas semblables devant les tribunaux de l'Arizona, de l'Ohio, du Maine et du Vermont. 
(Washington Post) 
 
  
  


 
 
 
ARMAGEDDON
 
 
          Le preacher télévisuel américain Pat Robertson a critiqué la ville d'Orlando en Floride pour avoir permis la tenue de festivités pour les gais et lesbiennes. Selon lui, la pratique généralisée de l'homosexualité risque d'amener sur la ville « des explosions terroristes, des tremblements de terre, des tornades et possiblement un météorite » 
 
          On peut rire de ces conneries, mais l'influence des fondamentalistes religieux au sein du Parti républicain pousse certains de ses leaders à faire des commentaires qui s'en rapprochent.  
 
          Des politiciens comme Trent Lott, le leader de la majorité au Sénat, et Dick Armey, celui de la majorité à la Chambre des représentants, sont généralement considérés comme des membres de l'aile plus libertarienne que traditionnaliste du parti. Le premier a cependant affirmé la semaine dernière que l'homosexualité est un péché et qu'on devrait aider les gais à s'en sortir comme on le fait pour les alcooliques. L'autre a cité des vers de la Bible pour appuyer les dires de son collègue.  
(Boston Globe, Washington Times)   
  
  
 
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